Et voilà, il venait de quitter la sylve immense pour retrouver les belles et claires prairies, il était de retour. Terminé, après un an, il était de nouveau sur les terres de la principauté d’Elesmerr, un pays souverain de petite taille sans le moindre intérêt stratégique. Et l’homme s’en fut sur les sentiers connus et appréciés, il alla d’un pas tranquille croisant les sources nombreuses de cette terre fertile. Des chants émanés de maints oiseaux se laissaient entendre, quel contraste, il avait marché dans de lointaines contrés faites de déserts, de désolations étendues, de montagnes nues et de monts implacables, et voilà qu’aujourd’hui de nouveau, il était chez lui, pays accueillant. Il arriva à une longue route, le long des emblavures, celle-ci serpentait et menait à la ville. Car bientôt il serait à Sapienta, capitale d’Elesmerr et seule véritable cité sur ce petit territoire aussi occupé par des villages épars.
Il rattrapa la route principale, celle-ci était pavée, elle menait à la porte de la cité qu’il voyait enfin, encore une bonne heure et il y serait. Il ne la quittait pas des yeux, les immenses murs protégeant la cité étaient fait de pierres blanches et d’orichalque, un métal aux étranges propriétés, les mages pouvaient aisément renforcer sa résistance à l’aide de leur seule magie, l’orichalque était très réceptif aux forces étranges des sorciers et autres enchanteurs. Il contemplait de loin des maisons et les jardins parfois suspendus, il admirait une fois encore le palais majestueux qui s’élevait bien au-dessus des cercles de Sapienta, château admirablement ouvragé aux tours s’élevant à l’assaut du ciel, les rayons de l’astre solaire se réfléchissaient sur ses tourelles et ses flèches avec un éclat féerique.
La cité, elle, était en forme de cercle, plusieurs cercles. Au centre, se tenait la colline au se trouvait le palais, autour d’elle, un cercle d’eau en premier lieu, puis, un cercle on l’on y trouvait les centres administratifs, les universités et bibliothèque. Venait alors un cercle de verdure, un parc gigantesque ou demeuraient maintes espèces sauvages au milieu des promeneurs qui aimaient venir se reposer en cet endroit. Par la suite, on trouvait trois cercles d’habitation, puis celui des marchés et entrepôts en tout genre, le tout, entrecoupé d’arbres s’élevant majestueusement au dessus des bâtiments divers et variés. De nombreuses sources souterraines venaient alimenter les fontaines de la cité aux larges avenues, tout était clair et propre, non tassé, large, on avait la place.
Elle était née d’un rêve d’un pauvre fou qui reposait en sa terre, un homme qui jadis oeuvra pour la beauté, la sagesse, la connaissance, fondateur d’une dynastie princière méconnue du reste du monde encore et qui dans le fond, ne cherchait pas à l’être. Ici, on inspirait ni à la gloire ni à la puissance, mais à la paix et la connaissance. Il avait repris sa route quand une voix soudaine le fit tressaillir, il eut un faible sourire à la vue d’une jeune femme se dirigeant vers sa personne. Elle avançait avec grâce portant librement ses cheveux de ténèbre puis vint enlacer le jeune homme.
-Mon cher frère, quel bonheur, quel soulagement.
-Ma sœur, ma joie n’aura sans doute jamais d’égal que cet instant. Ils rirent tous deux et partirent vers Sapienta. Ils parlèrent de tout, de rien, le jeune homme évitant à merveille les questions de sa sœur à propos de ses pérégrinations. Il ne faisait que dire :
-Le temps viendra pour les réponses, ne le pressons pas. Bientôt une intense activité les entoura. Certes les marchands venaient pour leurs affaires, mais le peuple de la cité venait au devant de son prince qui était resté absent depuis une année, un temps bien long. Mais le frère et la sœur ne se souciaient guère de l’entourage des êtres, palabrant joyeusement ils étaient maintenant entrés dans la cité aux routes pavées.
-Et comment va père ? Demanda un instant le jeune prince d’Elesmerr.
-Mieux qu’un temps, mais moins bien qu’un autre. Le temps approche … Elle ne termina pas sa phrase mais le garçon avait compris le sens, le léger mieux avant la fin, à moins que les mages guérisseurs aient réussis une improbable guérison. Le mal qui dévorait le souverain était de nature inconnue en ce monde, un mal magique disait-on.
*
Anastase était donc revenu. Après avoir été se baigner dans les bains du palais il alla retrouver les siens à la bibliothèque de l’université. Là bas attendaient Sophia sa sœur, Armond son père et souverain en titre d’Elesmerr, quelques conseillers de confiance.
Dômes s’élevant avec grâce au dessus de la ville. En tout, six dômes, tous reliés autour d’un septième central, bien plus important que les autres. Tous entourés par une allée couverte délimitée par des colonnes de pierres, les dômes enferme un trésor sans égal sur ce monde, une grande partie du savoir des peuples. En de vastes salles éclairées on trouve les archives de l’Elesmerr. Les archives, joyaux des bibliothèques, elles étaient une mine incomparable de savoir, le gardien de la sagesse de cette cité et de son territoire. Bien évidemment le plus gros de l’espace était consacré au rangements des manuscrits et parchemins qui, semblaient ici résister au passage du temps. Même si elles étaient spacieuses, les salles voûtées semblaient étroites par rapport à leur longueur colossale. L’atmosphère y était paisible, semblable à celle d’un lieu de culte, le tout, accentué par une lumière naturelle filtrée par d’immenses vitraux et, réfléchie sur le dallage en pierre polie. De tous côtés se trouvaient des séries de niches profondes, contenant de multiples rayonnages composés en longues rangées de manuscrits mis à la dispositions des chercheurs, érudits, ou simples curieux désireux d’apprendre. De tous côtés, on pouvait aussi y voir les bustes des plus grands sages de cette terre, des sages de toutes races.
Les retrouvailles furent joyeuses entre le père et le fils qui ensuite salua les conseillers selon l’usage en cour dans cette principauté. Puis, on l’invita à débuter son récit, prenant place, le jeune prince s’exécuta :
-Tout commença quand …