Fantôme!

Ils couraient partout dans la rue, une pile de parchemin sous le bras, un marteau et des clous, ils placardaient sur toute les portes une affiche avec un portrait mal dessiné du défunt Griffon de Guardia, avec écris en gros : "Fantôme"

On pouvait lire sous son portrait.

"Citoyens, citoyennes, prenez garde, le fantôme de Griffon de Guardia, ancien intendant des royaumes oubliés, erre près de la capitale, nous vous demandons la plus grande prudence, il peut être dangereux. Nous mettons à votre disposition de quoi vous défendre, venez au quartier populaire, sur la place des marchant et demander Lagen.

Seulement 15 pièces d'or l'amulette en argent."

La panique se faisait ressentir dans la capitale.

Ils couraient partout dans la rue, une pile de parchemins dans les bras, un marteau et des clous, ils placardaient sur toutes les portes une affiche avec un portrait mal dessiné du défunt Griffon de Guardia, avec écrit en gros : "Fantôme"

Quelques uns d'entre eux se retrouvaient livrés à eux-mêmes dans les teneurs sombres d'un quartier endormi, obnubilés qu'ils étaient par leur tâche.

*****

Ftchikkk ! Elles surgissent de nulle part. Les flèches, d'une précision inhumaine terrassent les colporteurs d'affiches qui s'effondrent au sol. Des angles des ruelles d'où proviennent les tirs, elles se révèlent. Les trois ombres en bure prolongée par un capuchon retombant sur leurs yeux, sortent de l'obscurité et fondent avec fulgurance sur leurs proies atteintes d'une mortelle paralysie. Aux derniers soubresauts désespérés se mêlent les cris étouffés. Déjà les lames assoiffées percent la chair et sèment le sang, se repaîtrant cruellement des vies aspirées. Il n'en restent plus que deux. Et le meneur, respectueux de son rang, envoie son coutelas elfique ouvrir la gorge du premier qui ose brandir un poing, raid mort sur le coup, et qui s'affaisse impuissant.

Sur un signe du chef, les deux autres ombres empoignent le dernier plouk, lacèrent sa chair et le plaquent contre un mur, immobilisé. Et c'est un rideau de glace, qui entoure la victime livide, plongée dans un véritable cauchemar. Le meneur lentement s'approche et révèle son visage. Des yeux froids, implacables et brillant de haine l'accueillent. Une douce folie se lit sur son visage lisse et pâle. C'est un elfe, il en possède les fins traits et l'élégance. Seule son expression en fait un infâme démon.

Ses yeux étincellent et sa voix si doucereuse et dangereusement murmurante, perce son âme et le silence en même temps.

Qu'est-ce que ceci gredin ? On essaie d'effrayer les bonnes gens ? D'entacher leurs songes à des fins crapuleuses ?

L'Elfe se penche vers lui et vient susurrer sensuellement à ses oreilles comme pour entamer une certaine intimité entre eux :

Tu mériterais d'être transpercé frêle brebis galeuse !

Je verserais presqu'une larme de ne pouvoir sentir l'odeur âcre de ton sang embaumant l'atmosphère. Mais comment transmettre mon message sinon ? Je n'ai pas d'autres choix que de te laisser la vie.

Tu vas dépeindre la situation à ton maître. Des nouveaux protecteurs de la cité rôdent par ici, libérés de la tutelle sidérante de l'immobilisme et qui ne le laisseront pas enrichir son commerce illégal sur la peur des citoyens.

La Garde ne réagira point car trop atterrée par son enterrement. Mais face à tant de faiblesse nous gagnons à être les porteurs d'une parole nouvelle, qu'il en soit conscient. Va maintenant.

Le colporteur relâché s'enfuit à toutes jambes. La mystérieuse ombre elfique ne perd de temps à le contempler et se tourne vers ses sous-fifres.

Nettoyez moi tout ça.

Ceci fait, sans un mot, ils se dispersent et disparaissent chacun de leur côté.

Un homme progressait lentement en direction de la cour du Doux, il savait qu'il ne pourrait pas passer facilement les gardes, il passa donc par les égouts pour ne pas se faire repérer... Toutes les personnes à qui il s'était présenté avaient fuies à la vue de son visage... Tout le monde le prenait pour un fantôme... Il fallait qu'il éclaircisse le mystère. C'est pour cela qu'à peine sortie des égouts, il se rendit sur la place centrale de la cour et commença à parler. Il avait une voix forte et cristalline. Il parlait vite pour que la garde n'ait pas le temps de réagir.

"Seigneurs et Dame d'Alérandir Daäh, je viens à vous afin de vous prouver à tous que je ne suis pas un fantôme, seulement voila, je me suis réveillé sur une berge un matin, je ne me souviens plus de rien, qui je suis, où je vais..."

Il ôta sa capuche, dévoilant un visage amaigris, mais un visage que tout le monde reconnaissait. Celui de Griffon de Guardia ancien intendant des royaumes oubliés. Au même moment, un bataillon de la garde arriva, ils stoppèrent net, des cris s'élevèrent dans Alérandir Daäh...

La garde ne faisait toujours rien, elle ne savait pas comment réagir face à cet homme qui se tenait face à eux... Pourquoi? En temps normal, ils se seraient jetés sur l'agitateur... Une jeune femme arriva en courant, toute aussi étonnée que les autres personnes, elle prit cependant la parole.

"Sieur Griffon !? Est-ce bien vous !? Comment est-ce possible !? On vous croyez tous mort !"

Alors comme ça il s'appellerait Griffon de Guardia... Il était passé non loin de ce royaume après s'être réveillé, mais il ne s'en était pas approché, des drapeaux noirs étaient hissés sur la plus haute tour, signe de deuil... Son deuil ?

Il regarda autour de lui, l'expression sur le visage des gens était partagée entre la terreur et l'étonnement de le voir, vivant ?

"Sieur Griffon ? Ca expliquerait les mots gravés sur mon glaive... Qui était Griffon ? Que faisait-il ? Où allait-il ?"

L'expression sur le visage de Griffon était indéchiffrable, l'ancien intendant était complètement perdu au fond de lui, ne pas savoir qui vous êtes vous occupe tout l'esprit et vous empêche de penser... Son regard se tourna vers les gardes.

"Et vous, pourquoi n'intervenez-vous pas? J'ai pénétré la cour du Doux sans y être autorisé..."
Il s'apprêta à descendre de l'estrade.

Un groupe de Néphissien se promenait. Depuis plusieurs semaines les troupes des Néphissiens "traînaient" de plus en plus dans Aguératon. Au vu de la mort de Griffon, Malenie était en perpétuelle réflexion. Son procès ne rimait plus à rien, et Aguératon et ses manières l'agaçaient. Mais pour la mémoire de son fiancé elle ne faisait rien.

Plus, depuis qu'un de ses hommes lui avait retranscris ce qu'il avait lu, elle avait intensifié les recherches dans Aguératon... mais rien.

L'habits des Néphissiens étaient en tout point différent de ceux des Aguératonniens, leur couleur très vive, et chaude, leur armes, mais aussi leur taille.

Alors quand les hommes virent Griffon, ils s'approchèrent, et s'inclinèrent en signe de respect. Après tout, selon les rumeurs leur reine avait réellement la volonté de l'épouser.

Ils ne purent pas l'approcher de près pour lui dire ce qu'il y avait. Mais alors, un eut une illumination. Avait il oublié ça ? Dans une langue étrangère pour toute, il s'exprima

"Sire Griffon, c'est ainsi que l'on vous appelle. Vous étiez porté comme mort aux yeux de la population. Venez avec nous, et l'on vous montrera une personne qui saura vous faire retrouver la mémoire, sire Griffon de Guardia, fiancée à Malenie Reine de Néphis, Ancien garde, ancien Capitaine, ancien Général de la Garde Aguératonnienne et Ancien Intendant d'Aguératon."

Le néphissien regardait Griffon. Il faisait ceux pourquoi on l'avait envoyé ici... ceux pourquoi leur reine était encore ici.

Griffon regardait le Nephissien dans les yeux, celui-ci ne parlait pas la langue d'Agueraton, pourtant Griffon comprenait ce dialecte aussi bien que si il s'agissait de sa langue natale. Et que de titre il avait porté... De simple garde, il était devenu intendant des royaumes oubliés et fiancé à une reine étrangère puis il avait été porté disparu, ou plutôt mort...

Il descendit agilement de l'estrade sans faire attention aux autres personnes, il les avait totalement oubliées. Il ne pensait plus qu'a l'étranger qui venait de lui adresser la parole, ainsi qu'à Malenie, reine de Nephis... Qui pouvait-elle bien être pour s'être fiancée à l'intendant des royaumes oubliés... Il s'approcha donc des étranger et dit dans la même langue qu'eux.

"Je ne sais pas qui vous êtes, je ne sais pas ce qu'est Nephis et je ne connais pas la Reine de ce royaume, mais je ne sais pas non plus qui je suis, ce que je suis, mais je comprends votre langue, je ferais donc confiance à un pays que je ne connais pas plus que je ne me connais et je vous suivrai."

Il tendit la main au Nephissien qui lui avait adressé la parole, faisait-on ainsi?

Le Néphissien regarda Griffon descendre. Paradoxalement, les Néphissiens auraient dû être sous son ordre, et là Griffon les suivait en quête d'une chose, d'un souvenir, d'une personne.

Les Néphissiens l'encerclèrent, ils avaient leur main sur la paume de leur épée. Ils formaient un rang autour de la populasse d'Aguératon mais surtout autour des gardes, qui ne laisseraient pas si facilement leur ancien chef partir au main de traitres.
Alors l'homme qui avait parlé reprit la parole :

"Que votre ordre soit accompli" Il fit un geste, et les hommes bougèrent en fonction des pas qu'effectuait Griffon. "Excusez-nous de tout ça, mais vous êtes assez connu ici. Certains vous aiment, d'autres vous détestent, depuis qu'ils ont su pour notre reine, enfin... votre fiancée. Nous ne pouvons nous permettre de vous perdre une deuxième fois..."

Alors que le groupe était en train de partir un Néphissien s'était approché d'un garde :

"Nous ne ferons rien à Griffon. Dites au nouvel Intendant que Griffon est vivant, mais amnésique. Il saura où nous trouver s'il veut le voir."

Le Garde allait le retenir, mais le Néphissien disparut à travers la foule.

Il restait plus que quelques pas à faire. Ils n'avaient pas envie de se battre, mais n'hesiteraient pas à le faire. Après tout, leur reine leur avait ordonné d'obéir à Griffon avant quand celui ci disparaisse.