Il était tard... Trop tard ! Peut-être...
Alérandir Daâh ne ressemblait plus du tout à ce qu'elle avait été. C'était sombre, gigantesque en tous points, grandiose... en effet ! Grandiose ! Pour sûr...
Pourtant, la splendeur architecturale de la ville nouvelle mettait mal à l'aise. Une ombre malsaine planait dans l'atmosphère. C'en était si palpable, que les gens eux mêmes, se méfiaient les uns des autres. Ça commérait à tous coins de rue. Ça se jetait des menaces à la gueule, ça proférait des mensonges, ça criaillait de rage.
Pour construire, ils avaient construit ! Dans la douleur et la désinvolture.
Ils avaient peur... aussi. Une peur démesurée, le regard fou de ceux qui ne savent pas ce que l'avenir, cruel, leur réserve.
Il le savait. Ça l'amusait... Ce sentiment, coupable, l'enivrait. Meilleur que toutes les drogues, une impression de puissance mélangée à leur douleur, leur regard perdu, la peur au ventre.
Sers t'en de leurs gémissements détestables. Misérables ! Ce ne sont que des médiocres. De la pitié ? Pourquoi ? Ils ne la méritent pas, tu le sais bien !
Une douleur à l'épaule vive et soudaine sortit l'Hangrateur de ses pensées, alors qu'il marchait dans les couloirs du Palais. De l'encre se répandit sur ses chaussures et des plumes couvrirent ses pantalons. Il ne vit que des cheveux d'un roux enflammé et ses oreilles d'Elfe perçurent le son de verres toucher le sol.
Sans réfléchir et d'un geste alerte il se baissa et ramassa les lunettes.
Imbécile ! Regarde ce que tu as fait ! fulmina-t-il en désignant les taches d'encre sur ses chaussures.
Brise lui ses lunettes, ça lui fera les pieds à cette emmanchée
C'est ça que tu cherches ? Regarde ce que j'en fais, de tes jumelles !
Il brisa d'une seule main les culs-de-bouteille... Mais au moment où il fit ce geste, immédiatement et sans qu'il sache pourquoi, une fulgurante pointe de regret le traversa d'un point à l'autre de son corps.