Réveil embrumé [RP privé Pendragon - Scyphelys]

La mer était encore basse, les vaguelettes poussées par un léger vent venant de l'horizon commençaient leur ascension de la plage. La nuit arrivait à son terme, l'aube poindrait bientôt, et un soleil timide se lèverait, gagnerait en hardiesse rapidement, pour atteindre son zénith et faire régner sur les environs une chaleur ardente.
Les animaux connaissaient bien ce cycle, qui reprennait chaque matin. Déjà, quelques lézards se pressaient sur le sable froid pour profiter de la fraicheur de ce début de journée. Plus tard, ils retourneraient se terrer à l'abri des arbres qui bordaient la plage, leur offrant un peu d'ombre aux heures torrides.

Une vague vint mourir plus loin que la précédente, et effleura de son écume un pied nu, qui frissonna.
Au delà du pied, une jambe se replia sur elle-même, s'éloignant de la mer montante. Des yeux s'ouvrirent péniblement, une petite main tenta de les frotter, y déposant quelques grains de sable qu'une deuxième main vint essuyer. Alors la jeune fille se redressa. Elle était assise près du front des vagues.
Elle scruta l'horizon, mais ne distinguait rien très clairement, le soleil commençant à peine à chasser la nuit. Elle repéra les arbres à sa droite.
Son esprit était tout embué, elle ne savait pas ce qu'elle faisait en ce lieu, ni comment elle y était parvenue, ni même d'où elle était partie. En réalité, elle ne se rappelait même de rien...
Qui était-elle, elle n'aurait su le dire... Son nom ne lui revenait pas, ainsi que celui de sa contrée natale.
Que lui était-il arrivé ? Tout celà était pour le moins étrange...
Son regard apeuré se posa alors sur son propre corps qu'elle ne reconnaissait pas non plus. Elle n'aurait pas su qu'elle contemplait son visage, si on lui avait présenté son reflet. Elle portait une robe légère, blanche et légèrement bleutée. Ses pieds et ses chevilles étaient nus. A son poignet droit elle portait un bracelet argenté. Sur son bras gauche, près de son épaule, elle aperçut une marque étrange : Un cheval ailé avec une corne sur le front, entouré d'une inscription qu'elle n'arrivait pas à lire.

Elle regarda une fois encore autour d'elle, dans l'espoir de trouver quelque chose qui la renseignerait sur ses origines : un objet, n'importe quoi... C'est alors qu'elle put discerner un bateau au loin. Elle ne l'avait pas vu auparavant en raison de l'obscurité, mais maintenant elle l'apercevait presque nettement.
Etait-ce l'instinct de survie ? Elle se faufilla jusqu'aux arbres et se cacha près d'un buisson, attendant de voir ce qui allait se passer.
Le sable était sec, aussi ses traces vers la végétation étaient invisibles. Quant à celles qu'elle aurait pu laisser sur le sable mouillé, la mer les recouvrait déjà.
Le bateau se rapprochait. A l'évidence, il accosterait non loin de l'endroit où elle s'était réveillée.

L’homme était là, à l’avant de sa poupe, parcourant mers et océans depuis quelques nuits, quant aux petites lueurs du matin, aperçut la douce verdure d’une île. Après quelques marches et un passage dans son bureau, il revînt sur le pont accompagné de sa jumelle, et se mît à observer l’horizon en balayant les deux extrémités de l’île. La brouillard freinant sa perception visuelle, il dût attendre encore quelques minutes avant d’apercevoir quelque chose ou quelqu’un allongé sur la plage. Dans cette brume, on aurait dit un voile déposé ainsi par l’écume des vagues.

Après quelques coups de rames et le brouillard dissipé, il reconnut la silhouette d’une femme, d’une magnifique femme à première vue. Elle bougeait à peine et la lumière qui s’émanait d’elle interloquait le pirate. Il se retourna et indiqua à son second :

Nous allons faire escale sur cette île Strawk ! Faites le nécessaire.

A peine avait-il terminé ces quelques mots, le matelot se retourna et cria à l’équipage :

Vous avez entendu le capitaine, on met les voiles bande de chiens galeux, nous devons mettre pied à terre dans …

Le capitaine n’était plus à l’écoute des paroles de son second, seul la femme qu’il avait remarquée l’intriguait. Il remit sa jumelle en joue, et observa la demoiselle, de toute évidence, elle s’était éveillée, l’arrivée du navire ne la rassurait guère, il la vit donc s’enfuir et le temps d’un instant, Pendragon s’est dit qu’il pourrait ne plus croiser son chemin après sa disparition dans la forêt qui bordait la plage. Les cris de son équipage le sortirent de ses pensées.

Lâchez l’ancre ! Tous aux chaloupes !

Il lui était difficile de ne pas repenser à sa chevelure aux éclats dorés reflétant d’un soleil radieux. Il la cherchait du regard, mais elle avait belle et bien disparue à travers les palmiers qui ornaient la côté.

Il accostait enfin. D’un pas pressé, il s’approcha de la forêt tentant de discerner cette silhouette qui l’avait tant marqué il y a quelques minutes. L’homme eut soudain un effet de recul, si cette femme n’était pas seul, il s’aventurait sur un terrain dangereux. Il recula donc et il demanda à son équipage de monter le campement sur la plage avec une alternance de surveillance aux abords du bois.

Le Soleil atteignait son zénith, et les feuilles laissaient passer quelques rayons de soleil à travers les feuilles de palmier. Quelque chose l’interpella alors, un œil qui l’observait depuis un arbre à quelques centaines de mètres d’ici. En un instant, la personne se mit à courir en parallèle à la côte et le pirate la suivait à la même vitesse. La femme laissait donc apparaitre son visage apeuré à la lisière de la forêt. Pendragon s’approcha mais voyant la femme prendre une position de pitié, il recula d’un pas et regarda avec attention son interlocuteur…

Tandis qu'ils accostaient, la jeune fille s'était reculée d'avantage dans les sous-bois. D'où elle était, elle pouvait observer sans être vue, du moins le pensait-elle.
Elle les regarda ainsi prendre possession de la plage. Son attention s'était portée sur un homme qui tentait de monter une tente, aussi fut-elle très surprise lorsque son regard se détourna, d'apercevoir un autre homme qui la scrutait de loin.
Elle ne demanda pas son reste et commença à courir le plus vite qu'elle put ! Ne voulant pas s'enfoncer plus dans les bois, elle resta relativement près de la côte. L'homme la suivait, courrant sur la plage, et la rattrapait. Ne voyant plus d'issue possible, elle s'arrêta. Il ralentit et s'approcha d'elle lentement.
Elle recula et se plaqua contre un tronc d'arbre, puis détourna la tête en fermant ses yeux. Elle pensait sa dernière heure arrivée.
Les secondes se firent longues... Lorsqu'elle osa un regard dans la direction de l'homme, elle s'aperçut qu'il s'était arrêté, la fixant à quelques pas de là.
Il ne semblait pas avoir d'intention mauvaise, il semblait même vouloir ne pas l'effrayer d'avantage.

La fille se décrispa petit-à-petit. Elle fit un pas prudent vers cet homme. Soudain, un grognement se fit entendre ! Sans doute une bête de la forêt, mais la jeune fille craintive recommmença à courir.
Seulement cette fois-ci, l'homme la prit de court, et s'élançant en même temps qu'elle, la rattrapa en deux enjambées, tendit ses bras dont il entoura la jeune femme, puis ils tombèrent dans les feuilles du sous-bois.
Face à face, ils eurent alors tout le loisir de s'observer.
La demoiselle manquait bien-sûr d'élément de comparaison, mais le visage de cet homme la fascinait. Elle n'aurait su dire s'il était beau ou non, mais le regarder était agréable. Elle s'apaisait. Son coeur reprenait un rythme plus calme.

Qui es-tu ?, lui demanda-t-elle d'une petite voix, ne sachant pas que la convenance aurait voulu qu'elle lui dise vous.

Après l'avoir admirée une dizaine de fois au moins, ces yeux d'un bleu comme les caraïbes n'en avaient jamais vu , l'en avait ensorcelé, ces quelques mots que prononça sa voix si douce ne fut qu'une caresse à son oreille. La présence de ses hommes derrière lui était sortit de l'esprit, il se demanda quand bien même il sortirait de cette embrume qui l'animait. Il hésita à prononcer quelques paroles de peur que ce rêve prenne fin, il était si paisible en ces mondes si néfaste de voir de si belles personnes. Il se demandait d'où elle pouvait bien venir, il avait vagabondé sur toutes les mers, fait escale dans les plus beaux paradis, mais jamais il n'avait rencontré de femmes si radieuses que celle-ci.

il se décida enfin à répondre après une longue minute, d'un air charmé, il répondit :

Je suis Sir Arthur Pendragon, gente demoiselle, un pirate, venant des brumes des mers les moins arpentées de ce monde, j'ai fait escale en ces lieux après vous avoir admirée à prendre votre bain sur cette plage qui vous tourne le dos. Je n'ai jamais vu de personne si ravissante que vous, qui êtes vous donc?

Le seigneur éprouvait au fond de lui un certain stress,, qu'il montrait par un manque de tact. Ce n'était pas la façon dont il souhaitait s'exprimer, mais c'était dit. Il ne revint toujours pas à la réalité, c'est comme si, une bulle s'était formée autour d'eux, les laissant dans un décor paradisiaque et silencieux...

A présent rassurée de savoir que visiblement cet homme ne lui voulait pas de mal, la gente demoiselle - c'était ainsi qu'il l'avait appelée - n'en fut que plus détendue.
Les paroles de l'homme résonnaient dans sa tête... Sir arthur Pendragon... Pirate... Bain ? ... Ravissante...

Elle se dit que de toute manière, seule dans cet endroit inconnu d'elle, ou du moins si elle l'avait connu un jour elle n'en avait gardé aucun souvenir, peu d'alternatives s'offraient à elle.
Elle décida donc de se confier à cet homme, et de lui faire confiance. Après tout à quoi d'autre pouvait-elle se raccrocher désormais ? L'avenir lui apprendrait tôt ou tard si ce choix était le bon.

Elle lui répondit donc avec honnêteté :

En réalité, je ne prennais pas mon bain sur la plage... A vrai dire, je ne sais même pas comment je me suis retrouvée sur cette plage. Mon dernier souvenir remonte à quelques minutes, lors de mon réveil sur le sable. Je n'ai aucune idée de ce que je fais ici, et encore moins de qui je suis.
Il y a juste cette marque indéchiffrable sur mon bras gauche.
Aide-moi s'il-te-plaît...

Cette dernière phrase prononcée sur un ton suppliant en disait long sur le désarroi de la jeune femme. Elle tenta de retenir une larme, mais ses yeux brillaient.
Le pirate s'était redressé, ils étaient assis dans la forêt, près l'un de l'autre.

[i]Le pirate était allongé à ses côtés et sentant l'envie soudaine de l'embrasser par cette ambiance chaleureuse il se remit les idées en place pour réfléchir.
Aide-moi disait-elle avec tant de familiarité. Mais que diable, elle pouvait prétendre me parler ainsi, elle en avait la carrure. Que dire? Que faire? Là était sa question.
Il regardait son bâtiment au loin sur lequel il pouvait lire le nom en arc de cercle sur la coque de bois.

Ce dernier lui fit penser au tatouage de la belle femme qui se trouvait étendue là à ses côtés. du premier coup d'oeil, il regarda l'emblème qui décorait sa peau.
Il était écrit en sens inverse Scy-Phé-Lys...

J'ai la vague impression que tu t'appelles Scyphélis... Mais je ne vois pas en quoi celà va nous être utile, souhaiterais tu que l'on t'emmène dans les lieux connus de ce monde afin de tenter de croiser quelqu'un qui dédaignerai te reconnaitre?

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