Une dernière chance?

Il y avait dans l'air un parfum de heurts et de violence. Le Deuxième Eveillé, frère Obscur de la Cité d'Avallon Lümbe -Thanator- s'empressait de tenir séance à la Cour du Doux. Encadré de deux hommes, certainement des assassins chevronnés, aux allures patibulaires, assurant sans aucun doute sa garde en ces temps de guerre, peu recommandables pour un dirigeant de sa trempe et qui craint toujours plus le meurtre courtisan, que le coup franc d'une épée guerrière.
Cela ne trompe pas, l'Obscur n'est pas en sécurité à la ville. Le surin est partout, car les deux ternes personnages qui l'encadrent ont les yeux rivé sur tout ce qui bouge. Mais, soulagement: l'émissicle est déjà proche. Les deux hommes de main devancent l'Obscur, se placent de chaques cotés des lourdes portes séculaires. Il entre. Vite. C'est l'entrée en scène du Pourpremire, Orateur et Rêteur.

...

Je traverse le seuil de la Grande Salle circulaire. Une des nombreuses salles de la Cour de celui qu'on peut encore à peine nommer "Doux". Mon pas est determiné. Determiné à en finir une bonne fois pour toute avec ceux dont les ragots et autres bassesses nomment, plus à raison qu'à tort "les marchands de tapis".
Il y a dans cette salle une atmosphère survoltée, proche de la frénésie humaine. Je repense aux âffres de la guerre et ce qu'elle engendre sur les hommes, s'ils sont encore des hommes. Serait-ce aussi une des répercussions de la guerre? La plèbe s'abreuverait-elle de cette animosité guerrière qui traverse les frontières? Tant mieux. Elle n'en sera que moins clémente avec nos ennemis, une fois mes griefs dévoilés.
D'un coup, les tambours d'Ashradai -don de l'orc Krom- se mettent à raisonner. Ils ont été menés pour l'occasion jusqu'à la capitale: afin de mettre en scène le jugement des pseudos-juges Akhysiens.

"BOOM-BOOM"

Deux coups. Intenses mais brefs, signal de mon arrivée sur l'estrade.
Je monte, vif et sobre, surprenant toute l'assemblée, elle qui pensait recevoir un vieillard libidineux. Mais, les décennies ne s'effeuillent pas aussi prestemment pour les sang mêlés que pour les hommes. C'en est tout à mon avantage.

"BOOM"

C'est à moi.
Le pachidèrme à forme humaine qui martèle les tambours avec application sur l'estrade nord me signifie par cette raisonnance plus aigue qu'il est temps pour moi de parler

Le silence complet. Délassant pour certain, hostile pour d'autre. Puis....

"Peuple! Tu ne me connais point encore, ou tu as dû ouïr mon nom par certaines rumeurs de ruelles. Je suis le Deuxième Eveillé des Avallon Lümbe, frère Obscur et j'ai autrefois marqué ces terres sous le nom de Thanator de Pourpremire. "

Encore le silence, plus profond. Les regards... rivés sur l'estrade.

- Je viens representer ici l'Autorité de ma Guilde, en l'absence de Notre Guide, le Nébuleux. Je viens chercher par le collet ces infâmes qui nous ont poussé à la vilenie de la guerre, je viens juger les juges d'Akhys. Ceux même qui s'errigeaient en modèles pour notre monde tout entier, ceux qui voulaient juger traîtres, maraudeurs et autres mauribonds d'une société encore trop ancrée dans le Chaos.
Mais, encore une fois la véritable Justice, la Justice des Obscurs a triomphé par sa Grandeur et sa Force. Pour ne relater que ces uniques faits de guerre, cela fait plusieurs lunes déjà que la Cité Obscure remporte avec un succès sans conteste les batailles contre les pseudos armées akhysiennes, les écrasant tour à tour. Et, d'après les comptes officiels tenus par notre Omnipotent Hangrateur, les batiments ravagés, le bois carbonnisé et les forêts en flamme, s'accumulent plus d'un coté que de l'autre des ornières.

Je coupe le discours ici, laissant la réflexion libre à l'assistance.

- Mais, où est la Guerre?!!
Où est la guerre que nos ennemis nous avaient promis?
Où est la Grande Guerre que la Cité D'Akhys avait prévue forte de sa destruction des derniers remparts de l'honorable Rïnde Naïne?
Où est la guerre quand nos soldats partent aux champs de batailles, laissant femmes et enfants, et reviennent couverts de sang, un sang qui n'est pas le leur?
Où est la guerre quand, dans les retranchements ennemis ce n'est que discorde et désorganisation qui règne?

Le silence a fait place à un brouahaha fort; je dois frapper une dernière fois, comme le guerrier achève son ennemi. Pour les Akhysiens ce sera la destruction ou l'allégeance complète aux preceptes du Nébuleux.

"BOOM"

La même raisonnance aigue. Je dois poursuivre, m'adresser à la Cité d'Akhys.

- Ainsi, c'est au nom de la Cité Obscure même que je propose, aujourd'hui, la rédition pure et simple des "forces" akhysiennes. Pour que le sang cesse de couler. Pour que votre peuple prenne enfin conscience de la démence qui le vérolait. Mais, ne vous méprennez pas, chiens d'Akhys, cela ne vous lavera pas de toutes vos ignominies! C'est le serment d'allégeance de vos plus hauts dignitaires à Notre Justice, à la main de Notre Guide, que nous attendons.

Et d'une voix omnisciente, comme venue de l'au-delà, je conclus dans :

"RESISTEZ ET MOURREZ!"

Les cris, les éclats de voix. Des heurts dans l'assistance. La frénésie, elle était bien présente depuis mon arrivée...

"BOOM-BOOM-BOOM"

Fin de l'acte un...

Le seigneur Androméde entra enfin dans la salle d'audience où le seigneur Thanator devais attendre, si ce n'étais lui un de ses sous-fifres.
Avallon Lümbe attendais sans aucun doute une réponse claire à leur ultime proposition de paix.
Il traversa toute la salle sereinement et vint se placer face au seigneur Thanator afin de délivrer la réponse de la cité d'Ahkys. Il entama d'une voix claire et audible :

- Seigneur Thanator, vous serez sans doute heureux d'apprendre que la cité d'Ahkys se rends à vos conditions sans tergiverser.

Il laissa passer la satisfaction bruyante de l'assistance, puis ajouta :

- Toutefois sachez que c'est mon dernier acte en tant que membre de la cité d'Ahkys, dés lors je ne fais plus partie de la guilde.
Sur ces mots il quitta la salle.

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