Les pensées d'un guerrier anonyme:
Les larmes provenant des cieux déferlaient sur nos visages attristés par le sort qui allait nous être réservé. La ligne avait été érigée, les instructions furent distribuées, les lames furent mise à nues. La plaine était vaste, les quelques corbeaux présents à la cime des arbres contemplaient la scène, l'un d'eux prit son envol, c'était l'impatience typique d'un charognard. J'observais mes compagnons, l'impuissance et la résignation avait atteint leur âme. Leurs façades, autrefois émerveillées par le bonheur de vivre n'étaient plus, au contraire la peur de la mort avait conquis leur esprit. Bientôt l'assaut allait débuter et à ce moment-là, la faucheuse allait apparaître afin d'assouvir ses besoins morbides.
Mes yeux s'illuminèrent lorsque mes songes du passé vinrent ensoleiller cette sombre journée. Mais lorsque ma rêverie se termina à ce jour fatidique, je repris conscience que mon futur était incertain. Des questions sans réponse prirent place au sein de mon être, je réfléchissais tant bien que mal, sans doute avec une détermination à la hauteur de ma volonté de vivre. Néanmoins, ces interrogations restèrent sans solution. Un murmure se fit entendre, c'était ma voix désireuse de briser ce silence harmonieux. Pourquoi suis-je ici? Pourquoi dois-je obéir à la volonté de quelques hommes? Et surtout pourquoi devons-nous combattre pour les idéologies d'une minorité?
Ma place ne doit-elle pas être auprès de ma famille? Je repensais à ma femme et mes deux filles. Les trésors de ma vie d'homme se trouvaient à des milliers de lieux. Un instant nostalgique se propagea en moi. Il se termina lorsque le son grave du cor de guerre fit son apparition. Mes jambes se déplacèrent instinctivement, l'endoctrinement de nos généraux s'avérait être efficace. Nous voilà à présent confronté à nos fins probables. La chance allait déterminer si ma vie méritait d'acquérir l'absolution des flèches hostiles. L'une d'elle pénétra mon abdomen, je la saisis machinalement, ma vue se troubla, mon cœur cessa sa folle cavalcade qui était il y a encore quelques secondes sous l'emprise de l'adrénaline. Je sentais mon essence vitale s'échapper, je ne pouvais rien faire, par réflexe je me mis à prier. Je ne croyais pas au pouvoir de mes dieux, néanmoins j'espérais, l'espoir était le dernier recours de chaque être arrivant au terme de son existence.
Ma respiration se mit à ralentir irrémédiablement, mes membres devinrent lourds, ma peau était blanche comme neige. Mon dernier souffle arriva et ma dernière pensée fût:
Pourquoi les hommes suivent la volonté de quelques fous?
Eldor de kalys, à l'article de la mort.