A la recherche du passé...

C'est à l'écart de la capitale que se tenait ce royaume. Entourée d'une forêt, des habitations étaient construites. Si on observait cet amas de pierre pendant une journée, on pouvait voir des hommes habillés de vert tourner, comme s'ils faisaient des rondes. Des hommes aussi, habillés étrangement et étant largement plus grand que les Aguératonniens.

Quand on s'approchait un peu plus, le sentiment qui était né se confirmer. Ce royaume cachait bel et bien quelques choses. Mais quoi ? ou plutôt qui ?

En effet, c'était ici que la reine de Néphis était incarcérée, en attendant la fin de son procès. Elle était là pour plusieurs raisons : alors qu'habituellement les procès finissaient rapidement celui-ci durait depuis plusieurs mois. Malenie s'était mise dans la tête de faire regretter à ses geoliers l'inconfort de la prison, et chantait à tue tête et en aguératonnien (cf Un inhabituel combat) toute la nuit empêchant et les gardes et les prisonniers de dormir. De plus, elle était toujours Journaliste, et se devait de produire des écrits régulièrement. Enfin étant reine d'un pays, ils manifestaient des égards dû à sa fonction (et ils avaient aussi peut-être peur des représailles).

Elle pouvait parler à ses hommes quand elle voulait, et elle ne s'en privait pas surtout depuis quelques temps où une rumeur courait sur la dite non mort de son fiancé. En plus de cela, elle se tenait au courant de ce qui se passait dans son pays, et malgré la distance ne manquait pas de le diriger avec l'aide bien entendu de Kash' chef en son absence.

Malenie était dans le salon, en train d'écrire des missives en direction de Néphis quand il y eut de l'agitation. Peu après des gardes qui la surveillait, des Néphissiens entrèrent dans la salle. Malenie se leva, son visage durci. En effet, depuis la mort de celui qu'elle aimait, elle n'avait plus souri sincèrement, affectant des émotions factices histoire de tromper l'ennemi.

Elle ne vit pas au début l'objet de tous ces bruits, mais le salon où elle était se remplit bien vite, étrangement vite.
Un Néphissien s'avança vers sa reine, et s'inclina en signe de respect, les autres l'imitèrent. La reine ne broncha pas, en se baissant, ils avaient laissé entrevoir l'homme. L'homme que tout le monde croyait mort.

De l'étonnement sur son visage put se lire, mais aussi du bonheur. Elle sourit. Bien que sourire n'était pas devenu pour elle un automatisme, elle arrivait à le contrôler et à la faire au bon moment.

Sa joie s'éteint bien vite, quand elle comprit que l'homme qu'elle avait devant elle, ne la connaissait pas. Comment cela se faisait-il ?

Le Néphissien le plus gradé, comprit que s'il n'expliquait pas de suite ce qui se passait, sa vie risquait bien être compromise. Alors il lui expliqua. Comment ils l'avaient trouvé, ce que Griffon avait dit, et la décision qu'ils avaient prises.

Malenie, pendant toute l'explication, regardait Griffon. Elle essayait de ne faire transparaitre aucune émotion, et cela marchait sûrement pour ses hommes et les gardes, mais elle savait que Griffon, même inconsciemment, lisait en elle.

Et sans détacher les yeux de son fiancé, elle parla en Néphissien :
"Tu as bien fait. Sortez maintenant !" Elle avait parlé d'une voix calme, mais ses hommes partirent de suite, comme si menacé de leur vie. Enfin elle détourna ses yeux et regarda tour à tour les gardes présents.

"Sortez-vous aussi !" Là, elle s'était exprimée beaucoup plus froidement. Un garde s'exprima : "Nous ne pouvons pas.
- Que vous puissiez ou non m'interesse guère. J'aimerai m'entretenir seule à seule avec mon fiancé.
- Votre fiancé est notre ex intendant. Nous devons savoir ce qu'il lui est arrivé.
- Il est amnésique, vous ne tirez rien de lui. En plus comme vous avez dit c'est votre ex intendant. Il ne l'est plus, vous n'avez donc plus aucun compte à lui rendre. Sortez !
- Non, nous devons nous assurer de sa sécurité."

Malenie commençait à perdre patience.

"Un garde peut rester si vous voulez. Mais si vous continuez, je peux bien sûr appeler votre capitaine, qui a autorisé mes hommes à l'amener ici. Alors partez !"

Les gardes se regardèrent et acquiecèrent. Un resta dans la salle mais les autres sortirent.

Elle regarda à nouveau Griffon, et l'invita à s'assoir par un geste de main. Et c'est là qu'elle vit le bracelet.

"Beau bracelet" dit elle simplement.

Griffon suivit les Nephissiens pendant un bon moment jusqu'aux écuries de la capitale, ils prirent ensuite la direction d'une forêt située à quelques pas de la capitale. Griffon vit de loin la vie dans la forêt, mais il ne dit rien, si les inconnus l'emmenaient par là bas, ils devaient avoir une bonne raison.

Un fois arrivés, on les fouilla, les armes de Griffon lui furent confisquées.

Ils furent dirigés ensuite vers le centre du royaume dans une grande bâtisse. Au moment où ils arrivèrent dans la salle où se trouvait Malenie, tous les garde Nephissiens passèrent devant lui, il fut le dernier à entre, si bien qu'il ne voyait pas sa fiancée.

Puis enfin elle apparue devant lui, une élégance qu'il n'avait pas vus jusqu'alors en Agueraton depuis qu'il s'était réveillé. On voyait tout de suite qu'elle venait d'un pays étranger. Des cheveux noirs, un visage sévère. Le sourire qu'elle lui offrit quand leurs yeux se croisèrent laissa vite place à un visage impassible...

Puis tout le monde quitta la pièce, sauf un garde... Griffon aurait préféré que celui-ci parte... Il jeta un coup d'œil à sn bracelet et sourit. Il dit à voix haute.

"Soldat, je n'ai besoin de personne pour assurer ma défense en ces lieux..."

Mais le garde ne bougea pas... Griffon s'inclina devant Malenie.

"Reine..."

Il reposa une nouvelle fois la main sur son bracelet et dit à Malenie.

"En effet, magnifique bracelet, dessus est gravé, aime l'amour et l'amour t'aimera. Je suppose que c'est écrit dans la langue de votre pays"

Il fixa Malenie dans les yeux.

"Je suis vraiment désolé de ne pas me souvenir de vous... J'arrive à lire dans vos yeux la déception, nous devions beaucoup nous aimer... Que fait ici une reine d'un autre pays?"

Il prit place sur une chaise, regardant toujours la reine dans les yeux.

C'était une étrange situation qu'elle vivait là. Elle était restée pour un être qui ne la reconnaissait plus.

"En effet. "Aime l'amour et l'amour t'aimera". Une phrase qui je pense nous résume assez bien. Je te l'ai offert lors de notre voyage à Néphis, pays dont je suis reine. J'ai fait le deuxième pas, bien que mon pays n'est pas trop apprécié."

Elle ne quittait pas des yeux Griffon.

"Mais bien sûr tu ne t'en rappelles pas."

Elle soupira, s'assit confortablement, ça risquait de durer longtemps.

"Il était une fois un homme. Cet homme était fort et courageux, mais surtout il avait une abnégation totale pour son pays. Revenu après la Catastrophe qui a ravagé Aguératon, cet homme s'installa et fit de suite savoir qu'il allait aller très loin.
Un jour, une personne cynique et sans sentiment, reine d'un autre pays, décida d'aller envahir Aguératon. Elle envoya un Général : Kash'Roth'Hul, qui réussit en à peine deux jours, à réduire la moitié du nord d'Aguératon en esclavage. Les hommes tuaient, massacraient. Ils ne faisaient pas de sentiment. Après tout ce pays venait juste de se relever d'un terrible choc.

Un homme fut envoyé à la Cour, et annonça avec cynisme le sort que l'armée réservait à cette terre.

Pendant ce temps, l'homme fort et courageux ne put attendre que le Doux fasse quelques choses, et se rendit dans le Grand Nord. C'était complètement incensé et débile, je suis d'accord. Tout seul il se fit arrêter par l'armée des méchants, si je puis dire. Il fut torturé par le Général, pendant des jours et des jours. Puis un jour, il réussit à s'échapper. Et ils n'entendirent plus parler du méchant pays qui avait voulu attaquer Aguératon.
Quant à cet homme, il réussit tant bien que mal à s'en réchapper. Il vécut pendant longtemps avec les souffrances qu'on lui avait infligé. Mais il se réengagea dans l'armée et monta les échelons. Parallèlement, il allait à la taverne, rencontrer ses amis, Dame Abura, et Dame Halfangee, qui elle était Hastratrice.

Quelques mois passèrent, on n'entendit plus parler de ce pays, mais l'homme vouait une haine à l'encontre de ce général qui l'avait torturé. Dame Halfangee mourut de circonstances bizarre. Et quelques jours après une rencontre eut lieu.

Une personne qui venait de l'ennemi, arriva. Insensible, elle ne montrait aucune émotion, et c'est quelques jours après la mort d'Halfangee qu'elle arriva à la taverne. Elle fit une gaffe intentionnelle ou pas, personne ne le sut, mais elle le fit. Elle commanda de l'eau, boisson favorite de la dame qui était mort. De suite elle se fit fusiller du regard par le brave homme et son amie.

Le lendemain, on voyait cette femme, allait à la cour. Elle avait l'air d'une étrangère, et reconnut qu'elle venait du pays qui avait attaqué il y a peu. Elle s'excusa et assura qu'elle n'y était pour rien, et qu'elle était là en pacifiste.

Mais officieusement, elle voulait espionner Aguératon, découvrir les points faibles de ce pays, ainsi que les points forts si jamais il y en avait.

Puis l'homme resurgit dans l'histoire. Il proposa à la dame de faire un tour dans les mines d'Orion. Elle accepta."

Malenie s'arrêta là, et demanda au garde d'aller chercher à boire et à manger. Bien qu'elle parlait Néphissien, elle ne voulait pas qu'il ait une idée du sujet de la discussion à ce moment précis.

"La femme arriva avec ses armes, l'homme aussi. Ils pénétrèrent dans la grotte, en essayant de se soutirer des infos, en se jouant de l'autre. Mais ce fut tout l'inverse. Etrangement, ils dirent chacun la vérité. Elle raconta, sans broncher, qu'elle était venue à Aguératon pour espionner, et qu'elle était reine de son pays, et donc responsable des meurtres horribles. Bien sûr je te passe les évènements, où ils faillirent perdre leur vie, et les moments où ils se sauvèrent mutuellement. C'est au fond de la grotte qu'ils s'embrassèrent pour la première fois, ils se déclarèrent un amour impossible...mais ils le firent."

Le garde réentra dans la salle, et Malenie se tut. Faire revivre tous ces évènements ne l'avaient pas laissé insensible. Où était-il ce temps, où ils vivaient sans se soucier des autres ? Elle but de l'eau et regarda Griffon. Il semblait comprendre que l'histoire qu'elle racontait était la leur, et semblait s'y interesser. Alors elle continua.

"Ils ne cachèrent pas leur relation au reste d'Aguératon, juste qu'elle était reine. Les blessures étaient trop fraiches. Certains ne comprenaient pas comment, le fidèle capitaine de la Garde, fidèle à son pays pouvait aimer une Néphissienne, mais bon...

Ils vécurent ainsi quelques mois, avant que l'homme eut à s'absenter. Avant il demanda la main la jeune femme qui accepta, et puis disparut quelques semaines. Il réapparut, et puis leur vie continua.

La marque de la femme s'éveilla et elle pria l'homme de l'accompagner, il accepta, et partirent juste après que l'homme fut nommé Général de la Garde. Ils partirent avec un autre homme, pour le moins collant, et pénible.

Ils arrivèrent, et découvrirent que le père de la femme était sur le point de mourir. Elle eut le temps de présenter son fiancé à son père, de se dire quelques mots et il mourut.

Après, une suite d'aventure. Les deux hommes eurent des problèmes avec les autochtones, se déroula un repas pour le moins long et tendu. Et une dispute éclata entre les deux jeunes amoureux. Il partit ou plutôt fuit. La reine inquiéte, essaya de le chercher, et ils se retrouvèrent. L'homme qui les accompagnait tua quelques gardes et toucha à la jambe son ami. L'homme s'enfuit, et quitta Néphis. Quand au couple, ils retournèrent à la capitale. Ils ne restaient que quelques heures avant l'enterrement du père de la femme, mais elle tint à lui demander sa main, et faire ainsi le deuxième pas. Cela révolta les gens qui l'apperçurent, mais elle sut les contenir.

Ils voyagèrent dans le pays, et renforcèrent le lien. Quand ils rentrèrent, ils retrouvèrent chacun leur place. La femme monta en grade et devint colonel, et l'homme quelques mois après atteignit le poste suprème, si je puis dire. Intendant. La femme fut envoyé en tant que chef de la Gazette et devint conseillere hastratiale, poste pour le moins haut placé pour une étrangère."

Elle s'arrêta et rebut de l'eau. Elle savait qu'il avait compris, mais attendait toujours patiemment la fin de l'histoire.

"La fin de leur histoire fut pour le moins pathétique. La femme décida d'avouer au peuple entier qu'elle était la reine du pays qui les avaient attaqué. Elle le fit, je crois, par amour pour l'homme ou deuxième solution par bêtise. Toujours est il qu'elle le fit. Cela provoqua une sorte de chaos, beaucoup de personnes la huèrent, et voulurent lui faire regretter son acte.
Un procès fut ouvert pour elle. Son fiancé était derrière elle, en train de la soutenir à sa manière. Le procès commenca, mais soudainement l'homme se leva, prit son épée et partit. La femme le regarda mais ne put rien faire ou du moins ne voulut rien faire.
Elle envoya des hommes à sa poursuite, et ils revinrent plusieurs heures plus tard, annonçant la mort de celui-ci.

Tout s'écroula. Après tout, elle était ici juste pour lui. Elle voulut anéantir ce pays, ces habitants mais ne fit rien, par respect pour celui qu'elle aimait.

Il se passa des semaines et des semaines, la femme était encore en Aguératon, emprisonné dans un royaume, en continuant d'espèrer. Ses hommes quant à eux, recherchèrent partout dans le pays, l'homme qu'elle aimait."

Elle s'arrêta et eut un triste sourire.

"Ce couple, c'est nous, Griffon. Pourquoi suis-je restée ? Je ne sais pas, peut-être par bêtise..."

Griffon écouta Malenie silencieusement, il se doutait bien qu'elle leur racontait leur histoire à eux, il ne dit rien, chaque fin de phrase faisait monter en lui un étrange frisson. Mais la mémoire ne semblait pas pouvoir revenir, il devrait se contenter de croire ce que lui raconterait Malenie.

Il porta un nouveau regard sur son bracelet, c'était donc un cadeau de Malenie pour leurs fiançailles.

L'ancien intendant ne savait pas quoi répondre à Malenie, il se doutait bien que c'était dure pour elle... Ils avaient traversés tant d'épreuves, des épreuves que seul un amour véritable avait la force de traverser.

"Pourquoi suis-je partis en courant l'épée à la main lors de ton procès? Pourquoi ne suis-je pas resté? Et si j'étais intendant, comment ce fait-il que ce n'était pas moi le juge du procès? Où m'a ton vue la dernière fois après le procès? J'ai tant de questions... Où ai-je appris le Nephissiens? Je le parle comme s'il s'agissait de ma langue natale! Des questions qui restent sans réponse, je n'ai plus de passé, mon avenir est compromis, je ne sais pas ce que je vais devenir... Je suis vraiment désolé de t'avoir infligé tout ça, je comprendrai que tu ne veuille plus me voir, peut-être ne retrouverais-je jamais cette mémoire..."

Il parlait toujours Nephissiens, le garde ne comprenait donc pas ce qu'il disait.

"Tu n'as jamais pensée à t'enfuir plutôt que de risquer ta vie ici?"

Il regardait Malenie dans les yeux, à la recherche des souvenirs évadés.

Malenie rigola soudain, un rire plutôt amer.

"Chaque jour, depuis Ce Jour, je me demande pourquoi suis-je encore ici ? Ce n'est pas que les gardes sont méchants, c'est juste qu'ici je suis une étrangère et considérée comme telle. Mon procès en est un exemple.
Alors, je te l'ai dit, c'est la folie, la bêtise ou autres sentiments humains qui me font rester ici alors qu'à plusieurs jours de bateaux je pourrais être chez moi, manger ce que je veux, et gouverner. Retrouver le pays que j'aime, le pays qui est en moi. Mais, il y a toi. La meilleure et la pire chose qui me soit arrivée, paradoxalement."

Elle regarda le garde, et reconduit ses yeux vers Griffon.

"Tu m'as faite redevenir humaine..." Elle eut un sourire qui n'exprimait pas le remerciement mais plutôt le comique de situation.

"Quant à tes autres questions. Réfléchis un peu ! Tu es mon fiancé, bien que tu ne t'en rappelles pas, comment pourrais-tu me juger partiallement aux yeux du peuple ? Pourquoi tu es parti ? Je comptais te la poser cette question, mais tu ne peux pas répondre. A Néphis, un évènement du même genre t'es arrivé. Tu parlais tout seul.

Tu as été à Néphis étant plus jeune, tu as été recruté par mon père pour assurer ma défense sans vraiment te montrer, puisque je n'ai aucun souvenir de toi. Tu m'as racontée qu'une fois tu m'avais sauvée la vie au prix de sacrifices immenses. En effet plusieurs de tes amis ont péri, et pour commémorer ce massacre, un autel a été créé, avec ton nom et ceux de tes amis. Seul toi et Elana ta prêtresse avez survécu..."

Elle mangea un bout et reprit avec ironie.

"Cela fait des semaines et des semaines que je reste ici pour retrouver ton corps. Je ne vais pas partir alors que je viens de trouver ce que je cherchais...bien que pas complètement fonctionnel."

Depuis quelques temps elle s'était mise à faire de l'humour, un humour pas toujours réussi, mais un humour quand même.

Elana, sa prêtresse.... Voyage à Nephis... Une femme qui traverse la tempête, seule dans la nuit, à la recherche d'un abri... Ménelus, roi de Guardia qui annonce à Griffon qu'il n'a pas d'autre choix que de laisser les elfes noirs l'enlever... Les combats dans l'arène à n'en plus finir, les coups de fouet, de bâton, les brulures... L'assassinat de Velchior, la fuite, les mois d'érance à chercher ses racines... L'attaque de Guardia, la victoire des elfes... Elana... La compagnie, les chevaliers célestes... Nephis, premier voyage... La princesse de Nephis...

Sa mémoire le frappa telle la foudre, il fut secoué et du s'assoir sur le sol pour ne pas tomber, il ferma les yeux, savourant la douleur des souvenir qui ressurgissent du néant... Puis il ouvrit les yeux, fixant Malenie comme jamais il ne l'avait regardé, une larme coula de son oeil droit, la perle de cristal coula le long de sa joue et vient terminer sa course sur le sol...

"Mal..."

Elle ne parut pas comprendre, puis, il se leva et prit Malenie dans ses bras, il la fit tourner, tourner... Il venait de retrouver celle qui l'aimait. Il l'embrassa...

"Je suis vraiment désolé, elle me suivait, je ne pouvais pas... Non cela aurait été impossible, elle t'aurait amené sinon!"

Il pleurait maintenant.

"Pardonne moi Malenie, je t'en pris!"

Il la serra fort dans ses bras.

"Mais pourquoi sommes nous enfermés dans cette pièce?"

Malenie était toujours sous le choque.

"Garde, ouvre nous et laisse nous sortir."

Celui-ci répondit.

"Non Seigneur, ce sont les ordres de notre chef!"

"Sottises, je suis votre intend..."

Malenie le coupa.

Tout était allé trop vite. Elle n'avait même pas eu le temps de l'embrasser, topoï de la scène de retrouvage de mémoire. Mais elle était soulagée. Etre restée pour rien et perdre celui qu'elle aimait l'embeter au plus haut point.

"Griffon ..." Il se retourna.
"Tu n'es plus intendant. Cela fait deux mois que tu as disparu, une personne t'a remplacé."

Elle voyait le choc que cela faisait sur Griffon, tout avait changé.
Elle dit au garde :

"Vous voyez qu'il est en bonne santé, il a retrouvé la mémoire. Maintenant laissez nous seul, nous avons besoin de nous retrouver si vous voyez ce que je veux dire..."

Le garde la regarda :
"D'accord mais je reste derrière.
- N'oubliez pas les BAB, j'ai tendance à crier assez fort."

Les sous-entendus que faisait Malenie déconcerta le garde, et il partit.

Malenie eut un vague sourire et se retourna vers Griffon qui la regardait bizarrement.

"Il commençait à m'ennerver d'être là. Et il était un peu collant si tu vois ce que je veux dire."

Elle le regarda, heureuse, d'avoir retrouvé l'homme qu'elle croyait mort.

"Au tout début de mon procès, tu t'es enfui. J'ai envoyé mes hommes à ta poursuite, quand ils sont arrivés c'était trop tard, t'étais mort. On m'a racontée que des obséques ont eu lieu, je n'ai pas pu y assister. Mais ton corps n'a jamais été retrouvée.
Depuis le procès avance mais difficilement et très lentement. J'ai voulu plusieurs fois quitter aguératon mais je voulais retrouver ton corps, juste pour être sur, et pouvoir faire mon deuil. Pendant ce temps, on m'a autorisée à habiter ici. Je peux voir mes hommes quand je veux, et tenir au courant mon pays.

Quelques jours après ta disparition, le Doux a nommé un autre intendant, Eorus qu'il s'appelle. Je suis désolée...

Le garde te fera sans doute sortir si tu le menaces, mais moi je suis encore en prison.." Elle eut un sourire.

"Tu m'as manquée, Griffon de Guardia." Elle lui prit sa main et la lui serra.

"Je te conseille d'aller voir l'intendant, j'ai mis ton royaume sous la responsabilité d'Elana, ne pouvant m'en occuper j'ai trouvé cela préférable. Si tu veux, prends mes hommes ils sont sous tes ordres."

HRP / BAB : Bouchon anti bruit

Un regard de tristesse s'afficha dans les yeux de Griffon, il n'était plus rien pour ce royaume qu'il aimait tant... Mais elle était toujours là, pour lui, elle l'aimait toujours et était resté désespérément risquant sa vie pour retrouver le corps de celui qu'elle aimait.

"Elana saura gérer mon royaume... Tu as raison, je retourne à la capitale. Griffon de Guardia n'est pas mort et ne mourra pas de la sorte! Je t'aime Malenie, j'aurais aimé resté avec toi, mais il faut absolument que je renaisse..."

Il posa ses lèvres sur celles de Malenie puis s'en détacha. Il s'avança ensuite vers le garde, il lui dit d'une voix forte.

"Je suis et resterai ton général! Garde a vous soldat!"

Impressionné le garde exécuta...

"Laisse-moi sortir maintenant!"

Il ouvrit la porte à Griffon. Celui-ci se dirigeait déjà en direction de Guardia. Décidément, il n'arrêtait jamais...

Malenie, après le départ, de Griffon se rassit. Cela changeait la donne. Elle n'avait plus aucun intérêt de rester ici, emprisonnée entre des murs. De plus, elle avait bien envie de retrouver Néphis au moins quelques temps, la durée nécessaire pour digérer tous ces évènements.

Elle appela ses hommes, qui arrivèrent et la saluèrent immédiatement.

"Asseyez-vous !" Une fois que ce fut fait, elle expliqua :

"Bon, ce n'est pas que je m'ennuie mais presque. Ho'beylixe va à Néphis, prévient Kash que Griffon est vivant et que je reviens dans pas longtemps, porte ces missives aussi. Héthagèrre, toi, tu prends une centaine d'hommes et tu patrouilles dans Aguératon. Prends grand soin de ne pas te faire remarquer.
Quant à vous autres, la moitié reste ici, l'autre va à la Capitale, et suit Griffon, je n'aimerai pas qu'il lui arrive quelques choses, et essayez de voir s'il n'y a pas un moyen pour que je sois libérée par les voix d'Alérandir."

Ils acquiecèrent, et exécutèrent leur tâche. Griffon n'était pas mort, la donne changeait ou pas...

Elle sortit du salon et alla dans sa chambre...

Une fois Griffon partit, Elana entra discrètement dans la pièce. Malenie venait de passer dans une autre pièce, elle paralysa les garde d'un simple sort puis entra à la suite de Malenie, celle-ci se retourna en sursaut, elle porta un regard glaciale sur Elana.

"Vous pouvez me dire merci! Sans moi, votre bien aimé serait encore en train de courir après ses souvenirs!"

Voyant l'interrogation dans le regard de Malenie.

"Vos sentiments s'expriment trop sur votre visage Reine de Nephis, vous ne savez plus rester de marbre... Oui, c'est moi qui ai rendu la mémoire à Griffon, du moins tous les souvenirs qu'il a partagé avec moi et apparemment ça a suffit à lui rendre toute sa mémoire!"

Elle montra la porte d'entrée.

"J'ai crus comprendre que vous vouliez quitter cet endroit? Voulez-vous de mon aide?"

C'était une proposition qu'elle lui faisait.

Quelques mois plus tard...

"Griffon de Nephis"

Ces mots résonnais dans son esprit comme l'écho d'un claquement de mains dans une cathédrale... Tout le monde qu'il s'étais construit venait de s'écrouler devant lui, toutes ces années passé au service du Doux, son ascension fulgurante parmi les sujets du Doux...

Le Doux... Était-ce sa voix qui avait résonné ainsi dans son palais? Le pouvoir venait de lui être refusé... Il n'était donc plus un garde, il ne voulait plus être garde!

Sa fierté s'étais écroulée en même temps que ses idéaux...

Il n'était plus Griffon de Guardia, mais Griffon de Nephis...

L'appel de Nephis, voilà se qu'il avait ressenti au fond de lui toutes ces années...

Le manque qu'il ressentait malgré sa position, malgré sa puissance, malgré Malenie...

Il fallait qu'il lui en parle, peut-être savait-elle quelque chose qu'elle n'avait pas osé lui dire... Il l'avait informé, il l'attendait à Guardia, au sommet de la plus haute tour, les yeux tournés vers le vide.

Il l'avait senti arrivé, bien qu'il ne l'avait pas vus depuis longtemps, il ne pouvait oublier son odeur, sa démarche hésitante l'interpella... Il attendit qu'elle parle le premier, ses mains se mirent à trembler légèrement, non qu'il ait un excès de violence, mais il ne savait pas comment réagir, il ne savait pas quoi dire...

Il se retourna lentement, posa ses yeux dans les siens, les doutes s'envolèrent, il inspira profondément et il prit Malenie dans ses bras, il la sera de toutes ses forces. Appréciant ce long moment avec tout le plaisir qui lui était dû.

Il lui murmura à l'oreille.

"Deux nouveaux nés,
cent fois bercés,
l'une et l'autre aimés,
l'un et l'autre choyés,

Ils se verront séparés,
Un à Agueraton,
L’autre restera à Nephis
C’est un début peu propice

Dans cette vie
Sans foi ni loi
Ils se retrouveront

Tous deux se livrant au même jeu
Jeu difficile, jeu dangereux
Qu’on appelle vulgairement tentation
Simples regards caustiques et ébullition
Prétextant partir à la chasse aux monstres
Chimères, cocatrix, autres créatures"

"La suite raconte qu'ils détiennent entre leur mains le sort de l'alliance entre ces deux Royaume... Des bruits courent, ils se propagent plus vite que la peste, nous somment en train de vire un grand changement Mal, un changement qui bouleversera nos deux Royaumes, nous devons nous unir nos deux royaumes..."

Il se détacha ensuite d'elle, d'un mouvement plus léger que le vent lui même, il sauta sur le muret qui séparait son balcon du vide, il inspira une grande bouffée d'air pur.

Il avait beaucoup changé depuis leur dernière rencontre, sa longue chevelure d'argent n'avait pas perdu de son éclat, mais ses cheveux étaient désormais coupés court. Il avait troqué ses vêtement contre une tunique noir et légère, ses fioles d'élixir étaient posées sur une table, elles étaient vides, leur contenu versé dans une bassine. Ses deux glaives étaient rangés dans leur fourreaux, les fourreaux rangés dans une malle en bois. Il n'avait plus d'arme apparente, et pourtant, il était durement armée... Une arme qui venait de naître en lui, une arme qu'il ne connaissait pas encore.

Il tourna la tête et plongea une nouvelle fois ses yeux dans ceux de sa futur épouse,

enfin...

"Veux-tu toujours m'épouser?"

La question, inattendue, plongea leur monde dans un silence de vide...

Malgré qu'elle eut elle-même posé la question, son esprit était encore loin. Ce qui la ramena sur terre, ce fut au moment où Griffon se dégagea et alla chercher le livre, elle le suivit doucement, et feuilleta doucement les pages du vieux bouquin. A mesure qu'elle tournait les pages, elle se rendait compte un peu plus à quel point ça devait être un manuscrit rare et ancien. Puis elle tomba sur la page. Elle parcourut la page des yeux et découvrit le poème que Griffon avait prononcé, écrit en calligraphie, au centre de la page.

Le texte était beau mais l'écriture, les dessins, la page encore plus. Quelques secondes, elle en fut émue. Tous les paragraphes parlaient d'eux.

Aguératon, Néphis, tentation, cocoatrix. Elle se demandait comment quelqu'un avait pu le savoir des siècles avant, car c'était bien de siècles dont il était question.

"Qu'est ce que ça veut dire Griffon ? Il n'y a rien d'autre de marqué. Aucun auteur, aucune date. Il doit manquer quelque chose à ce poème. Il parle de notre enfance, les 2 premier paragraphe, de nos retrouvailles les 2 derniers paragraphes, mais aucun de notre avenir."

Elle se tut quelques instant.

"Il y a deux solutions. Soit l'auteur n'a pas voulu l'écrire nous laissant seuls la devenir et l'écrire. Ou autrement, il manque la fin du poème, je pense à Néphis par toute vraisemblance."