Il fallait s'attendre aux conséquences...

Cela faisait quelques jours à peine que Amar Sin et ses compagnons mutins avaient quitté le royaume de Zérande, terres du seigneur Xalendan. Ils n'avaient qu'eu le temps de construire que quelques fermes et champs dans le but de survivre de façon autonome. Ces premières journées s'étaient déroulées sans encombres, chacun effectuait ses tâches respectives, leurs humbles bâtisses commençaient à prendre forme. Chacun s'affairait maison après maison à monter les murs de briques que la future maison soit la leur ou celle de leur voisin. Les charpentiers s'affairaient déjà à élaborer les charpentes qui tiendraient bientôt les toits, les maçons faisaient le ciment pour consolider les murs des futures bâtisses et murailles qui encercleraient les villages, les forgerons fabriquaient déjà les armes et armures afin de se défendre en cas de siège ou de guerres. Mais chacun espérait que leur royaume naissant vivrait dans un havre de paix et de prospérité pour les années à venir.

Cependant une rumeur commençait à circuler, des hommes de leur ancien seigneur auraient été payés afin de mettre fin à ce doux rêve d'une manière ou d'une autre. Tous se regardaient comme si ils étaient le traître qui serait à la solde du sieur Xalendan, mais chacun ne pouvait croire que son voisin, son ami aurait pu faire une chose pareille. Malgré la confiance qui régnait parmi les confrères, on ressentait tout de même une certaine tension et le chef des mutins Amar Sin avait décidé de discuter avec tous ses frères et tenter de mettre fin à ce climat désagréable et réinstaurer le calme et la confiance au sein de Nergal. Tous les hommes et femmes s'étaient réunis devant la première bâtisse de leur rêve de liberté et chacun restait devant Amar Sin dans un calme plein respectueux et attentif.

Mes très chers amis ! Comme vous tous j'ai rêvé de liberté, comme vous tous j'ai souffert de la tyrannie de ce seigneur qui nous a exploités nous et nos parents depuis notre plus tendre enfance. Mais aujourd'hui nous avons décidés de mettre fin à cet esclavage, ensemble nous nous sommes soulevés face à la tyrannie. Aujourd'hui nous avons l'opportunité d'embrasser cette liberté dont nous avons tant rêvé chaque jours en travaillant la terre. Aujourd'hui nous avons la possibilité de ne plus avoir à payer ces taxes exorbitantes sur nos récoltes, et enfin, oui je dis bien enfin nous pourrons manger à notre faim !

Des cris et des applaudissements résonnaient sur la place sur laquelle tant de personnes s'étaient massées pour entendre les dire de leur guide. Mais ce silence qui durait déjà depuis quelques secondes prit fin lorsque Amar Sin prit à nouveau la parole. Sa voix ne tremblait point, ses paroles allaient résonner à nouveau dans les esprits de ces personnes récemment libres.

Tout comme vous, j'ai entendu les même rumeurs, tout comme vous je craints que le tyran Xalendan mette fin à ce doux rêve que je berce depuis des décennies ! Mais tant que je serai à vos côtés à vous en qui j'ai une confiance sans limite, je sais que cette illusion prendra enfin forme ! Ne laissons pas nos cauchemars envahir nos pensées ni notre royaume naissant. Je vous prie de cesser de vous méfier les uns des autres ! Il n'y a point de traître parmi vous car je sais qu'aucun n'aurait accepté de sacrifier sa liberté contre quelques malheureuses pièces d'or pour nous trahir...

Mais nous ne pourrons pas lutter contre les mercenaires qu'il a engagés Amar, jamais nous ne pourrons défendre nos foyers, nos familles et nos amis !

L'homme qui venait de parler n'était autre que Eclaraiy le plus fidèle ami de Amar Sin avec qui il avait pris les armes pour leur ancien maître Xalendan dans une guerre sans queue ni tête contre des hordes de démons maléfiques autrefois. Eux qui avaient partagé tant de souffrances et de moments de complicité, aujourd'hui ils doutaient des dires de leur ami... Amar Sin en resta sans voix, mais ce fut Landryse la fille du chef des mutins qui prit la parole. La jeune femme était d'une rare beauté et d'un charisme fort impressionnant pour ses dix sept frêles années. Elle était vétue d'une robe blanche vêtuste dût au travail qu'elle avait effectué durant plusieurs heures cet après midi-là. Sa voix douce et claire se fit tout de même entendre étonemment par toute l'assemblée présente.

Mes très chers compatriotes, mes très chers frères ! Avez vous eu un jour par le passé à douter des dires de mon père ? Avez vous eu un seul jour à douter de sa valeur et de son courage ?

Nul n'osait répondre car tous savaient que la jeune femme avait raison, d'ailleurs tous la respectaient, non pas par ses liens familiaux avec Amar Sin, mais par sa bonté et ses talents d'oratrices et par ses doux poèmes que chacun aimait à lire. Ce donc une fois de plus Landryse qui rompit le silence, ni même son père, ni même Eclaraiy.

Ne croyez vous pas que mon père est conscient des dangers que nous encourons en nous proclamant nous même libres sans même demander son avis à ce tyran que fût Xalendan avec nous ? Ne vous a t'il jamais avertis des riques que nous encourons chaque jour face à la colère du régent des terres de Zerande ? N'avez vous pas acceptés d'encourir les conséquences de tous ces dangers en vous proclamant également libres ? Alors je vous le demande mes bien chers frères pourquoi douter cet après midi de ses paroles ?

Un mouvement de panique se fit ressentir au fond de l'assemblée peu avant la fin du discours de Landryse. Il semblerait que quelque chose de terrifiant venait d'arriver et déjà tous courraient vers les armureries et les entrepôts afin de les défendre de ce danger qui arrivait...

Cela faisait quelques jours que je fus dans l’obligation de stopper l’essor de mon emprise sur le Royaume des Deux Frères, non point que je n’avais plus le désir d‘étendre mon pouvoir, mais il m’incombait de faire respecter la discipline en mes terres, hors selon les dires, une bande de villageois que j’avais asservi s’étaient échappés de mon domaine, il était donc de mon devoir de les châtier.
Le voyage fut long des Vallons de Gypse jusqu’à la Plaine d’Henissaân, là où se trouvait mon palais…

« Grioth !!!! Grioth !!!!!! » criais-je.

Un petit gnome fit son apparition et se prosterna devant moi…

« Oui maître ? » demanda-t-il d’une voix tremblante.

En le voyant je le pris par la gorge et le plaquai contre le mur le plus proche…

« Les rumeurs sont-elles vraies ? Des esclaves se sont réellement échappés ? » lui demandais-je d’une voix glaciale.

Le petit gnome ne cessait point de trembler et de gémir, mais il réussit tout de même à me répondre…

« Hélas oui maître, un petit groupe de villageois s’est échappé il y a peu, pardonnez-moi maître, je vous en prie… » m’implora-t-il.

Une fois qu’il eut fini de parler, sous la colère je serrais ma prise sur lui afin qu’il ne puisse plus respirer…

« Cependant, nous savons qui est leur chef et où ils se sont dirigés… » réussit-il à dire tant bien que mal.

Soudain, la colère s’estompa et je lâchais le pauvre petit gnome…

« Alors ?! J’attends ! Ne me fais point perdre mon temps Grioth ! » lui criais-je en faisant un pas vers lui.

Celui-ci toussota promptement, puis commença à parler…

« Leur chef et le Sir Amar Sin, celui-ci est parti avec sa fille Landryse, ainsi qu’avec un petit groupe de gueux afin de bâtir un petit village non loin d’ici… J’ai osé envoyer un groupe de cavalier afin de troubler quelque peu leur paisible vie. » dit-il en affichant un sourire narquois.

Au même moment, un messager fit son entrée et se dirigea vers moi, il se mit à genoux et délivra son message…

« Mon Roi, sachez que le groupe de cavaliers que nous avons envoyé afin d’abattre les mutins ainsi que de détruire le village ennemi n’est plus… En effet, seul deux d’entre eux ont pu revenir en vie… » me dit-il en tremblant.

La colère monta en moi, de simples petits villageois me faisaient face, c'en était trop, je pris ma lame d’une main de fer et j’égorgeai dans le seconde qui suivit le messager d’un geste vif.

« Grioth ! Si tu ne veux point finir comme ce misérable, je t’ordonnes de préparer d’autres unités afin de rendre une petite visite de courtoisie à ces maudits mutins ! Personne ! Non ! Personne ne me fait face !!! Personne !!! » vociférais-je.

Le gnome s’exécuta, ce petit village n’allait point faire long feu, seuls deux types de personnes étaient tolérés en mon domaine : mes fidèles et les morts…

Les mutins qui étaient prêts pour cet éventualité avaient dissimulé absolument partout au sein de ce premier village les armes dont ils se serviraient afin de contrer ce genre d'attaques. Tous avaient un jour combattu au sein des armées de Zerande et tous savaient porter une arme et s'en servir. Mais bien peu les avaient utilisé pour défendre leur foyer, leur famille, mais tous avaient déjà combattu pour secourir leurs amis. Leurs vieux souvenirs rejaillissaient, l'adrénaline du combat refaisait surface et chacun savait comment réagir, mais bien peu étaient prêts pour ce combat après avoir travaillé toute la journée. Landryse conduisit les femmes et les enfants dans un lieu sûr tandis que Amar Sin et Eclaraiy organisaient les défenses du village face à ces cavaliers.

Les cavaliers arrivaient au galop les armes à la main, criant comme des dégénérés, ils savaient qu'ils attaquaient des anciens compatriotes mais on sentait bien dans leurs cris que cela ne les éprouvait guère. Les défenseurs du village prîrent chacun un arc, encochèrent chacun une flèche et tirèrent. Peu de cavaliers tombèrent, mais vu leur petit nombre, ces quelques morts offraient un léger avantage aux mutins qui encochèrent aussitôt une seconde flèche. Cette nouvelle salve tua davantage d'assaillants n'en laissant qu'une vingtaine pour lancer l'assaut final. Alors que les cavaliers ayant survécus jusque là galopèrent de plus en plus vite vers le village, les paysans prirent leurs épées et lances d'une main et un bouclier de l'autre.

La vitesse des cavaliers fît un ravage dans les premières lignes des défenseurs qui tombèrent sous la charge des cavaliers, mais sept cavaliers les accompagnèrent dans la mort. Les mutins par leur supériorité numérique bénéficiaient d'un grand avantage sur les soldats de Zerande qui ne purent lutter que quelques minutes sous les coups mortels des armes des forgerons de Nergal. Les mutins oublièrent bien vite qu'ils combattaient d'anciens compagnons et ne laissèrent plus de place à la pitié. Ils tuèrent leurs ennemis pour défendre leurs amis, leurs familles et leurs foyers n'hésitant pas à égorger les cavaliers qui étaient tombés au sol mais qui pouvaient encore se relever. N'hésitant pas à fendre le crâne de leurs assaillants sous le coup mortel de leurs épées.

Une fois le combat terminé, il ne restait plus que deux survivants chez les cavaliers. Ils étaient très gravement blessés mais plus rien n'implorerait le pardon d'Amar Sin et de ses frère d'armes face à ces ennemis qui ont cherché à les tuer eux et leur rêve de liberté. Les deux soldats furent attachés à des arbres très solidement avec des cordes. Eclaraiy s'approcha d'eux tout en sortant son épée pour ensuite la planter dans la main d'un des deux prisonnier qui hurla de douleur immédiatement. Une fois la lame retirée le blessé pleurait et sangloter tout en implorant le pardon de ces ennemis. Amar Sin s'approcha, le prit par la gorge tout en lui glissant la lame dans les côtes. Le soldat cria à nouveau de douleur, mais Amar Sin ignora ses cris et lui cracha au visage.

Pourquoi sers tu cet homme qui est prêt à te laisser mourir juste pour montrer au monde qu'il ne peut se montrer faible ? ne te rends tu pas compte qu'il se moque éperdument de ton sort ? Alors réponds moi, pourquoi sers tu ce monstre ?

Le soldat toujours sous l'étreinte de la douleur ne répondît pas mais continua à implorer la pitié des défenseurs, les suppliant de le laisser en vie avant de s'évanouir. Landryse qui venait de quitter la cachette où elle s'était terrée avec les femmes et les enfants s'approcha du second guerrier un verre de terre cuite à la main et lui proposa à boire. Puis tout en l'aidant à boire, elle lui dit calmement.

Je puis t'assurer que si tu me promets de me dire ce que prépare Xalendan et ses conseillers je vous laisserai quitter ce village vivant, toi et ton compagnon...

Eclaraiy choqué par les dires de la jeune fille leva son épée et se prépara à donner le coup mortel. Mais Amar Sin retint son coup avec son bouclier et d'une voix dure lui dit.

Ose de nouveau essayer de le tuer suite à une promesse de quelqu'un d'entre nous et je puis t'assurer mon ami que tu subiras le même sort que ton ennemi...

Tu n'oserais pas me tuer Amar ! Je me moque du jugement de ta fille, je me moque de la vie de ce chien, mais il est hors de question de laisser repartir ces hommes qui ont essayé de me tuer, mes amis et ma famille ! Je refuse de le laisser repartir vivant, il a tué nos amis, il aurait pu nous faire partager ce sort et vous ! Vous vous le laisseriez repartir comme un frère ?

Je vous en supplie ! Je n'y suis pour rien ! J'avais des ordres ! Ils nous ont promis de la nourriture si notre assaut était couronné de succès, ma femme et mes enfants meurent de faim... Je refuse de les laisser mourir et si pour cela il fallait vous tuer, je l'aurais fait sans hésiter ! Ayez pitié, j'ai fait ça dans l'intérêt de ma famille... Vous auriez fait pareil à ma place ! Je vous en supplie, ne me tuez pas !

Amar Sin prit un couteau détacha les liens qui retenaient les deux hommes, celui qui suppliait resta debout stupéfait tandis que le second tomba au sol toujours inconscient. Son frère d'arme rassembla le peu de force qu'il lui restait et le releva et lui passa le bras autour de son épaule. Puis il se tourna vers Amar Sin afin de le remercier. Mais le chef des mutins lui répondit d'une voix douce et calme.

Remercie plutôt ma fille ! Sans elle tu aurais rejoint le royaume des morts. Maintenant part et ne revient jamais plus en ces terres !

L'homme qui réalisait encore à peine d'avoir survécu remercia la jeune femme du regard et parti tout en boitant avec son compagnon à ses côtés tout en continuant de le soutenir. Pendant ce temps là Eclaraiy se tourna vers Landryse et son père et dit d'une voix haineuse.

Vous avez que trop de pitié, il a tout de même tué plusieurs de nos amis et vous le laissez repartir ! Nous allons tous mourir, ils vont revenir et cette fois-ci nous ne pourrons pas nous défendre aussi aisément...

Je me dirigeais vers le hall d’entré, là-bas, les deux rescapés de l’escarmouche avec les villageois de Nergal m’attendaient. Dès qu’ils me virent arrivé, ils se prosternèrent devant moi…

« J’exige des explications soldats ! Vous ne faites point partie de mon armée pour connaître des défaites cuisantes, mais pour asservir d’autres peuples ! » beuglais-je.

Je leur fis signe de se lever et je les regardais de haut en bas, ils étaient tout deux dans un sal état, leur armure était fracassée de bout en bout et ils étaient sans armes. Une fois que j’eus fini mon inspection, je les regardais d’un air glacial en attendant impatiemment une quelconque explication…

« Maître, nous sommes désolé, vraiment, mais ils étaient trop nombreux, ils avaient des archers, de bon épéistes, des lanciers… Ils savent ce battre mon seigneur… » me dit-il.

Je continuais à les scruter du regard, mais n’ayant pas eu les éclaircissements que je souhaitais, je pris la parole…

« Cela n’excuse point votre lamentable défaite ! Mais j'ai une autre question, comment expliquez-vous le fait que vous soyez en vie ? Vous auriez osé vous enfuir ?! » leur demandais-je sur un ton menaçant.

Les deux cavaliers se mirent à trembler de plus en plus sous la pression mon regard, mais voyant que je m’impatientais, l’autre cavalier commença à parler…

« Ils nous ont capturés maître… Ils nous ont attachés à un arbre, nous ont torturés, la douleur était trop grande, nous leur avant fait croire que nous avions porté cette attaque contre eux à contre cœur… Mon seigneur pardonnez-nous je vous en supplie… » m’avoua-t-il en se remettant à genoux.

Mes mains se serrèrent, ma respiration se fit de plus en plus forte, je m’avançais peu à peu de mon interlocuteur en lui disant ces mots…

« Et je suppose que vous n’avez point demandé leur pitié, que vous ne leur avez pas dit que vous aviez une famille… N’est-ce pas ? » disais-je en me retournant.

Ceux-ci répliquèrent dans la seconde, de peur que ma colère éclate et que je ne l’ai tue…

« Non mon seigneur, évidemment que non, nous sommes vos soldats, jamais nous ne ferions un telle chose… » me disaient-ils en chœur.

« Bien, c’est bien ce que je pensais, je vais donc vous laissez vivre, et que cela ne se reproduise plus jamais, est-ce bien clair ?! » disais-je d’une voix glaciale.

Les deux cavaliers hochèrent la tête en guise de réponse et ils retrouvaient le sourire, ils ne s’attendaient certainement pas une telle réponse...

« Du moins, c’est ce que j’aurais dit si toutefois vous ne m'aviez point mentit et si j’avais été d’humeur charitable, hélas pour vous misérables, ce n’est point le cas !!!!!! » vociférais-je en sortant ma lame d’un geste prompt.

Je me dirigeais vers eux d’un pas vif, j’égorgeais le premier, qui lui était encore à genoux, pendant que l’autre prit son arme et tenta de m’assener un coup d’épée que j’esquivais aussitôt en le poussant violemment sur un pilier tandis que je le frappais d'un coup d’épée dans le dos. Je n’avais plus qu’à le regarder choir peu à peu…
Une fois ceci fait, je rejoignis Grioth ainsi que les deux cents soldats qu’il avait réuni dans la cour. Je monta mon cheval et nous nous mîmes en route vers Nergal…
Le voyage fut court, nous nous arrêtâmes sur une petite colline surplombant la plaine dans laquelle se trouvait le petit village du Seigneur Amar Sin. Le temps était couvert, un orage se préparait. L’air quant à lui était nauséabond, sûrement du à l’escarmouche qui avait eu lieu un peu plus loin dans les plaines, près du village. De la nous vîmes les corps inertes des cavaliers baignant dans une marre de sang, cela me mit dans une rage telle, que j’ordonnais la charge vers le petit village de Nergal afin de le réduire en cendre…

« Soldats, ces petits villageois pensent avoir gagné, montrez donc à ces gueux que ce n’est point le cas ! Détruisez tout sur votre passage, n’ayez aucune pitié car eux n’en n’aurons point !!! Première infanterie !!! Chargez !!!!!! » lançais-je si fort que ma voix résonna dans toute la plaine entourant le village.

Près de cinquante soldats se mirent en marche vers le village de Nergal afin de le réduire à l’état de poussière…

« Et n’oubliez pas !!!! Le Mal trouve toujours sa voie !!!!!! » cria Grioth de sa petite voix fluette…

Alors que de nouveaux hommes entraient dans le village, ils se rendirent compte que celui-ci était désert. Pas le moindre villageois n'était entre les bâtisses, pas un bruit à l'intérieur des maisons, seul le vacarme des cinquante homme armés et le croassement des corbeaux volant au dessus de village se faisait entendre. La garnison d'infanterie envoyée par le seigneur Xalendan commençait à entrer dans les maisons afin de les fouiller cependant toutes sans exceptions étaient vides. Pas même un chien, pas même un chat, ni même un rat n'était présent ce qui étonna les soldats. Mais ils n'étaient pas au bout de leur surprise, une petite feuille était épinglée sur la porte d'une petite cabane au centre du village sur laquelle on pouvait lire.

Soldats de Zerande, nous avons décidé de déserter notre village. Suite à votre première attaque, trop peu d'entre nous ont survécu et nous avons tous préféré prendre la fuite afin de ne pas subir le même sort que vos cavaliers.
Les villageois de Nergal.

La surprise était totale chez les hommes de Zerande, nul ne se doutait que cette affiche n'était qu'un piège. En effet sur les toits des maisons, sous des trappes dissimulées sous la terre, les villageois s'étaient massés pour se dissimuler et lancer une attaque surprise qui ne laisserait que peu de chance aux pauvres malheureux qui étaient sans le vouloir tombés dans ce guet apens...

Chaaarrrgggeeeeezzzzzz !!!!

Les villageois sortirent rapidement de leurs cachettes un arc à la main et tirèrent une flèche à bout portant afin de ne pas manquer leur cibles. Plus de la moitié de l'infanterie ennemie était tombée lorsque les villageois sortirent leurs épées et lancèrent le dernier assaut tandis que les soldats de Zerande étaient encore sous l'effet de surprise inaptes à se défendre.

Durant quelques minutes à peine on entendit le fracas des armes contre les boucliers, les armures qui se fracassèrent pour la plupart sous les coups violents des paysans. Le sang giclait dans les airs avant de retomber soit sur le sol, soit sur un bouclier ou une armure. L'attaque surprise fut totale et couronnée de succès, si bien que très peu de villageois tombèrent sous les coups de ces soldats entrainés pour la guerre.

Les villageois se massèrent autour de leur chef qui les félicita pour ce combat. Mais Amar Sin savait que le sir Xalendan avait laissé des troupes en retraite, il était bien trop intelligent pour envoyer la totalité de ses hommes d'un seul coup. Il ordonna donc à ses hommes de créer à nouveau un effet de surprise à leur ancien maître. Ils allaient eux même lancer l'assaut sur les armées du seigneur qui les avait exploités autrefois...

Le vacarme avait cessé… Je ne voyais aucun de mes soldats revenir, cependant, peu à peu, des paysans sortaient du village avec à leur tête le chef de ces mutins : Amar Sin… Encore une fois, mes soldats n’avaient point réussi la tache que je leur avais incombé, mais de cela, je m’en doutais…

« Ces petits paysans savent se défendre, j’en aurais presque de l’admiration pour eux… » disais-je en affichant un sourire narquois.

Grioth, quant à lui, était tout excité, il ressentait à la fois de la colère et de la peur, de la colère car mes soldats n’avaient pu rien faire face à ces gueux, et de la peur car cet échec allait entraîné ma colère envers lui, du moins c’est ce qu’il pensait…

« Toutes les infanteries !!!!! Chargez et pas de quartiers !!!! » beugla le petit gnome.

Les troupes se mettaient peu à peu en marche jusqu’au moment ou je leur fis signe de s’arrêter…

« Stop !!! Que les vingt premiers soldats de la deuxième infanterie s’avancent vers moi !!! » ordonnais-je.

Les soldats s’avançaient peu à peu vers Grioth ainsi que moi-même…

« Mais maître… Bien que le nombre de ces vulgaires petits paysans soit réduit, et sauf votre respect mon Seigneur, ne serait-il pas plus judicieux d’envoyer toutes les infanteries plutôt que vingt soldat ? » demanda-t-il la voix tremblante.

« Je ne compte point attaquer une nouvelles fois, du moins, pas dans l’immédiat… Avec ces vingt soldats tu vas te joindre à ces paysans, et tu vas leur dire que je suis impressionné par tant d’ingéniosité, tu vas aussi leur dire que dans ma grande charité d’âme, je pourrais laissé leur petit village en paix à une seule condition… » lui disais-je.

Le petit gnome s’était pétrifié lorsque je lui avais dit qu’il allait à la rencontre de ces villageois avec seulement vingt soldats, et qui plus est non point pour les tuer, mais pour parlementer avec eux…

« Mais… Maître, ne serait-il point plus aisé que de les tuer sur le champ plutôt que de tenter une négociation qui sera certainement vaine… N’oubliez pas qu’ils ne veulent plus être sous votre joug… » répondit-il en baissant la tête.

« N’ose plus me reprendre Grioth, je ne serais point aussi clément la prochaine fois… Mais toutefois tu as raison, ils ne veulent plus être sous mon joug, mais je pourrais bien les utiliser à ma guise… Réfléchis Grioth ! Ils pourraient répandrent ma propagande à travers tous les Royaumes Oubliés, je pourrais les faire attaquer n’importe qui de n’importe quel bords, il me suffirait simplement de les manipuler, chose qui est aisée pour moi… En contre partie je leur ferais miroiter leurs rêves les plus fous… Et quand le moment viendra… Le Mal trouve toujours sa voie… » disais-je d’un ton dépravé.

Une fois que j’eus fini de parler, un sourire narquois s’affichait sur le visage du petit gnome. Celui-ci avait plutôt l'air satisfait de mon plan machiavélique, ainsi il se mit en route, un drapeau blanc à la main, avec les vingt soldats que je lui avais octroyé. Le tonnerre commençait à gronder, il ne restait que peu de temps avant que la pluie ne se mette à tomber. Le gnome marcha dans la marre de sang qui se situé à quelques pas de l’entré du village, là où se trouvait les mutins en ce moment même. Mais soudain une éclaboussure de sang tâcha le drapeau blanc…

« Aïe aïe aïe… J’espère que ces bougres comprendront que tu es bien un drapeau blanc… » dit-il à ce même drapeau en le pointant du doigt.

Il continuait son chemin avec les vingt soldats, puis arrivé à destination, les villageois se montrèrent plutôt hostile, mais de cela, il s’en doutait, il prit donc la parole au plus vite avant que les villageois ne lui sautent à la gorge…

« Villageois de Nergal !!!! Vous êtes accusés de mutinerie, pour ceci, vingt cavaliers vous ont été envoyés, ceux-ci sont tous morts étant donné que les deux derniers ont été tués par sa maléfisiance même ! De plus, vous venez de tuer cinquante soldats, sachez que le Roi Xalendan est impressionné par l'ingéniosité dont vous avez pu faire preuve. Ainsi et dans sa grand charité d’âme mon maître vous propose un temps de paix en échange de certains de vos services ! Ceux-ci seraient négociés seulement, et seulement si vous acceptez tout d'abord cette "trêve" ! » dit-il solennellement.

Une fois son discours fini, il regardait les villageois un par par, les scrutant de haut en bas, tentant de voir une quelconque réaction de leur part, et surtout pour se préparer à courir si la situation tournait en son désavantage...

Un nouveau détachement de soldats arrivait, mais il ne comportait que vingt guerriers. Alors que Amar Sin allait se préparer à lancer l'assaut il remarqua le nouveau groupe de soldats arriver, avec...

Un drapeau blanc ? Pourquoi ont-ils un drapeau blanc ?

Des murmures commençaient à s'installer dans les lignes des villageois, tous étaient surpris de cette quête de diplomatie du sieur Xalendan pourtant connu pour sa rage de combattre et surtout son adoration envers le Mal. Certains même commencèrent à paniquer et encochèrent une flèche sur leur arcs qu'ils bandèrent presque aussitôt. Tous s'exécutèrent et bandèrent leurs arcs afin de lâcher le flot mortel de flèches sur leurs ennemis. Mais aucun ordre de leur chef ne vint... Aucun n'osait tirer sans cet ordre, aucun n'osait prendre ce risque car tous savaient que si ils tuaient ce détachement, ce serait cette fois-ci un détachement bien plus important duquel aucun ne survivrait.

Baissez vos arcs ! Ils font une promesse de trêve avec ce drapeau blanc, on ne peut point passer outre cette requette. Même si cette trêve ne dura que le temps que ces hommes ne soient là, nous ne pouvons pas bafouer les lois de la guerre.

Le gnome à la tête du détachement diplomatique venait de parler, apportant un message dont les villageois de Nergal ne s'attendaient pas. Il voulait apporter une trêve pour les deux royaumes, mais pour cela il y avait une condition qui n'avait pas été citée. Mais tous se doutaient ce que cette trêve allait demander comme sacrifices. Ils allaient devoir combattre aux côtés des armées de Zerande. En faisant cela leurs rêves de liberté seraient toujours existants, mais ils accepteraient de combattre avec le tyran qui les avait autrefois tant opprimés.

Une promesse de paix père il faut l'accepter, nous n'aurons pas d'autres chances de pouvoir prospérer en paix...

Ils vont nous utiliser, nous envoyer combattre des ennemis qui ne sont pas les nôtres ! Nous mourrons pour ce chien et ne serons plus jamais libres ! Je refuse de risquer une fois de plus ma vie pour ce gueux !

Il n'est pas question de se laisser soumettre ! Jamais je ne rejoindrai le joug de Zerande et il est hors de question de mourir pour eux comme il est hors de question de combattre à leur côté !

Se tournant vers le gnome Amar Sin lui dît.

Je souhaiterai m'entretenir avec votre seigneur en personne. Nous sommes conscients des conséquences de refuser ce message de paix, cependant j'aimerai discuter des termes de cette trêve et d'en inclure de nouveaux qui iraient cette fois-ci en notre faveur...

Les villageois furent mécontent de la réponse de leur chef, ceux-ci voulaient en finir au plus vite, même si le dénouement se solderai par leur mort. Après qu’Amar Sin eut fini de parler, le petit gnome prit la parole…

« Huuuuuum… Sachez que mon Maître ne sera point enchanté par cette réponse, vous n’avez plus qu’à espérer qu’il ne vous tue pas tous s’il vient ici même… » dit-il d’une voix à la fois moqueuse et tremblante.

Grioth ainsi que les vingt soldats l’accompagnant se dirigèrent vers le petit camps que j’avais ordonné d’établir en l’attente d’une quelconque réponse de la part des mutins. Le petit gnome, une fois devant moi se mit à genoux, il en fut de même pour les soldats qui escortaient celui-ci…

« Maître, ces gueux n’ont point l’air ravi… En effet, ils se doutent que vous souhaitez les utilisés, certains voulaient même bafouer les dures lois de la guerre en me tuant… Mais cependant, le chef de ces maudits mutins est ouvert à toutes discutions, c’est pour cela qu’il vous demande à vous, Ô grand Seigneur du Mal de bien vouloir vous déplacez en personne afin de discuter des modalités de cette trêve… » me dit-il en pointant du doigt la plaine.

« Et bien… Ce cher Amar Sin ne craint point la mort… Pour cela, je vais accédé à sa requête en allant moi-même à sa rencontre, et seul… » disais-je d’une voix glaciale.

« Mais maître !!! Ils vont tentés quelque chose contre vous !! Après toutes les douleurs que vous leur avez fait subir, après ces années d'asservissement, je vous en prie… » piailla le petit gnome avant que je ne l‘arrête d‘un signe de main.

« Même s’ils le voulaient, ils ne pourraient rien face à moi… Rends-toi utile pour une fois et surveille donc les troupes en mon absence au lieu de débiter je ne sais combien de sottises à la seconde… » lui répondis-je d'un ton sec.

Ainsi, je me mis en route vers le village de Nergal afin de parlementer avec le chef des mutins, Amar Sin… Alors que j’avançais vers le petit bourg, il se mit à pleuvoir des cordes, le ciel devint de plus en plus sombre, l’herbe s’asséchait sous mes pieds, la brume commençait à se former autour de moi, à tel point que les villageois ne distinguaient plus qu’une nébuleuse tâche sombre au centre de cette plaine. Le vent se levait peu à peu, la foudre frappa à trois reprises sur la petite plaine, le Mal était omniprésent, les villageois le sentaient et savaient que j’étais à l'origine de ce dérèglement climatique qui n’avait l’air de prendre effet qu’ici même car au loin nous pouvions distingués un soleil radieux dont les rayons tentaient de percer les nuages noirs…

« Si ton cœur ne connaît point la peur, si tu tiens tant à la vie de ces miséreux, alors diriges toi en ma direction afin de parlementer avec ton ancien Roi… Saches aussi que je ne suis point venu pour que tu tergiverses sur cette trêve. Ma patience à des limites, et si je ne suis point satisfait par la conclusion de notre petit entretien, saches que tu pourras dire au revoir à tous ce que tu aimes en ce pauvre monde… » criais-je en direction du petit village.

Désormais, je n’avais plus qu’à attendre qu’Amar Sin se décide enfin à venir à ma rencontre…

Le gnome et les vingt hommes avaient disparus derrière la colline depuis quelques minutes et les villageois commencèrent à se demander si Amar Sin ne les avait pas tout simplement menés à une mort certaines. En effet, quelques secondes après avoir vu un homme seul descendre à pied la colline, le ciel s'amplit de nuages menaçants. La foudre commença à frapper et la pluie à tomber drue. Les villageois regardèrent le ciel apeurés, tous connaissaient ce phénomène climatique hors du commun car tous l'avaient déjà connus sur les terres de Zerande. C'était le présage d'une grande colère chez leur ancien souverain, c'était également signe de mort...

Il arrive... Amar j'ignore si ton idée de le convier à parler avec toi fût bonne. Mais je pressens un grand danger et j'ai bien peur qu'aucun de nous ne survive à cette journée afin d'en témoigner plus tard.

Amar Sin ne prit même pas la peine d'y répondre, d'ailleurs le silence venait de s'installer chez les villageois. Tous tentaient de distinguer une forme, un mouvement, un bruit dans cette pluie épaisse et ces coups de tonnerre qui semblaient se rapprocher de plus en plus. La peur se lisait sur chaque visage, chaque corps tremblait sous le froid glacial de la pluie, chacun sursautait lorsqu'un coup de tonnerre se faisait entendre. Cela dura plusieurs minutes et chacun se demandait pourquoi il ne profitait pas de cette invisibilité pour fuire au loin. Mais avant même qu'un seul ne craqua une voix se fît entendre malgrés le fracas de la pluie et du tonnerre. C'était la voix de Xalendan et elle appelait Amar Sin à le rejoindre. Mais lui même ne savait dans quelle direction se rendre... Il partit donc droit devant tout en espérant ne pas se tromper.

Il marchait déjà depuis plusieurs minutes lorsqu'il entendît unn bruit de fracassant, comme si quelqu'un frappait son bouclier de son épée. Sans même réfléchir l'homme se dirigea dans cette direction. Seules deux options s'offraient à lui. Soit il s'agissait du sieur Xalendan qui s'impatientait, soit de ses armées qui avançaient pour mettre à feu et à sang le village des mutins. Dans les deux cas il avait très peu de chance de survivre. Une silhouette commença à s'esquisser dans la pénombre et le chef des mutins avança sans hésiter, il ne pouvait s'agir que de son ancien roi.

Alors que le temps se dégradait de plus en plus, non loin de moi une silhouette se dessinait dans la brume, celle-ci s’approchait peu à peu de moi d’un pas hésitant, puis, je le vis… Amar Sin était finalement venu, seul, comme je le souhaitais. Il n’était habillé que d‘haillons, décoiffé, mal rasé, armé d’une épée de premier prix… Cependant, il osait me faire face malgré le peu de moyens à sa disposition, me regardant droit dans les yeux, courage ou folie ? Je ne sais point, mais les hommes comme celui-ci se faisaient rares dans les contrées sous mon joug…

« Enfin nous nous retrouvons mon cher Amar Sin… Je vois que tu as mis tes talents de meneur en exécution… » disais-je en regardant dans la direction d'où il venait.

« J’aurais une question pour toi… Pourquoi as-tu monté une mutinerie contre moi avec ces villageois ? Ne te doutais-tu donc point que des représailles s’en suivraient ? Es-tu aussi sot que cela ? » lui demandais-je d’un ton hautain.

N’ayant aucune réponse de sa part, je lui posa donc une dernière question…

« Encore une chose avant que je ne te laisses la parole une bonne fois pour toute… Que crois-tu obtenir de moi ? Car cela est bien la raison de ma venue n’est-ce pas ? Dis-toi bien une chose Amar Sin, dans ce misérable monde dans lequel nous vivons, nous n’avons rien sans rien, hors je me doute que tu sais déjà quelles sont mes intentions envers toi et tes hommes, je me trompe ? Et hélas pour toi, si tu ne fais rien pour moi, je ne ferais rien pour toi et tes misérables gueux te servant de soldats, bien qu’ils soient entraînés, ils ne tiendront pas face à mes troupes, et ceci, tu le sais aussi bien que moi… » lui disais-je d’une voix glaciale.

La pluie se faisait de plus en plus forte qu’auparavant, le contact de celle-ci avec mon armure provoquait des cliquetis tels des armes s’entrechoquant. La lumière de la foudre de reflétait sur mon casque laissant paraître une cicatrice traversant mon visage de part en part, le vent caressait ma cape, la soulevant de temps à autre. J’avais beau le scruté de haut en bas et vis versa, le chef des mutins était imperturbable, il ne laissait transparaître aucune émotion. Je serrais ma main contre mon épée…

« N’oublie point ce que je t’ai dis il y a peu… Ma patience à des limites, et je suis las d'attendre, je te suggère donc de bien vouloir me répondre au plus vite si tu tiens à ce misérable village… » lui disais-je sur un ton menaçant.

Suite à ces mots, et bien que la pluie tombait à flot, l’herbe nous entourant s’asséchait à tel point qu’elle en devint noire, l’air devenait nauséabond, irrespirable pour les simples mortels, la température monta d’un cran, et le tonnerre se fit plus violent…

Après avoir enfin trouvé le sieur Xalendan, Amar Sin ne pût s'empêcher de sentir un certain respect envers son ancien souverain malgrés la haine qu'il lui a porté durant toutes ces années. Il l'avait écouté parler sans dire un mot ni même tenter un geste en sa direction. Il écoutait ses paroles avec patience et pensait déjà à sa réponse ainsi qu'au ton qu'il emploierai. Mais également au jeu d'acteur qu'il devrait effectuer pour ne pas paraître pour le dernier des sots ou même le dernier des malandrins. Les mots qui sortirent de la bouche du maléfique personnage avaient tout leur sens mais pas au goût du chef des mutins.

Très cher seigneur, en effet je connais vos revendications en venant ici. Même si je l'avoue votre prèsence ne cesse de me laisser sans voix. Je vais tout de même vous faire part de mes attentes concernant mes amis et moi même si cela ne vous siait pas trop.

Avant toute chose, nous refusons de rejoindre votre joug et cela, je ne doute guère que vous vous en doutiez. Cela implique que nos deux royaumes respectent une paix l'un envers l'autre. En contre partie j'engage la totalité du village de Nergal à combattre de nouveau à vos côtés, mais pas n'importe quel ennemi. Mes amis et moi même seront libres de décider quand nous prendrons ou non les armes à vos côtés.

Je souhaiterai ajouter à cela si cela ne vous offusque point que votre royaume nous fournisse un armement moins vétuste pour que nous puissions non seulement mieux nous défendre des menaces extérieures, mais également pour mieux combattre à vos côtés le moment venu. En échange nous nous engageons à vous verser une partie du fruit de notre labeur en homme libres pour payer ce service de votre part.

Amar Sin n'en dit guère davantage, s'agenouilla et tendît son épée à son ancien souverain. Et dans un murmure il ajouta.

Cela n'engage en rien notre soumission et j'espère que vous le savez fort bien...

Il s’était enfin mit à parler, je l’écoutais attentivement, il y mettait les formes et le ton qu’il employa me plaisait… Une fois qu’il eut fini sa réponse, il se mit à genoux devant moi et me tendit son épée en mauvaise état. Je n’en attendais pas plus du chef des mutins, m’offrir ses hommes sans vraiment le faire, ne point attaquer n’importe quel ennemi… Peu à peu, il retournait sous mon emprise, cela n’était plus qu’une question de temps avant que son village ne soit sous mon joug…

« Bien… Je me doutais bien que tu ne te laisserais point faire, ainsi tes conditions sont miennes… Mais gardes donc cette épée en attendant d'en recevoir une nouvelle... » disais-je froidement.

Celui resta béa… Il ne pensait certainement pas à ce que j’accède à sa requête aussi facilement et surtout sans que le sang ne coule. Je levais la tête vers le ciel, la pluie avait cessé de tomber, le vent violent se transforma en une légère brise, le ciel se dégageait peu à peu, laissant les rayons du soleil éclaircir la plaine, la brume, elle, disparu. Seul l’herbe nous entourant resta noir…

« Maintenant que nous sommes liés par cette trêve, je me permet d’inviter mes soldats à nous rejoindre, je suis sur que tes villageois leur offriront le couvert… N’est-ce pas ? » lui demandais-je.

Je n'attendis point sa réponse, et je me retournais donc, face au camp, et je fis un signe de la main afin que Grioth et mes troupes viennent jusqu’à moi. Le bruit de pas des soldats sonnait comme des tambours à l’unisson, rien ne troublait ce qui était une douce symphonie à mes oreilles, sauf la voix fluette du petit gnome qui ne cessait de crier…

« Maître !!! Maître !!! » cria-t-il.

« Quoi ?! » beuglais-je de toute mes forces.

Le gnome tomba les quatre fers en l’air, surpris du ton que j’avais employé, mes troupes aussi s’arrêtèrent net…

« Maître… Devons-nous anéantir ce maudit village ? » demanda le gnome d’une voix tremblante.

« Non !!! Je vous ai appelez afin de festoyer avec ces villageois, à partir de ce jour, comptons-les parmi nos seuls et uniques alliés. » disais-je solennellement.

Le petit gnome resta stupéfait par mes paroles, et ce ne fut point le seul, mes soldats se posaient de nombreuses questions, mais aucun n’osa contesté ma décision, sauf…

« Mais maître… » disait-il en sanglotant, de peur que je ne le batte.

Je me mis à regarder Grioth dans la prunelle des yeux, je me baissais vers lui afin que personne ne puisse entendre ce que j’avais à lui dire à part lui…

« Quelque soit le temps que cela prendra, le Mal trouve toujours sa voie… Ne l’oublie jamais Grioth, jamais… » lui chuchotais-je à l'oreille en lui tapotant l'épaule.

Enfin, je fis signe à mes soldats de se dirigeaient vers l’entrée du village avec Grioth, puis je me retournais vers Amar Sin…

« Après toi, je t’en prie… » lui disais-je d’une voix glaciale.

Je n’attendais plus qu’il ouvre la marche afin de me faire entrer moi et mes hommes dans son village, Nergal….

Amar Sin entrait dans le village avec les armées de Zerande, aucun des villageois n'eut cru qu'ils survivraient à cette rencontre avec le seigneur Xalendan et pourtant il était bien là. Vivant et aux côtés de son ancien souverain... Les villageois semblaient déçus de le voir revenir ainsi, tous pensaient qu'il avait accepté de retourner sous leur ancien joug et que leur vie était de retourner à la servitude. Mais leur chef souriait, il semblait content du résultat de cette rencontre... Il ne pouvait pas avoir décidé de retourner à la servitude et ainsi sourir. Il devait avoir obtenu autre chose que cela. Avait-il réussi à signer une trêve ou davantage ?

Mes bien chers frères ! Préparez les tables pour un banquet. Aujourd'hui nous allons festoyer avec nos premiers alliers !

L'incompréhension était totale chez les mutins, ils étaient désormais alliés avec ce seigneur qui les avait tant exploités pour son simple loisir. Mais sans même chercher à comprendre, ils crièrent de joie car tous savaient qu'une alliance était signe de paix. Cette paix dont ils avaient tant rêvés en construisant ce village, enfin ils pouvaient en jouir pour les jours à venir et davantage si le sieur Xalendan n'avait pas décider d'y mettre fin. Femmes, enfants, vieillards, hommes s'affairaient déjà à mettre tables et nappes au centre du village. Tous riaient et chantaient de cette réjouissante nouvelle.

Sieur Xalendan je vous invite à siéger à ma droite, la place d'honneur que nous réservons habituellement en ce monde pour ce genre d'occasions. Faîtes asseoir vos soldats ou bon vous semblera. Aujourd'hui et pour l'avenir ils ne seront plus les malvenus en Nergal !

La trêve avec les mutins portait peu à peu ses fruits… Les paysans ne se doutaient de rien, ils se contentèrent de crier de joie sans même réfléchir à qui était leur allier… Mes hommes ainsi que moi-même pataugeâmes dans la boue tant bien que mal afin de rejoindre la table. Amar Sin m’invita à m’asseoir à sa droite, ce que je ne refusais point, je fis alors asseoir mes hommes autour de la table, aux côtés des paysans. Puis, dans l’attente du banquet, j’observais le petit village. Des foyers qui s’apparentaient bien plus à des cabanes en bois qu’à de réelles maisons, le sol n’était point de pierre, mais de terre. Nergal était loin d’être un bourg dit avancé…
Quelques instant plus tard, le banquet fut servi, je me levais, un verre de vain à la main, posant mon autre main sur l’épaule d’Amar Sin.

« Habitants de Nergal ! » disais-je solennellement.

En entendant ma voix, le brouhaha qui s’était installé disparu et les yeux furent tous rivés sur moi…

« Aujourd’hui est un grand jour, aujourd’hui nous sommes alliés alors qu’hier nous étions ennemis ! Mais ce temps là est révolu, et sachez que je suis fort content de cela… Espérons que de grandes choses ressortiront de notre entente. A notre alliance !!! » criais-je en levant mon verre plus haut encore qu’il ne l’était déjà.

Les habitants prirent exemple sur moi et levèrent à leur tour leur verre. Ils crièrent encore de joie, puis les conversations que j’avais interrompu reprirent, ils étaient tellement émoustillés, ce jour était un jour de fête pour ces mutins. Grioth et moi nous nous échangeâmes un regard, celui-ci connaissait mes plans pour ces paysans et ce village, un sourire narquois s’affichait sur son visage, je le lui rendis en hochant lentement la tête… La confiance que ces paysans me portaient grandissait peu à peu, à tel point qu’il ne serait bientôt plus qu’une question de temps avant que le Mal ne trouve sa voie en ce petit bourg…

» il fallait bien que ça arrive ;)