[I-K bis] La force massive des brigands de Fardulphe (Infiltration)

Un homme quitta Sacoridie en pleine nuit, il chevaucha à vive allure vers le nord de l’Île.
Il était vêtu de haillons déchirés, nus pieds, sale, puant, l’air hagard mais décidé. Pas de baluchon et pour toute arme, un vieux coutelas mal aiguisé. C’était pourtant un solide gaillard, bien bâti mais Il faisait vraiment pitié à voir.

A l’approche d’un petit bosquet il bifurqua dans sa direction pour s’y introduire. Il mit alors pied à terre, but une bonne gorgée d’eau à la gourde accrochée à la selle, la remit en place et frappa violemment la croupe de l’animal en criant.

- YAAAAAHHH ! va mon fidèle destrier ! Va-t-en là où ta course te mènera !

Le cheval partit au grand galop, l’homme s’enfonça plus profondément dans le bosquet. Il chercha longuement un endroit à sa convenance afin d’y passer la nuit le plus confortablement possible mais surtout le plus à l’abri d’éventuels prédateurs tant quadrupèdes que bipèdes…

Il trouva enfin une petite grotte surplombant une trouée dans la végétation lui offrant une vue bien dégagée sur quelques lieues. Il jeta un gros caillou afin de s’assurer qu’elle ne fut pas occupée par quelque créature malfaisante.

Après quelques instants il entreprit d’emménager sommairement l’endroit en jetant négligemment quelques feuillages à même le sol. Il plaça un branchage épais à l’entrée de la grotte afin de l’occulter, s’installa pour se reposer et finit par s’endormir profondément.

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Le lendemain matin, bien avant le lever du soleil, l’homme fut sorti de son sommel par une famille de sangliers ayant, tout comme lui, décidé d’élire domicile en cet endroit peu accueillant mais protecteur.

- Voilà comment l’on se jette dans la gueule du loup ! lança-t-il à la petite horde à la tête de laquelle un énorme mâle regarda l’homme l’air intrigué par un langage parfaitement inconnu pour lui.

- Ne bouge surtout pas mon gros, Ralph à une petite surprise pour toi.

Ce disant, il ramassa une grosse pierre plate prenant soin de ne pas faire des mouvements trop brusques et ainsi effrayer les bêtes. Il leva ensuite cette pierre au dessus de sa tête, tout en continuant de parler et de fixer droit dans les yeux ce gros mâle qui ne semblait pas se rendre compte que Ralph avait envers lui des intentions belliqueuses ! D’une rapidité foudroyante, Ralph se jeta sur l’animal qui, ne comprenant pas ce qui lui arrivait, se contenta de pousser un énorme « GROUIIIIIIK !!! » jusqu’à ce que la pierre vienne lui briser la nuque le tuant sur le coup ! S’en suivit un mouvement de panique indescriptible de la horde qui s’enfuit, sans quémander son reste, dans un fracas de grognements et de nasillements assourdissants. Le guerrier se releva pour constater qu’il avait réussi à occire la bête sans la blesser qui ainsi conservera son sang le temps nécessaire à la préparation de sa mise en scène.

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Après avoir mis de l’ordre dans la grotte prenant soin d’effacer toute trace de son passage et de la lutte avec le sanglier, Ralph jeta l’animal mort sur son dos afin de ne pas le traîner sur le sol et s’éloigna d’une cinquantaine de pied de la grotte.

Il avait repéré une clairière à proximité de l’orée du bosquet, déposa le sanglier sur un gros rocher, s’approcha de l’orée et aperçut au loin un attroupement assez important de ce qui lui semblât être des guerriers, puis revint vers sanglier avec un air satisfait.

- Ils sont donc bien là ! A nous deux mon gros

Il saisit son coutelas, empoigna la bête, et l’égorgea prenant soin d’arroser de son sang le rocher et ses environs immédiats ainsi que sur ses haillons. Il courut se débarrasser du corps de la bête et revint sur ses pas prenant soin d’effacer les traces de sang et ses marques de pas. Il traversa un buisson épineux prenant soin de s’écorcher tout le corps, saisit son coutelas pour s’entailler profondément les avants bras et le torse. Il se tourna en direction de l’attroupement et hurla de toutes ses forces….

- MORT AU DOUX !!!!!! TRAITRES !!!! AAAAARRRGH !!!!!

- MORT AU DOUX !!!!!! TRAITRES !!!! AAAAARRRGH !!!!!

Ces mots résonnèrent jusqu'au campement...

Quelques instants plus tard une petite troupe d’hommes armés jusqu’aux dents et visiblement sur le qui-vive s’approcha et pénétra dans le petit bosquet. Ralph put commencer sa mise en scène, il commença donc par s’étendre à côté du rocher maculé de sang, et feignit avoir perdu de connaissance, jetant négligemment son coutelas non loin de lui.

Comme il l’escomptait bien le groupe de guerrier finit immanquablement par le retrouver et semblèrent visiblement intrigué à la vue de la scène qui se présenta sous leurs yeux. L’un d’eux ne put s’empêcher de s’exclamer.

- Par les flammes de l’enfer, que s’est-il donc passé en ces lieux. Cet ….. homme ? il est dans un bien triste état ! Son combat a dû être terrible à en juger par la quantité de sang qui a coulé….

Les entailles que Ralph s’était infligé, bien réelles, commencèrent à le faire souffrir et elles avaient saigné abondamment. Il ouvrit un œil, geignit, et parvint juste à dire dans souffle rauque avant de perdre connaissance, mais pour de bon cette fois.

- Mort au Doux, soyez maudits…

Ralph ne s’attendit certainement pas à ce son stratège soit aussi crédible. N’était-il pas allé trop loin ?

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Il se réveilla, en sueur, haletant, dans un état de grande fébrilité. Sa vue mit du temps à s’habituer à la luminosité ambiante. Il se rendit rapidement compte qu’il avait le corps couvert de bandages. La tête douloureuse c’est au prix d’un effort surhumain qu’il parvint à y mettre de l’ordre. Fort heureusement la mémoire fut intacte. Alité dans une vaste tente.

- Mmhmm… où….ss….où suis-je ? Oohhhh ma tête !!!! Depuis combien de.. t .. ….mais combien de temps…. ai-je dormi ? Laissez-moi donc !! Plutôt mourir que servir la cause du Doux….

Une violente douleur à l’épaule l’étourdit un instant.

- Aaaaarrgg ! La mort ne me m’effraie p…

Une voie féminine douce et rassurante lui coupa la parole, il sentit un linge humide et frais sur le front.

- Chhhhht tu as perdu beaucoup de sang, caaalme toi ! laaa… c’est bien ! calme toi.

Il entrouvrit les yeux et aperçut alors une guerrière robuste mais d’une grande beauté.

- Je veille sur toi depuis deux lunes. Tu as eu le sommeil agité. Tu as beaucoup divagué.

Ces derniers mots provoquèrent une vive émotion. « Par tous les Dieux ! me suis-je trahi ? Qu’ai-je donc bien pu dire dans mon délire ? »

- Tu as eu livrer un combat d’une grande intensité, tu as le corps couvert de plaies béantes. Nous n’avons pas trouvé la moindre trace de tes assaillants, il n’est cependant pas possible que le sang versé ne soit que le tien, dans le cas contraire Dame la Mort t’aurais emporté avec elle ! Nous avons juste retrouvé un malheureux sanglier égorgé, il se trouva plus que probablement au mauvais endroit au mauvais moment. Mais que s’est-il donc passé ?

- Je n’en pas le moindre souvenir… j’étais à la recherche de rebelles pour les rejoindre, c’est tout ce dont j’ai souvenance

- Et bien tu n’as plus besoin de chercher mon ami ! Tu es ici dans le campement de Fardulphe ! Le plus grand Brigand que l’Île ait connu…

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Ralph finit par se rétablir, suivit l’entraînement avec les autres Brigands, fut intégré tant et si bien que personne n’y prêta plus grande attention.
Il put dès lors et à loisir se promener dans tout le camp sans éveiller le moindre soupçon afin de faire ce pourquoi cette expédition fut mis sur pieds quelques temps auparavant avec Klothar chef des armées de Thorvald le bon : découvrir les intentions et espionner cette armée.

Par une belle nuit noire alors que tout le camp fut endormi, seuls quelques gardes faisant leur ronde rompant le silence par leur discussion feutrée, Ralph s’isola dans un coin à l’abri des regards indiscrets.
Il sortit d’une doublure dans le col de sa chemise, une jolie plume bleue, c’est une Plumeline (1). Après l’avoir caressée trois fois il la remit en place. A peine ce fut fait qu’apparut comme sorti de nulle part un joli ramier qui vint se poser sur son épaule.
Ralph se contenta de lui dire en guise de bienvenue.

- Content de te voir Cafteur.

Ce à quoi le pigeon voyageur se contenta de répondre par un petit roucoulement interrogateur. Le reste se passa dans le plus grand silence, sans mot dire il regarda le pigeon droit dans les yeux, rédigeant mentalement son message avec un croquis détaillé du camp. Au bout d'un petit moment un petit parchemin apparut à la patte du pigeon qui aussitôt prit son envol, tournoya autour de Ralph comme s’il attendait l’ordre ultime afin de connaître sa destination.

- Va Cafteur ce parchemin doit parvenir à Thorvald et ne traine pas en chemin ! Va ……. prestement.

Le pigeon s’éloigna dans la nuit.

(1)

Spoiler:

Un cafteur avait bien transmis le message de Klothar annonçant l'arrivée prochaine de l'armée de Thorvald.

Ralph n'avait jusque là pas encore agit afin de ne pas risquer de commettre une erreur et être ainsi démasqué.

Mais à présent il en était tout autrement, il lui fallait agir, prestement et de manière intelligente.
C'est un guerrier chevronné, bien entrainé pouvant se permettre de ne pas dormir durant plusieurs lunes.

Il put ainsi agir de nuit tout en conservant le même entrain durant la journée et assurer son entrainement de faux brigand comme si de rien n'était.

Il commença donc ses méfaits et sabota d'abord des catapultes et autres armes lourdes en ciselant légèrement les cordages qui se rompraient alors au premier jet rendant toute utilisation impossible.

Il se ménagea toutefois de longues nuits de sommeil afin d'être vif et alerte lors du combat, il en aurait bien besoin.

Le message reçu mentionnait également le signal de l'assaut, une colonne de fumée noire s'élevant dans les cieux. L'attaque aurait donc lieu de jour.

Ralph ne manquerait pas de scruter le ciel avec attention dans les prochains jours....

Je suis prêt Thorvald.... je suis prêt... faisons mordre la poussière à cette pourriture....

Marmonnait-il comme un appel inaudible lancé vers les nuages.....

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