[I-bis] L'île prépare son insurrection

En ces jours où la rébellion grandissait inlassablement, Keraël marchait dans les étroites ruelles de la capitale de l’île, sans réel but. Sa route n’était guidée que par ses préférences pour une ruelle plutôt qu’une autre. Son pas était lent, posé, et le Dærline ne semblait pas se soucier du monde autour de lui. Par moment, il se permettait d’entrer dans une boutique dont l’étalage était fort alléchant. Mais pourtant, jamais il ne ressortait d’un de ces commerces la bourse plus légère. C’est qu’il n’était pas dépensier Keraël ! Il avait l’esprit pratique, et savait qu’il lui fallait mieux garder ses piécettes pour monnayer ses défenses et bâtir des murailles…
C’est alors qu’il sortait d’un petit commerce, après une violente altercation avec le commerçant qui avait eut le malheur de glisser ses mains dans la bourse du seigneur, que Keraël entendit un homme réclamer le silence sur la place toute proche.

« Insulaire ! Écoutez moi ! »

Il n’en fallut pas plus pour attirer l’attention de Keraël qui s’approcha, toujours avec son pas lent, de la place. Là, il vit sur une estrade, un homme qui prononçait une tirade. L’homme bougeait de ton son corps sur la maigre estrade, et ses mots ne cessaient de s’accumuler, si bien que Keraël en déduit que le discours avait été longuement mûri avant d’être présenté au peuple.

« Je me tiens devant vous aujourd'hui en tant qu'insulaire libre ! Libre de toute forme d'autorité venue d'ailleurs, libre de faire ce qui me parais juste et bon pour notre avenir ! Si vous aussi vous en avez assez de vivre sous le joug d'un tyran à des milliers de lieux d'ici, une seule chose s'offre à vous. Venez avec moi et luttons ensemble sous la même bannière. Celle d'homme libre ! Celle où nos futures générations brandiront fièrement en se souvenant de ce combat que nous mènerons pour notre survie ! »

Lorsque l’homme eut finit de dégrader le nom du doux, un tumulte sans précédant s’empara de la foule. A peine le discours terminé, que le peuple discutait par petits groupes qui argumentaient non pas sur la réalité, mais sur la contenance de ce prêché de rebelle.

« Que tout les hommes braves parmi vous qui souhaitent faire changés les choses s'avancent ! »

Une fois ces mots prononcés, deux seigneurs s’avancèrent près du rebelle, et se retournèrent face à la foule. Mais ensuite, personne n’osa s’avancer, ne serait-ce que d’un pas, le regard du peuple se faisant trop oppressant.
Il y avait trop de sottises qui furent dites ce jour là, sur cette place, pour que Keraël reste muet.

« Taisez-vous tous ! »

Ces mots furent prononcés plus fort que le brouhaha du peuple, et la foule se retourna pour voir qui était l’incongru qui avait osé réclamer le silence. Mais il en fallait plus pour intimider le Dærline.

« Penses-tu vraiment que la présence du Doux ne soit que dérisoire sur l’île ? As-tu seulement réfléchis comment un aussi petit territoire peuplé par autant de races différentes pouvait exister sans un être supérieur qui tient les ficelles ? »

La foule sembla à nouveau captivée par ce discours qui débutait. Ils se demandaient sûrement où aller mener cette nouvelle tirade, et cette curiosité cloua le clapet de toute la place.

« Bien entendu, il y a des guerres ! Mais qu’est-ce que le Doux peut faire contre cela ? Il faut qu’il y ait des morts afin que les nouvelles générations puissent prendre place dans le monde. Non, aucun monde n’est parfait, mais un monde sans la bienveillance du Doux serait un désastre ! »

Keraël laissa le peuple cogiter quelques minutes sur ces paroles, avant de terminer ce qu’il avait à dire.

« Je ne crois pas en votre fantasmagorique histoire de l’injustice du Doux ! Si vous avez été envoyé dans une geôle, c’est que vous êtes un danger pour la société. Et le discours que vous tenez aujourd’hui le prouve ! »

/HRP J’utilise ici un autre personnage : Klothar chef des armées de Thorvald HRP\

Mis au courant de cette insurrection par l’un de nos espions, en l’absence de notre souverain parti guerroyer contre le brigand Fardulphe, je me rendis sur place afin de me rendre compte de la situation, tout en restant dans l’ombre.

Mais j’en avais à présent entendu suffisamment, le débat était en train de prendre mauvaise figure. Je me devais de sortir de l’ombre et discourir à mon tour. Mes hommes de main demandèrent donc aux Sieurs Baraël et Erandil de bien vouloir écouter mes propos.

Je décidai d’orienter et d’argumenter mon intervention en trois temps, l’exorde, la narration et enfin la péroraison.

J’avais l’intime conviction, la ferme volonté de pouvoir éviter des bains de sang tout aussi futiles qu’inutiles et qui à nouveau coûteraient la vie à tant d’innocents.
D’autre part je savais pertinemment que j’avais en face de moi des Seigneurs et non pas de viles fripouilles encanaillées uniquement par l’appât du gain et aveuglées par la soif de puissance.

L’exorde avait pour seule visée de capter l’attention de mon auditoire

Dames et Seigneurs, citoyens et citoyennes, permettez-moi de vous saluer et de me présenter à vous. Mon nom est Klothar la brute, chef des armées et diplomate du Royaume de Sacoridie sur cette même Île. J’ai l’honneur d’être au service du Sieur Thorvald le bon. Lui ne devrait en effet pas vous être inconnu, du moins j’ose l’espérer.

C’est en son nom et celui de notre peuple que je m’adresse à vous.
Me tournant ensuite vers les « insurgés » :

C’est d’abord en qualité d’habitant de l’Île que je prends ici même la parole. Messires, vous prétendez lutter pour la liberté de l’Île et du peuple qui l’habite ?
C’est ma foi fort honorable et tout être possédant un minimum de bon sens ne peut que vous en féliciter. Moi même, en ma qualité d’insulaire je m’incline devant votre idéologie de paix et de liberté, elle est également celle notre peuple.

Je joignis le geste à la parole et effectuai devant les protagonistes une révérence, sans pour autant les quitter des yeux une seule seconde. En me redressant j’entamai la narration, simple exposé des faits, rien que des faits

Cependant il semblerait que la paix ait un prix ! Il semblerait que nous n’ayons tous la même notion de la liberté. Vous ne laissez en effet guère le choix aux insulaires en les menaçant, s’ils ne sont pas de votre côté, de leur vouer une guerre sans merci, quitte en payer le prix par une mort quasi certaine.

Notre peuple a posé le pied sur l’Île fort récemment. L’endroit paradisiaque et chaleureux nous a immédiatement séduit et nous enjoignit d’y rester. Nous décidâmes dès lors de nous y installer avec armes et bagages, afin d’ériger notre Royaume, le faire prospérer et cohabiter dans la paix et l’harmonie.
Jamais il ne fut porté à notre connaissance que l’Île fut sous le joug de telle ou telle Guilde, ni dirigée par tel ou tel Seigneur. Bien entendu nous nous acquittons de notre dîme envers le Doux, mais cela j’y reviendrai.

Je pense que la fin, si honorable soit-elle, ne justifie pas toujours que l’on use de tous les moyens pour y parvenir, surtout si ces derniers mettent en péril les valeurs qui font notre force.

Je me tournai ensuite vers toute la populace amassée en ces lieux.

C’est également en qualité de Gardien d’Ásgård que je m’adresse à vous tous ici présents, hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, orques, nains, elfe, seigneurs, badauds, nobles et artisans.
Je vous l’accord vous ne connaissez encore rien de notre Clan, cela ne saurait tarder, soyez sans crainte.

Tous ici avons le droit de respirer le même air, de boire l’eau des mêmes rivières, de nous réchauffer des rayons du même soleil, de fouler du pied la même herbe verdoyante, d’écouter les mêmes oiseaux piaffer, de chevaucher sur les mêmes contrées, tout en conservant nos propres idéaux, tout en disposant de notre droit de penser, sans pour autant vivre dans la perpétuelle crainte de terribles représailles.

Nous ne revendiquons pas la propriété de l’Île car nous n’estimons ne pas être en droit de le faire.
Nous ne désirons pas imposer aux « Pingouins » quelconque ligne de conduite.
Nous ne désapprouvons en rien votre identité, mais ne pouvons approuver votre idéologie ni vos arguments.

Nous prétendons simplement au droit de pouvoir vivre sur ces terres immergées en toute quiétude sans pour autant devoir faire parler la poudre ni faire tinter le fer de nos épées.

Ces terres sont vastes et peuvent accueillir nombre de Royaumes indépendants, les ressources sont suffisantes. L’Île peut devenir le fief d’autres Guildes.

Les Gardiens d’Ásgård ne veulent en aucun cas imposer ici leurs idéaux.
Nous ! Gardiens d’Ásgård avons choisi de nous établir dans les Royaumes Oubliés afin d’y maintenir l’ordre, et de le rétablir là ou il a disparu.


Je restai un long moment silencieux, tout comme mon assemblée. Des regards se croisèrent, je vis des visages interrogateurs, d’autres inquisiteurs à aucun moment je ne ressentis quelconque menace.

Mes dernières paroles seront celle d’un citoyen d’Agueraton qui a juré de respecter le Doux pour ce qu’il a fait et non pas de le mépriser pour ce qu’il n’a pas fait.

Que pouvons-nous reprocher au Hangrateur ? De ne pas être présent ? De ne pas se montrer ? Non je ne pense pas que vivre reclus soit répréhensible.

Quoi d’autre alors ? La dîme ? Pouvons-nous reprocher au régent d’un peuple d’imposer une taxe ? L’a-t-il seulement imposée ! Que nenni !! Je vous rappelle que cette dîme servit autrefois à la reconstruction des villes, des bâtiments, des palais et des Royaumes qui firent jadis la fierté du peuple. Mais une fois la reconstruction achevée la dîme fut maintenue en hommage à Arélandir pour le remercier d’avoir libéré le peuple du désordre et de l’emprise du Seigneur noir.

Mais le temps efface bien malheureusement de nombreuses mémoires, où alors ces mémoires aiment à se souvenir uniquement de ce qui les agrée, ce qui peut servir leurs sombres desseins.

Certes le Doux n’est en aucune manière une être supérieur, il est fait de chair et de sang. Il connut également en peu de temps les joies de l’amour et le chagrin causé par la perte de l’être cher, je veux bien sur parler de Demoiselle Lindel.
Certes le Doux a connu des faiblesses, comme tout être vivant en ce bas monde.
Mais avons-nous le droit de le juger et le condamner pour ses faiblesses ?
Non ! Non et encore non ! Si le Régent se doit de soutenir son peuple, ce même peuple se doit de soutenir son Régent dans les moments pénibles de sa vie.

Cependant, il a commis une maladresse monstrueuse, qui je vous le concède aurait pu avoir des conséquences désastreuse !

Son plus grand manquement fut certainement de faire pleine confiance à cet individu pompeusement nommé Intendant, cet homme fort peu scrupuleux qui prenait plaisir à se pavaner devant le peuple. Il a payé de sa vie son infidélité au pouvoir en place. Oui Messires ! L’INTENDANT N’EST PLUS !

Confiance mal placée, ce fut bien là grande étourderie de la part du Doux. Mais mérite-t-il le destin fatal que vous lui réservez pour cette raison ? Une fois de plus je dis non !

La rébellion sur le continent touche à sa fin, les derniers bastions rebelles tombent les uns après les autres. La Dame rébellion n’aura le dernier mot, Eolia a été démasquée et sa perte n’est plus qu’une question de temps. Le général Griffon aura vite fait de reprendre les rennes du pouvoir, ce fut bien lui le plus précieux et fidèle allié du Doux.

J’en avais presque fini de ma narration, l’assemblée resta silencieuse et ainsi respecta mon droit le plus légitime, le droit de m’exprimer. Les visages restèrent neutres de tout sentiment, et de toute expression. Je poursuivis en haussant le ton de ma voix, ponctuant chaque phrase de bref silence

Admettre que l’on a pu se tromper n’est pas couardise, revenir sur ses décisions n’est pas lâcheté.

Nous ne voulons aucunement vous rallier à la cause du Doux, vous êtes libres de vos pensées et de vos opinions.

Nous ne poursuivons aucun noir dessein, ne voyez point dans mes paroles la moindre tentative de traitrise, car le jour viendra où ces paroles seront couchées sur le parchemin pour la pérennité du peuple Viking, et celle du peuple d’Aguératon.

Je vous demande solennellement de considérer tout ce que je viens de vous dire, je vous demande solennellement de revoir votre position, et ainsi éviter un nouveau bain de sang.

Vous voulez l’indépendance de l’Île ?

Je laissai la question en suspend un bref instant, de nombreux citoyens opinèrent d’un mouvement de tête, j’aperçus moult faciès affichant des sourires approbateurs. Je me devais de conclure rapidement et trouver les paroles justes. Je me tournai à nouveau vers les « insurgés » et entamai donc la péroraison, l’assaut final.

Vous voulez l’indépendance des terres de l’Emeraude ? Et bien Thorvald aussi le veut, alors plutôt que de nous entretuer dans de féroces combats sanguinaires et meurtriers, unissons nos forces !

Je vous le répète nous ne sommes pas vos alliés mais ne nous considérez pas pour autant comme vos ennemis. Je ne parle pas ici d’alliance ou de pacte mais bien de nous unir dans un but unique et commun.

Nous vous proposons « l’union pour l’indépendance » en lieu et place de « rébellion et insurrection ».

Allons conjointement à la capitale, pousser le Doux à sortir de son mutisme et mettons-le face à ses responsabilités.
Sollicitons de conserve auprès de lui notre indépendance par la voie diplomatique.
Mettons un terme à ce désordre, soyons humbles et de cette manière montrons aux autorités que nous sommes à même de diriger l’Île par nos propres moyens.

Ce fut là ma conclusion, le sort en fut jeté. Je sentis chez les citoyens comme un soulagement, et j’avais, je pense, semé le doute dans les esprits rebelles. Un silence pesant s’installa

Je vous remercie de l’attention que vous m’avez accordée, prenez le temps de la réflexion.
Je vais à présent regagner mon Royaume. Thorvald y sera de retour sous peu et bien entendu ravi de vous y recevoir.

Je saluai l’assemblée, grimpai sur ma monture et avec mes hommes nous nous éloignâmes rapidement sans avoir laissé à quiconque le temps de me répondre, tels furent les ordres de mon Souverain

J'écoutais les paroles des seigneurs de l'île réclamer une indépendance vis à vis d'un continent que je ne connaissais même pas, n'ayant aucun royaume à gérer, aucun soldat à mes ordres, et aucun héraut pour me raconter les faits dans le monde, il était normal pour un simple habitant de l'île et jeune propriétaire d'un magnifique navire gagné à la taverne de ne rien connaitre du continent.

Intrigué à voir la population de l'île se plaindre, je m'avança d'un pas sûr et maladroit pour prendre la parole devant tous.

-Je ... pense que ... qu'il est temps de réagir !

Je remarquais que personne ne prêtait attention à moi, je n'avais plus cas baisser la tête et à suivre les plouks dans les guerres des seigneurs de l'île; enfin moi je ne voulais pas de cette vie là, après tout j'ai mon navire qui n'attend plus qu'un équipage, je pourrais louer mes services aux seigneurs de l'île, et devenir un héros, ou bien mourir écrasé par un boulet de canon ...

M'éloigner aurait été la meilleure solution pour m'éviter des problèmes, mais avoir une vie de plouk n'était pas jouissif, alors je sortis de ma veste un vieux tromblon que j'avais dérobé à un marin, je pointa l'arme en l'air et amorça le mécanisme et un coup de feu retentit, j'avais attiré l'attention de tout le monde vers moi...

-Euh ...

J'entendis les armures des gardes qui avançait vers moi, je devais trouver une quelque chose à dire et partir, car un plouk armé est un plouk enfermé...

-Les chefs du continent nous exploitent, moi et mes frères travaillons plus pour eux que pour nos seigneurs, c'est une honte !
-Je n'oublie pas bien sûr leur forces militaire trop présente sur nos terres, qui se servent quant ils veulent, nous devons nous défendre pour notre liberté mes seigneurs.

C'est tout se que j'ai réussis à dire, seulement quelques mots maladroits et ignorant, je n'arrive même pas à mettre ma main sur mon fourreau tellement je stresse...