Echanges entre sages [Privé]

Les murmures du passé

Citation :: L'histoire ne retient de nos aventures que nos prouesses les plus éclatantes, le monde n'a t-il pas retenu les grandes épopées autour d'une lance et n'a t-il pas oublié des seigneurs qui bien que simples œuvrèrent tout au long de leur vie pour le bien. L'histoire n'est qu'une page, lourde et grande sur laquelle le vainqueur inscrit les mots qu'il désire, oubliant les bassesses auquel il prit part, ne retenant que l'éclat de sa victoire qui aurait dû être éphémère. L'histoire n'a de sens que celui que l'on lui donne. Je préfère oublier cette histoire et écrire à l'aide de ma plume la mienne, je préfère oublier les batailles et glorifier les paix. Je préfère mille fois la douceur de mon foyer à l'ardent brasier du combat. L'histoire ne se souviendra donc pas de moi, elle m'oubliera car dans toute ma vie je n'avais qu'un seul but, apprendre. Et c'est cette connaissance qui fait aujourd'hui de moi un homme que l'on dit sage et que pourtant les siècles effaceront de leurs lourdes empreintes...

Eques
Le silence hurlant d'une vie

Le lourd livre se referma laissant s'échapper l'odeur des parchemins âgés. Le sage releva la tête et de ses mains essuya les gouttes de transpiration qui perlaient sur son front. Les lumières des bougies commençaient à s'éteindre, la vie de ces longs cierges allaient s'arrêter et personne ne se souviendrait de l'utilité qu'ils eurent. Le lecteur, habillé d'une cape blanche, pur et soyeuse, ouvrit le lampion et remplaça les bougies de sa main encore tremblante du texte qu'il venait de lire. Il récupéra les bougies usagées et les mis dans un sac, voilà l'histoire venait de tirer un trait sur elles. Elles n'avaient plus de place dans notre monde et pourtant elles auraient pu devenir des reliques sacrées, ayant éclairé au milieu de l'obscurité un roi passé, ayant sauvé du froid un seigneur inconnu. Elles auraient pu avoir leur histoire et pourtant, elles ne feraient même pas parti du passé. Le sage enleva la capuche qui tout du long de sa lecture l'avait protégé des mauvaises pensées. C'était devenu un rituel pour lui, se cacher sous une capuche pour s'enfermer dans son propre monde et faire abstraction de tous les tracas qui lui menaient la vie dure. Enlevant donc sa capuche il révéla aux livres et aux parchemins son visage rugueux et fatigué de cette vie sans but.Il révéla le visage de celui que l'on nommait le Dux, de celui dont on disait qu'il était un grand Capitaine, de celui que la plupart du monde haïssait, de celui que l'on nommait Klaedr, le Nain, Roi de la Thalésie...

Klaedr après avoir enlevé sa capuche ferma les yeux, il s'imagina deux secondes avec Elle, il s'imagina vivant encore à ses côtés. Il s'imagina heureux dans une vie qui n'était pas la sienne, il s'imagina libre, il s'imagina. Puis il rouvrit ses paupières, révélant ses yeux cernées mais profond, ses yeux étaient bleus, un phénomène rare chez les nains, un phénomène sûrement dû au fait qu'il avait passé son enfance dans les mines de la septentrional Thalésie à tailler des saphirs, des joyaux qui au fil du temps avaient transformés la couleur enfantine de ses yeux en la couleur profonde des fonds inexplorés. Le manuscrit qu'il venait de lire avait été écrit par Eques, le premier qui arpenta vraiment la voie de la Quête. Son lointain aïeul, dont il l'était l'héritier par la pensée, avait en son temps voyagé en des territoires que l'homme ne connaissait pas, il avait parcourut des sentiers inexplorés découvrant la signification de mots tel que "Sagesse" et "Honneur" . Et pourtant l'histoire n'avait pas retenu son nom, elle l'avait modifié à son gré, avait manipulé sa vie traçant des fausses embuches, des fausses histoires. Elle l'avait pris dans son éternel passage mais n'avait gardé de lui qu'une trace déformée. Et seuls quelques hommes vénéraient encore aujourd'hui l'homme qu'il était alors à l'époque. Tristesse était le mot qui tentait de s'échapper de la gorge du Nain. Le texte, choisit au hasard parmi tout ceux présent dans ce manuscrit, était plein de signification, de réponses mais il renvoyait aussi des questions auquel aucune personne ne pouvait répondre seul. Et perdu dans les abysses sinueuses et dangereuses de la pensée, Klaedr en oublia le temps, se remmémorant comment il découvrit ce livre, Manuscrit parmi les manuscrits...

Klaedr cherchait alors des réponses après son énorme désarroi au retour de son voyage. Il venait de découvrir la vérité sur la manipulation dont il avait été la première victime. Dans cet abomination, il entraîna des hommes, droits et honnêtes. Ces hommes prêt à donner leur vie pour Eques et le Cercle. Malheureusement il s'était avéré que l'histoire qu'ils chérissaient tous n'était que duperie et fourberie. La vérité leur avait été révélé à deux d'entre eux. Tout d'abord, lui Klaedr et ensuite Elhandil, Fils d'Eques, futur grand sage de ces Royaumes. Cette vérité les frappa comme un serpent, elle les mordit et le venin s'insinua dans leurs veines. Klaedr fut probablement le plus touché. A son retour, il tourna en rond maugréant sur la vie et ses aléas.Il finit par se décider à chercher des traces qu'Eques aurait pu laisser en ce monde. Il chercha tant et si bien qu'il trouva des réponses. Il se trouvait alors au bord d'une cascade, l'eau marchait lentement sur le haut de la falaise, accélérant allègrement sa marche pour finir dans une course effréné en bas de ces chutes. L'herbe florissant le vallon, poussait de toute part, tantôt folle tantôt dominée. Et là Klaedr y parvint, on ne sait comment on ne sait pourquoi. Fortune le poussa peut être, la Quête l'envoya là certainement. Quoi qu'il en soit, Klaedr revêtis d'habits de cérémonies se trouvait là dans un somnambulisme à la limite du fanatique. Il scandait sans cesse le nom d'Eques et les cinq principes du Cercle. Puis là l'eau se fendit en deux laissant émerger un rocher duquel s'écoulait tranquillement l'eau. Sur ce rocher, il y avait un livre. Sans raison, sans but apparent il s'ouvrait à Klaedr qui sortant de sa transe s'éveilla à un nouveau monde de sagesse et de compréhension. Le Nain tenait en ses mains, les écrits d'Eques, les écrits d'une vie...

Le Nain sortit alors de ses souvenirs et remarqua que le jour commençait à se lever, l'aube lentement venait pointer ses délices aux fenêtres de l'île d'Eques. Dehors les coqs entamaient leurs chants de rassemblement et de réveil, dehors les oiseaux débutaient leurs parades amoureuses, roucoulant d'amour et le Nain lui dans sa tour n'avançait pas. Il était toujours tourmenté par le texte qu'il avait lu dans la nuit, il ne savait à qui parler, à qui confier les plus profondes de ses pensées. Il était seul sage de ces terres, gardien d'un savoir inestimable que l'histoire telle qu'on l'enseignait aux enfant n'imaginait même pas. Les yeux perdus dans le foyer d'un feu qu'un serviteur avait ravivé dans la nuit, le Nain cherchait et alors la solution se dessina dans les légères braises qui dansaient encore, une solution ou plutôt un visage. Des oreilles apparurent et un visage gracieux bien que blessé par de trop nombreux combats se traça. Elhandil se fit alors plus clair dans le feu mais aussi dans l'esprit de Klaedr. Comment avait il pu ne pas penser à lui, cet homme qui serait plus tard son héritier, cet homme à qui il pouvait tant offrir et duquel il savait pouvoir tant recevoir. Une idée apparut alors dans les pensées du Nain, un vague soupir qui se transforma en hurlement. Il savait ce qu'il avait à faire...

Citation :

Elhandil, je ne sais où tu es en ce moment, je ne sais quelle tâche tu tentes d'accomplir mais saches cependant que mes pensées t'accompagnent, je joins à toi ma force et mon courage, sache que tu n'es pas seul. Tu n'es pas sans savoir que depuis notre retour de cette île je passe des heures à réfléchir, à penser sur beaucoup de choses, stupides pour la plupart j'en conviens mais qui me hantent comme une ombre qui ne voudrait pas quitter ma chambre. J'ai découvert un livre, écrit par Eques et je ne cesse de vouloir le dévorer, le lire d'une traite mais mon esprit est trop ouvert et chacun des essais philosophiques que cet homme fit me renvoi à notre époque. Je me pose les mêmes questions qu'il se posa il y a 500 ans, je me demande les mêmes choses et je doute tout comme lui. Et dans ce doute, j'étais incertain et connaissant ta valeur et tes pensées justes, j'ai su qu'il y avait en toi un sage qui n'attendait qu'a être réveillé. C'est pourquoi je t'écris ces mots, voulant savoir ce que tu penses de telle ou telle chose. Notre correspondance pourrait nous apporter énormément si tant est que nous soyons assidus à cette tâche...

Klaedr arrêta d'écrire, s'étonnant de l'étrange finesse et rapidité à laquelle sortaient de sa plume les mots, il comprit qu'en choisissant de parler à Elhandil il avait fait le bon choix, il avait ainsi trouvé un alter ego parmi ses terres, un homme dont, comme lui, l'esprit n'avait ni barrières ni frontières. Un homme qui pouvait penser et réfléchir sur la vie et bien d'autres choses. Le nain trempa la plume de faucon qu'il tenait entre les mains dans un encrier aux armures du Cercle. Il secoua sa plume laissant couler l'encre puis reprit sa lettre

Citation :

Voici donc le soucis qui me hante, quel souvenir garderas t-on de nous dans les siècles à venir, quels souvenirs garderont ils de ce qui aujourd'hui nous parut un exploit. Qu'est ce que l'histoire écrira de nous ? Serons nous des tyrans ou bien des philosophes ? Seront nous des martyrs sacrifiés pour un dieu inconnu ou bien des héros idolâtrés par les écoliers ? Je ne sais guère ce que nous réserve cet avenir que Fortune peut faire tourner de sa grande roue. Du passé au contraire j'ai appris énormément. Nous avons oublié des aventures qui auraient dû être chantées et clamées par les seigneurs en quête de vertu. Nous avons dans notre stupidité fracassante détruit des milliers d'ouvrages sur un autel nommé Barbarie et Ignorance. Nous avons omis de relater les grandes épopées de nos pères et les quelques quêtes que nous parvînmes à exhumer de leurs cimetières ne sont que des vêtements recousus maintes fois et n'allant plus à personne. N'avons nous pas manipulé l'histoire à notre gré oubliant les supercheries avec lesquelles nous dupâmes nos ennemis. Ne sommes nous pas nous mêmes nos propres ennemis. Imaginons que l'histoire fut écrite par un seul et unique homme. Alors, objectivement il aurait relaté du même point de vue tous les faits mais voila la réalité, l'histoire n'est qu'un gigantesque patchwork comme le dise les habitants d'une île lointaine. J'aimerais donc savoir ce que tu penses de tout cela Elhandil. Crois tu que l'histoire soit destinée à n'être qu'un simple revêtement de nos passés ? Crois tu que l'histoire ne soit qu'une brume cachant nos vies ? Crois tu que si j'écrivais mon histoire on la retiendrait dans 100 ans? Crois tu que l'histoire n'existe pas ?

Klaedr arrêta une nouvelle fois d'écrire, il bougea les articulations de sa main et regarda les dernières braises du feu s'éteindre, il regarda le soleil qui touchait presque l'horizon désormais et soupira. La vie était trop courte pour tant réfléchir, mais il est du devoir de ceux qui le savent de sacrifier leur vie pour un savoir qu'ils légueront en héritage. Le Nain reprit sa lettre pour la terminer

Citation :

Et c'est sur ces questions auxquelles j'espère tu sauras tracer une esquisse de réponse que je te laisse, les oiseaux volent haut dans le ciel ensoleillé aujourd'hui et ma vie est pour la première fois depuis bien longtemps égayé de quelques facéties.

En espérant qu'Eques guide tes pas et que tu connaisses point la chute

Klaedr, Sage perdu

Le nain roula le parchemin sur lequel il avait écrit cette lettre de son écriture si fine et si petite puis la scella du sceau du Cercle. Un puits au dessus duquel scintillait les étoiles. Klaedr ferma les yeux et les rouvrit quelques secondes plus tard après avoir sifflé doucement. Un immense faucon dressé par un serviteur de Klaedr arriva. Le nain lui remit la lettre et lui murmura à l'oreille quelques mots d'encouragement. Il ne nomma pas le destinataire, il savait que le faucon le trouverait et comprendrait qu'il s'agissait d'Elhandil.
L'oiseau s'envola par la fenêtre qui avait été ouverte par un serviteur et parcourut des distances incroyables en très peu de temps avant de finalement parvenir à Elhandil et à lui remettre la lettre de Klaedr. Le faucon attendit ensuite une réponse à faire parvenir au Dux du Cercle qui pendant ce temps là était dehors, allongé dans l'herbe profitant du soleil et du calme, chose qu'il n'avait pas faite depuis bien longtemps, en attendant le cri si particulier du faucon qui voudrait dire qu'Elhandil avait fait le premier pas sur la voie de la sagesse et que Klaedr s'y enfonçait un peu plus...

Quelque part dans le royaume d’Asternel, près d’une cascade qui reflétait les rayons lumineux et donnait au lieu une ambiance magique, une petite maison s’est incrustée dans le paysage. A l’intérieur de celle-ci, une chandelle est éteinte. Des traces imperceptibles de cire étaient présentes sur la table. En face de la chandelle, un livre ouvert où un rayon de soleil éclairait des écritures vieilles et délavées
Pencher sur ce livre, un homme. Elhandil avait des cernes sous les yeux, des yeux blafards. Sa main suivait les lignes une à une pour enfin arriver à la fin d’une page. Alors, la main tourna une page et l’histoire continue. Etonnant comme un lecteur peut-être un dieu… Il décide de continuer ou d’arrêter l’histoire. Et si tout n’était qu’un roman ?

Des yeux observent les lettres, puis le mot et enfin la phrase. Abaissement des paupières. Long soupir. L’homme se lève et lance un regard par la fenêtre, ouverture vers le monde. Il sort et respire l’air. Des pensées l’assaillent. Que sont donc les livres ? Des moyens de propager des idées, ou bien un moyen de sentir immortel ? Tant que l’ouvrage est intact, notre manière de penser reste et nos idées continues a vivrent.
Non, l’esprit fatigué s’égard sur des méandres inconnues. L’écriture est un moyen de sauvegarder des découvertes, un vécu. Mais les autres ? Ceux qui n’avaient pas laissés des traces ? Ceux-là, qui se souvient d’eux ?

Elhandil plonge ses yeux dans la contemplation de la cascade. Cette eau a-t-elle connu les grandes batailles de jadis ? A-t-elle vécu le bonheur, l’ivresse de l’espoir ? Et si l’eau avait une conscience ? Que penserait-elle des hommes ? Eux qui ne cherchent que leur malheur ?
Le jeune seigneur se dévêtit, entra dans l’eau glacée et se détendit. La connaissance… La sagesse… Murmure de l’eau, caresse du soleil. Le calme de ce lieu est propice aux réflexions et à la compréhension de soi-même. Que voulait donc Elhandil ? Etre connu ? Avoir une belle et sage femme ?
Non. Il savait juste qu’il cherchait la connaissance afin de la retransmettre. Cependant, que se passerait-il si les hommes n’étaient pas près à utiliser celle-ci, si ils la mettaient au profit de la violence et de la bêtise ? Cela vaudrait-il le coup ? L’homme n’était-il donc pas capable de se gérer ? N’était ce donc pas cela, le libre arbitre ? Même s’il en venait à se détruire….
Elhandil secoua la tête. Peu habituer à se laisser aller de cette manière. Il se détourna et alla pour rentrer dans la maisonnée lorsqu’un bruit le stoppa. Bruissement de plumes. Petit cri aigu. Le seigneur vit un faucon posté sur une branche.... Un faucon qui portait un parchemin qui semblait minuscule comparée à sa taille... L'oiseau semblait vouloir qu'Elhandil prenne le parchemin. Ce que fit Elhandil. Il le déroula puis entra dans la maisonnée. Il s'installa et commença à lire la lettre.

Citation :: Elhandil, je ne sais où tu es en ce moment, je ne sais quelle tâche tu tentes d'accomplir mais saches cependant que mes pensées t'accompagnent, je joins à toi ma force et mon courage, sache que tu n'es pas seul. Tu n'es pas sans savoir que depuis notre retour de cette île je passe des heures à réfléchir, à penser sur beaucoup de choses, stupides pour la plupart j'en conviens mais qui me hantent comme une ombre qui ne voudrait pas quitter ma chambre. J'ai découvert un livre, écrit par Eques et je ne cesse de vouloir le dévorer, le lire d'une traite mais mon esprit est trop ouvert et chacun des essais philosophiques que cet homme fit me renvoi à notre époque. Je me pose les mêmes questions qu'il se posa il y a 500 ans, je me demande les mêmes choses et je doute tout comme lui. Et dans ce doute, j'étais incertain et connaissant ta valeur et tes pensées justes, j'ai su qu'il y avait en toi un sage qui n'attendait qu’à être réveillé. C'est pourquoi je t'écris ces mots, voulant savoir ce que tu penses de telle ou telle chose. Notre correspondance pourrait nous apporter énormément si tant est que nous soyons assidus à cette tâche...

Elhandil sourit. Ainsi, Klaedr se posait les mêmes questions que leur mentor, Eques... Depuis la révélation des anciens, lui et Klaedr avait sombré dans le doute et l'incertitude. Mais leur envie de connaissance et leur désir de la partager les avaient sauvés des abysses...Il prit une plume, une feuille vierge, et commença à rédiger une réponse:

Citation :: Klaedr, le fait que tu te poses ces questions prouvent ta sagesse. Sache que toi non plus tu n'est pas seul. Le Cercle t'accompagne dans tout ce que tu fais, dans tout ce que tu veux faire... Tu ne seras jamais seul car nous ne sommes qu'un, les membres du Cercle et toi. Comme j'aurais aimé être avec toi lorsque tu as trouvé cet ouvrage, comme j'aurais aimé être avec toi alors que tu le déchiffres. L'extrait que tu m'as joint est si bien... Qui ne se poserait pas ces questions à ta place ? Cependant, veille à ne pas sombrer dans les méandres de ton esprit. Tu doutes, c'est normal pour quelqu'un comme toi, qui veux le bien du monde. Le doute est une force puissante et utile, mais veille à ce qu'elle te porte toujours vers l'avant. Tu es fort, petit père, et tu ne referas pas les mêmes erreurs qu'Eques jadis. Je vais tenter de répondre à tes questions comme je le peux, car je ne suis pas sage, et je connaîtrais la chute, comme tout être en ce monde, mais j'essayerais de t'aider, en même temps, je tirais des conclusions de nos échanges...

Un cri d'oiseau le fit sortir de son écriture. Elhandil sortit de sa torpeur... Ecrire avait été si simple, les mots coulaient tel un fleuve. Il sortit pour aller apporter de la nourriture à l'oiseau... Après quoi, il continua à écrire. Il regarda le sceau de la lettre... .Un puit sous un firmament d'étoiles... La signe du Cercle.

Citation :: Voici donc le souci qui me hante, quel souvenir garderas t-on de nous dans les siècles à venir, quels souvenirs garderont ils de ce qui aujourd'hui nous parut un exploit. Qu'est ce que l'histoire écrira de nous ? Serons-nous des tyrans ou bien des philosophes ? Seront nous des martyrs sacrifiés pour un dieu inconnu ou bien des héros idolâtrés par les écoliers ? Je ne sais guère ce que nous réserve cet avenir que Fortune peut faire tourner de sa grande roue. Du passé au contraire j'ai appris énormément. Nous avons oublié des aventures qui auraient dû être chantées et clamées par les seigneurs en quête de vertu. Nous avons dans notre stupidité fracassante détruit des milliers d'ouvrages sur un autel nommé Barbarie et Ignorance. Nous avons omis de relater les grandes épopées de nos pères et les quelques quêtes que nous parvînmes à exhumer de leurs cimetières ne sont que des vêtements recousus maintes fois et n'allant plus à personne. N'avons nous pas manipulé l'histoire à notre gré oubliant les supercheries avec lesquelles nous dupâmes nos ennemis. Ne sommes nous pas nous mêmes nos propres ennemis. Imaginons que l'histoire fut écrite par un seul et unique homme. Alors, objectivement il aurait relaté du même point de vue tous les faits mais voila la réalité, l'histoire n'est qu'un gigantesque patchwork comme le dise les habitants d'une île lointaine. J'aimerais donc savoir ce que tu penses de tout cela Elhandil. Crois tu que l'histoire soit destinée à n'être qu'un simple revêtement de nos passés ? Crois tu que l'histoire ne soit qu'une brume cachant nos vies ? Crois tu que si j'écrivais mon histoire on la retiendrait dans 100 ans? Crois tu que l'histoire n'existe pas ?

Elhandil lut avec attention ces mots, symbole de douleur invisible et de questions douloureuses.... Il se devait de répondre ainsi qu'il le pensait, afin que leurs échanges ne soient pas vains. Il recommença de nouveau à écrire, d'une calligraphie fluide et rapide...

Citation :: Klaedr, comme tu l’as dis, l'histoire n'est qu'un patchwork conçu par les vainqueurs. Chaque un arrange l'histoire à sa manière pour que l'ont trouve une raison logique à leurs actes... Ainsi, ce ne sont guère les plus intelligents ni les plus avancés mais ceux qui ont le moins de scrupules... Que penseront les nouvelles générations ? Nul ne peut le dire, nul ne peut le savoir. Nous devons faire notre chemin, parcourir la longue route qu'est la vie, et toujours être en accord avec nous mêmes... L'histoire sera écrit par le vainqueur, c'est à nous de faire en sorte d'être ce gagnant pour dévoilé petit à petit les mystères qui nous entourent et ne pas laisser sombrer le monde dans la barbarie ni l'ignorance... N'y voit aucun prestige dans ce que je dis, seulement, dans l'état actuelle des choses, peu en ce monde veulent sacrifier leur vie pour la connaissance et la sagesse... Pourquoi donc réfléchir et s'assagir alors qu'être mauvais est si facile ? L'ignorance, en ce monde, est signe de puissance. L'ignorant à plus de chance que le sage car il ne se posent pas les mêmes questions: Qui ? Pourquoi ? Comment ? Quand ?
Les connaissances que nous avons détruites par notre ignorance ne sont pas perdues, elles attendent sagement le moment propice pour être retransmises, redécouverts. L'histoire est ce qu'elle est, falsifiée, tissé avec des liens tels que le mensonge ou la cupidité. Cependant, les livres de nos mémoires servent à cela.. Transmettre nos idées, nos buts, notre façon de penser... Ecrire est un moyen d'atteindre l'immortalité car tant que livre n'est pas détruit et est lu, un peu de nous reste sur cette Terre... Ton histoire, et celle de nos frères du Cercle, ainsi que toutes celles des habitants des Terres Oubliées, mérite d'être lu et retenue, car dans toutes est inscrit les expériences que nous avons subit. L'histoire n'existe pas ainsi que nous la visualisons... Nous ne pourrons la découvrir qu'en arpentant sans faille la voie de la sagesse.

A présent, alors qu'il avait répondu comme il le pouvait aux questions de son un, Elhandil commença à écrire ses doutes et ses errements.

Citation :: Petit père, pardonnes-moi mais moi aussi je doute. Lorsque nous ne serons plus, y aura t-il des hommes qui, comme nous, rechercherons la vérité et non le mensonge ? Mon coeur tremble d'effroi à l'avenir que certains aperçoivent...Tant de questions se bousculent dans ma tête, elles me restent, impassibles, fortes et pourtant essentielles ! Qui sommes-nous vraiment ? Quel est notre rôle dans ce monde ? Et si tout était écrit, alors que pouvons nous faire ? Notre avenir est-il tracé ? Lorsque je voit le sceau du Cercle, un puit sous un firmament d'étoiles, je pense à ce qui est au-delà... Y a-t-il un homme, comme tu le dis, qui contrôlerais ce monde ? Vois-tu, la force qui me pousse vers l'avant est la curiosité, ce désir toujours intarissable ainsi que l'envie de connaître, de découvrir mais si mes choix et mes actes étaient déjà prémédités... Quel est donc la place de l'Homme; en ce terme, je regroupe toutes les races différentes, pardonnes-moi; dans ce monde ? Petit père, puis-tu m'ouvrir les yeux ?
Elhandil, Fils d'Eques.

Il avait fini, non, il venait d'entamer le début d'un long échange... Son âme avait parlé, rejoint par son coeur qui l'avait aidé à écrire cette missive. Il roula le parchemin, le ferma avec de la cire et sortit. Le faucon était toujours là. Le soleil était bas, allait disparaître de nouveau derrière les montagnes... Un jour était mort, la nuit allait arrivée. Mais demain, demain serait la renaissance. Puis le cycle se reproduirait encore et encore. Il fixa le parchemin aux pattes du faucon, puis celui-ci s'envola. Elhandil soupira puis alla s'asseoir près de la cascade, là où s'entremêlait eau et lumière....

Peu à peu, Klaedr reprenait goût à cette vie sans éclat, il reprenait goût aux choses simples, comme partager du temps avec les habitants de l'île d'Eques ou ceux de Thalésie voir ceux de la capitale. Il se doutait que Elhandil avait déjà recu la lettre et qu'il avait déjà du répondre. Les questions qu'il se posaient s'étaient peu à peu apaisées mais elles restaient présentes dans son esprit et surtout dans son cœur. Le Dux du Cercle devait de plus en plus faire des trajets entre la Thalésie, la capitale et l'île d'Eques et cela devenait tellement compliqué que le Nain avait du déleguer des responsabilités à son Régent en Thalésie pour se concentrer sur ses autres fonctions. Klaedr se trouvait donc en ce moment sur l'île d'Eques que tout sage pouvait nommer par son vrai nom. Il regardait le ciel d'un air absent, observant les nuages qui lentement s'éloignaient poussés par le vent ou par une main mystique et divine, il observait ce ciel bleu mais terne, ce ciel terne mais étincelant. Tant de contrastes pour de si petites choses...
Et regardant ainsi le ciel, il vit un immense aigle voler dans les airs, fendant les vents et piquant droit sur Klaedr qui tendit alors le bras sur lequel vint se poser le somptueux animal. Une lettre dans le bec, l'aigle regardait le Dux dans les yeux. Le Nain garda son regard fixe et finalement l'animal baissa le regard relâchant la lettre dans la main du Nain C'était devenu un jeu entre ces deux compères : Avant de lui remettre une lettre, Klaedr devait prouver à l'animal qu'il méritait de l'avoir et qu'il était toujours le maître et non le dominé. Il se saisit donc de la lettre et l'ouvrit sans plus attendre...

Citation :

Klaedr, le fait que tu te poses ces questions prouvent ta sagesse. Sache que toi non plus tu n'est pas seul. Le Cercle t'accompagne dans tout ce que tu fais, dans tout ce que tu veux faire... Tu ne seras jamais seul car nous ne sommes qu'un, les membres du Cercle et toi. Comme j'aurais aimé être avec toi lorsque tu as trouvé cet ouvrage, comme j'aurais aimé être avec toi alors que tu le déchiffres. L'extrait que tu m'as joint est si bien... Qui ne se poserait pas ces questions à ta place ? Cependant, veille à ne pas sombrer dans les méandres de ton esprit. Tu doutes, c'est normal pour quelqu'un comme toi, qui veux le bien du monde. Le doute est une force puissante et utile, mais veille à ce qu'elle te porte toujours vers l'avant. Tu es fort, petit père, et tu ne referas pas les mêmes erreurs qu'Eques jadis. Je vais tenter de répondre à tes questions comme je le peux, car je ne suis pas sage, et je connaîtrais la chute, comme tout être en ce monde, mais j'essayerais de t'aider, en même temps, je tirais des conclusions de nos échanges...

Elhandil savait comment répondre à Klaedr, le bruissement de la feuille qui se pliait au fur et à mesure que Klaedr lisait venait fournir une certaine sérénité à Klaedr et la fluidité des mots ne venaient que bercer ce calme. Elhandil avait raison, Klaedr n'était pas seul et le doute pouvait devenir une force...
Le Dux poursuivit sa lecture...

Citation :

Klaedr, comme tu l’as dis, l'histoire n'est qu'un patchwork conçu par les vainqueurs. Chaque un arrange l'histoire à sa manière pour que l'ont trouve une raison logique à leurs actes... Ainsi, ce ne sont guère les plus intelligents ni les plus avancés mais ceux qui ont le moins de scrupules... Que penseront les nouvelles générations ? Nul ne peut le dire, nul ne peut le savoir. Nous devons faire notre chemin, parcourir la longue route qu'est la vie, et toujours être en accord avec nous mêmes... L'histoire sera écrit par le vainqueur, c'est à nous de faire en sorte d'être ce gagnant pour dévoilé petit à petit les mystères qui nous entourent et ne pas laisser sombrer le monde dans la barbarie ni l'ignorance... N'y voit aucun prestige dans ce que je dis, seulement, dans l'état actuelle des choses, peu en ce monde veulent sacrifier leur vie pour la connaissance et la sagesse... Pourquoi donc réfléchir et s'assagir alors qu'être mauvais est si facile ? L'ignorance, en ce monde, est signe de puissance. L'ignorant à plus de chance que le sage car il ne se posent pas les mêmes questions: Qui ? Pourquoi ? Comment ? Quand ?
Les connaissances que nous avons détruites par notre ignorance ne sont pas perdues, elles attendent sagement le moment propice pour être retransmises, redécouverts. L'histoire est ce qu'elle est, falsifiée, tissé avec des liens tels que le mensonge ou la cupidité. Cependant, les livres de nos mémoires servent à cela.. Transmettre nos idées, nos buts, notre façon de penser... Ecrire est un moyen d'atteindre l'immortalité car tant que livre n'est pas détruit et est lu, un peu de nous reste sur cette Terre... Ton histoire, et celle de nos frères du Cercle, ainsi que toutes celles des habitants des Terres Oubliées, mérite d'être lu et retenue, car dans toutes est inscrit les expériences que nous avons subit. L'histoire n'existe pas ainsi que nous la visualisons... Nous ne pourrons la découvrir qu'en arpentant sans faille la voie de la sagesse.

Encore une fois Elhandil avait raison et sans ne trouver mot, le Nain poursuivit sa lecture à nouveau...

Citation :

Petit père, pardonnes-moi mais moi aussi je doute. Lorsque nous ne serons plus, y aura t-il des hommes qui, comme nous, rechercherons la vérité et non le mensonge ? Mon cœur tremble d'effroi à l'avenir que certains aperçoivent...Tant de questions se bousculent dans ma tête, elles me restent, impassibles, fortes et pourtant essentielles ! Qui sommes-nous vraiment ? Quel est notre rôle dans ce monde ? Et si tout était écrit, alors que pouvons nous faire ? Notre avenir est-il tracé ? Lorsque je voit le sceau du Cercle, un puits sous un firmament d'étoiles, je pense à ce qui est au-delà... Y a-t-il un homme, comme tu le dis, qui contrôlerais ce monde ? Vois-tu, la force qui me pousse vers l'avant est la curiosité, ce désir toujours intarissable ainsi que l'envie de connaître, de découvrir mais si mes choix et mes actes étaient déjà prémédités... Quel est donc la place de l'Homme; en ce terme, je regroupe toutes les races différentes, pardonnes-moi; dans ce monde ? Petit père, puis-tu m'ouvrir les yeux ?
Elhandil, Fils d'Eques.

La lecture était très instructive et sans réfléchir, tournant dos au ciel, Klaedr se précipita aussi vite qu'il le pouvait dans une grotte que seul lui connaissait et qu'un jour peut-être il présenterait à Ehlandil. Dans cette grotte toute simple où la lueur du soleil traversait une petite fissure se reflétant sur l'eau, se trouvait tout simplement une plume et un parchemin. Dans cette grotte, assis contre un rocher, les jambes trempant dans l'eau Klaedr commença à écrire...

Citation :

Elhandil, si tu savais comme tes mots viennent réchauffer mon cœur, si tu savais comme les syllabes qui se détachent lorsque je lis viennent hurler le mot sagesse à mes oreilles. Si seulement tu étais face à moi... Peut être ne trouverais je alors pas les mots pour te parler de ces tourments quotidiens mais ta présence m'apaiserait car tu es le seul à pouvoir comprendre mes déchirures bien que tu ne les connaissent pas toutes...
Non ne parle pas de sagesse car nous ne sommes pas aptes à comprendre ne serait ce que ce mot.Toutefois ne t'inquiète pas je ne sombrerais pas dans mes doutes, ils m'appartiennent et je les domine du moins je le crois. J'ai des fois peine à croire que vous me suivez dans mes basses folies mais lorsque je me retourne sur la voie je vous vois non loin derrière moi toujours prêt à me secourir et je vous en remercie, toi et les autres. Tu as su comprendre que tout être connaît un jour la chute et je t'en félicite, tu es perspicace et cela est bon.

Klaedr déposa sa plume, se prenant la tête dans les mains. L'écriture bien que facile requérait beaucoup d'attention, chaque mot devait être à sa place et chaque phrase se devait d'être tourné comme il se fallait, Klaedr reprit la plume et recommença sa danse...

Citation :

Tu as raison, mais pourtant je continue à penser que ces hommes ne méritent pas le doux cadeau qu'est la liberté. Tu as encore raison sur un autre point, petit à petit je tente de relater mes pensées, mes histoires, ma quête. Je ferais tout ce que je peux pour transmettre mes mémoires, tout ce que j'ai vu ou lu et ce qui fait de moi ce que l'on pourrait dire un sage.
Lorsque nous ne serons plus la quête perdurera, elle est éternelle et des hommes la perpétueront dans le même esprit que nous, du moins je l'espère. Qui sommes nous? Nous ne sommes que poussière, mais cette poussière est douloureuse aux yeux des ignorants et caresse aux visages des connaisseurs. La poussière se roue dans les mécanismes et peut les comprendre puis partir et se faufiler de partout voilà ce que nous sommes. A quoi servons nous? Nous servons aux hommes qui le désirent et nous désirons les servir. Si tout était écrit alors nous ne pourrions rien faire face à cette fatalité assassine. Nous ne serions que des pions mais tel n'est pas le cas je peux te l'assurer. Nous sommes des renards et Fortune ne peut pas nous retenir dans ses filets et quand bien même tout serait écrit alors les astres nous seraient favorables. Le symbole, je me suis souvent posé des questions dessus et je n'ai encore trouvé que des réponses trop superficielles à mes yeux. Je ne peux donc t'éclairer sur ce point toutefois je ne pense pas que nous soyons guidé par une puissance supérieure mais toutefois certains hommes dirigent en effet ce monde et c'est à nous de faire en sorte que le statu quo soit préservé. Je suis cependant d'accord sur le fait qu'une vérité se trouve là haut et qu'il est à nous de la découvrir...
L'Homme et sa place? Il n'en a pas, il n'est qu'éphémere sur ces contrées et lorsque le monde vivra sa fin, l'homme n'existera depuis déjà plus longtemps. J'aimerais plus t'aider mais je ne le peux...

Laisse moi te demander une dernière chose je te prie, crois tu que les murmures du passé résonnent encore aujourd'hui... ?

Klaedr, Dux du Cercle...

Le Nain termina sa lettre et siffla son aigle qui était parti chasser. L'aigle rentra en trombe dans la grotte et alors Klaedr lui remit la lettre qui s'envola alors vers Elhandil. Le Dux ferma alors les yeux, les voix du passées étaient elles celles qu'il entendaient...

La lune était levée, les étoiles brillaient au loin, tels des diamants ancrées dans un tissu de soie noire. Le bruissement de l’eau, le vent qui courait sur les feuilles, caressant la joue d’Elhandil.
Même dans la nuit, la vie continue. Jour et Nuit. Vie et Mort. Si éloigné l’un de l’autre mais tellement proche. La Vie est suivie de la Mort, et la Mort abouti à la Vie. Cercle sans fin. Cycle de la vie. Tout est une question d’équilibre…
Mais qu’est-ce que la notion d’équilibre ? Une loi inventée par l’Homme ? Une fatale réalité ?
La Vie est continuellement source de questions, où malgré cela les réponses sont d’une rareté qu’elles deviennent trop précieuses…
Un bruissement de plumes. Le faucon était de retour.
Elhandil détacha le parchemin qui était situé sur le faucon, puis le déroula.
Il commença à lire :

Citation :

Elhandil, si tu savais comme tes mots viennent réchauffer mon cœur, si tu savais comme les syllabes qui se détachent lorsque je lis viennent hurler le mot sagesse à mes oreilles. Si seulement tu étais face à moi... Peut être ne trouverais je alors pas les mots pour te parler de ces tourments quotidiens mais ta présence m'apaiserait car tu es le seul à pouvoir comprendre mes déchirures bien que tu ne les connais pas toutes...

Le fils d’Eques sentit une infinie douleur par delà les mots écrits. Il n’imaginait même pas les tourments de son Dux… Comment pourrait-il faire pour le soulager ?

Citation :: Non ne parle pas de sagesse car nous ne sommes pas aptes à comprendre ne serait ce que ce mot. Toutefois ne t'inquiète pas je ne sombrerais pas dans mes doutes, ils m'appartiennent et je les domine du moins je le crois. J'ai des fois peine à croire que vous me suivez dans mes basses folies mais lorsque je me retourne sur la voie je vous vois non loin derrière moi toujours prêt à me secourir et je vous en remercie, toi et les autres. Tu as su comprendre que tout être connaît un jour la chute et je t'en félicite, tu es perspicace et cela est bon.
Tu as raison, mais pourtant je continue à penser que ces hommes ne méritent pas le doux cadeau qu'est la liberté. Tu as encore raison sur un autre point, petit à petit je tente de relater mes pensées, mes histoires, ma quête. Je ferais tout ce que je peux pour transmettre mes mémoires, tout ce que j'ai vu ou lu et ce qui fait de moi ce que l'on pourrait dire un sage.

Elhandil sourit. Les écrits de Klaedr, qui s’est enfoncé plus loin que quiconque sur la Voie, promettait d’être fascinent… Tant de choses à écrire, et beaucoup plus à découvrir…

Citation :

Lorsque nous ne serons plus la quête perdurera, elle est éternelle et des hommes la perpétueront dans le même esprit que nous, du moins je l'espère. Qui est nous? Nous ne sommes que poussière, mais cette poussière est douloureuse aux yeux des ignorants et caresse aux visages des connaisseurs. La poussière se roue dans les mécanismes et peut les comprendre puis partir et se faufiler de partout voilà ce que nous sommes. A quoi servons nous? Nous servons aux hommes qui le désirent et nous désirons les servir. Si tout était écrit alors nous ne pourrions rien faire face à cette fatalité assassine. Nous ne serions que des pions mais tel n'est pas le cas je peux te l'assurer. Nous sommes des renards et Fortune ne peut pas nous retenir dans ses filets et quand bien même tout serait écrit alors les astres nous seraient favorables.

Des réponses… Elhandil les grava dans son cœur, dans son âme pour apaiser ses angoisses qui le rongent… Par quel miracle les mots de Klaedr arrivait à terrasser ses doutes et ses peurs, Elhandil ne le savait, cependant, la sagesse coulait de ces mots, la vérité étincelait dans ces phrases

Citation :: Le symbole, je me suis souvent posé des questions dessus et je n'ai encore trouvé que des réponses trop superficielles à mes yeux. Je ne peux donc t'éclairer sur ce point toutefois je ne pense pas que nous soyons guidé par une puissance supérieure mais toutefois certains hommes dirigent en effet ce monde et c'est à nous de faire en sorte que le statu quo soit préservé. Je suis cependant d'accord sur le fait qu'une vérité se trouve là haut et qu'il est à nous de la découvrir...
L'Homme et sa place? Il n'en a pas, il n'est qu'éphémère sur ces contrées et lorsque le monde vivra sa fin, l'homme n'existera depuis déjà plus longtemps. J'aimerais plus t'aider mais je ne le peux...

Le symbole… Elhandil en était sûr, toute la vérité était cachée dans ces entrelacs et ces étoiles. Oui, l’homme est éphémère, mais sa façon de pensée, elle est immortelle. Les idées, les inventions, les découvertes, les joies, les peines… Tout cela est présent, raconte une histoire pour qui sait entendre et voir…
Une idéosphère commune… Quel bel rêve… Toutes les connaissances de ce monde contenues dans cela, contenus dans l’ensemble des Hommes…
Elhandil sentit une bouffée de chaleur l’envahir, de la gratitude pour Klaedr, pour ses réponses, pour sa présence à travers son parchemin.

Citation :: Laisse moi te demander une dernière chose je te prie, crois tu que les murmures du passé résonnent encore aujourd'hui... ?

Klaedr, Dux du Cercle...

Elhandil se leva, puis retourna dans sa maisonnée. Il s’installa de nouveau devant la table, alluma une bougie puis commença à rédiger sa réponse.

Citation :: Klaedr, ton nom, dans la langue des esprits, doit signifier « sagesse » car oui, je parle de sagesse, je parle d’un sage.
Tes paroles sont emplies d’une mélodieuse vérité bien que celle-ci soit dure à accepter.
Tes réponses se sont faufilés jusqu’au tréfonds de mon âme et ont calmés mes angoisses. Rien que pour cela, pour avoir calmé mon esprit, je te suis redevable à jamais.
J’aime ta comparaison de poussière. J’aurais rajouté une chose, nous pouvons aussi aveuglez les tyrans…

Elhandil allait répondre aux questions de Klaedr, le cœur guidant la plume et l’âme la portant…

Citation :: Maintenant, je vais répondre à ta question, autant que faire ce peut, car celle-ci est ambiguë.
Les murmures du passé sont toujours présents dans ce monde, dans le vent, dans le sol, …
Ces murmures sont précieux, pour qui sait les voir et les écouter. Dans le passé se cachent beaucoup de vérités.
Lors de mon pèlerinage, j’ai observé ces murmures. Certains était d’une tristesse infinie, d’autre irradiait de bonheur.
Cela dépend de qui a laissé ses murmures, parfois, ceux qui le laissent ont un tel chagrin que l’air, la terre, le ciel en est chargé. Comme dans ce château, où l’ignomie de l’ancien roi est encore présente….

Elhandil arrêta d’écrire, et regarda le ciel par la fenêtre… tant de choses à découvrir, tant de choses à écrire… Il regarda le faucon, qui était entré sans qu’il sans aperçoive Il se leva, lui donné un morceau de viande puis retourna à son écriture :

Citation :: Les murmures… Je pourrais t’en parlé pendant des heures, car ceux-ci sont d’une importance capitales : on comprend beaucoup de choses avec les murmures. Notre pèlerinage répond de ces murmures… Grace à eux, nous comprenons la vraie raison de la Quête !
Ils n’y a pas si longtemps que cela, je pensais à un regroupement de tout ces murmures, de toutes ces connaissances : une idéosphère…
Imagines-toi, partout dans l’air, dans l’atmosphère, des murmures sont disséminés. Si ont arrivait à tous les découvrir, a tous les vivres… Quel beau rêve….

Elhandil arrêta son écriture un instant. Et si cette idéosphère existait bel et bien ?
Non. L’esprit s’égare…
Il recommença à écrire, de son écriture fine et penchée :

Citation :: Voilà, Klaedr, comment j’interprète les murmures que j’entends… je ne sais pour toi, mais moi je les entends, et les ressent.
Petit père, pour moi les murmures du passé existent. Et les écouté est une expérience plus qu’enrichissante, elle est captivante !
J’espère avoir répondu à ta question. Permet moi à mon tour de t’en poser une seule :
Qu’entends-tu lorsque le vent caresse ton visage ?
Elhandil, Fils d’Eques.

La caresse du vent, Elhandil la ressentait. Il l’écoutait, et apprenait.
Il roula puis scella le parchemin, l’attacha à la patte du faucon, puis le regarda s’envoler.
Il resta à regarder le ciel pendant quelques instants, puis il s’allongea dans l’herbe. Le sommeil était loin.
Il regarda les étoiles, un sourire aux lèvres…

Klaedr était assis dans la grotte invisible aux yeux des autres, dans cette grotte où il avait tant pleuré, dans cette grotte où il avait tant hurlé. Cette fois çi son esprit était apaisé, presque calme bien qu'il ne le serait jamais totalement. Il attendait une réponse d'Elhandil, les murmures commençaient à devenir des paroles. Bientôt il n'aurait plus besoin de parler de cela, juste une dernière fois. Un oiseau apparut dans la grotte et donna à Klaedr un parchemin. Il sourit et le déplia...

Citation :

Klaedr était flatté, bien entendu, mais son orgueil devait s'éteindre et non pas être ravivé. Elhandil souffrait lui aussi mais il n'était pas vide, il n'avait pas tout perdu du jour au lendemain. Il pouvait s'en sortir, devenir un grand homme, un sage.

Citation :: Maintenant, je vais répondre à ta question, autant que faire ce peut, car celle-ci est ambiguë.
Les murmures du passé sont toujours présents dans ce monde, dans le vent, dans le sol, …
Ces murmures sont précieux, pour qui sait les voir et les écouter. Dans le passé se cachent beaucoup de vérités.
Lors de mon pèlerinage, j’ai observé ces murmures. Certains était d’une tristesse infinie, d’autre irradiait de bonheur.
Cela dépend de qui a laissé ses murmures, parfois, ceux qui le laissent ont un tel chagrin que l’air, la terre, le ciel en est chargé. Comme dans ce château, où l’ignomie de l’ancien roi est encore présente…

Elhandil avait tort, tous les murmures n'étaient que tromperie, tous ces murmures étaient des mensonges, et les mensonges l'avaient crée bien qu'il ne le sache pas. Klaedr était un mensonge...

Citation :: Les murmures… Je pourrais t’en parlé pendant des heures, car ceux-ci sont d’une importance capitales : on comprend beaucoup de choses avec les murmures. Notre pèlerinage répond de ces murmures… Grace à eux, nous comprenons la vraie raison de la Quête !
Ils n’y a pas si longtemps que cela, je pensais à un regroupement de tout ces murmures, de toutes ces connaissances : une idéosphère…
Imagines-toi, partout dans l’air, dans l’atmosphère, des murmures sont disséminés. Si ont arrivait à tous les découvrir, a tous les vivres… Quel beau rêve….

Murmures, la quête n'était qu'une vague ombre après tout, la vraie raison, si il y en avait une... Klaedr était toujours décu par ce qu'il avait appris, par toutes ces choses...

Citation :: Voilà, Klaedr, comment j’interprète les murmures que j’entends… je ne sais pour toi, mais moi je les entends, et les ressent.
Petit père, pour moi les murmures du passé existent. Et les écouté est une expérience plus qu’enrichissante, elle est captivante !
J’espère avoir répondu à ta question. Permet moi à mon tour de t’en poser une seule :
Qu’entends-tu lorsque le vent caresse ton visage ?
Elhandil, Fils d’Eques.

Peut être qu'après tout Elhandil avait raison, peut être pourrait il le guider à travers les tourments...
Klaedr commença à écrire sans ne plus s'arrêter...

Citation :: Elhandil, je te remercie de tes mots, mais ne m'idéalise pas, j'ai mes faiblesses et mes blessures qui sont d'ailleurs très profondes.Si j'ai pu calmer tes angoisses c'est parce que ton coeur était ouvert. Ma comparaison était la bonne car voilà ce que nous sommes Elhandil, personne ne prend gare à nous mais un jour nous les aveuglerons tous, ne t'en fais pas...

Je ne peux plus parler, trop de doutes m'assaillent, je suis désolé, Elhandil peut être reparlerons nou une autre fois, je t'enverrais une autre lettre ou bien ce sera toi, mais les murmures n'en sont plus, j'ai compris.
Je répondrais simplement à ta question, lorsque le vent caresse mon visage je n'entends rien, je suis sourd aujourd'hui à ce monde et j'espère que le second parchemin pourra me rendre l'ouïe car autrefois j'entendais les chants des oiseaux, se racontant des secrets. J'entendais la beauté...

Elhandil, à bientôt...

Klaedr arrêta d'écrire et envoya la lettre, puis s'enferma dans ses pensées...

Renaissance

Je devais prévenir Elhandil, mon fidèle,celui qui avait été mon bras droit durant tant de batailles et de quêtes, il devait savoir qu'à présent il n'était plus seul...

Citation :: Elhandil,

Tu n'est plus seul...

Quelques mots suffisaient pour que tout recommence...

Un cauchemar troublait les nuits d'Elhandil depuis la mort de Klaedr...

Le ciel se fissurait, la mer grondait, une lumière éclatante jaillisait du ciel, pour reprendre ce que de droit.. klaedr montait là-haut, et y resterait à jamais... Dans l'air, partout autour, une tristesse sans fin bousculait l'ordre des choses.. Un sage quittait ce monde, le laissant sombrer dans une ignorance certaine, car personne pour le remplacer...

A chaque fois, Elhandil se réveille en sueur. Le seigneur était seul, oui, seul. Son mentor et ami était mort, partit pour toujours... Puis Elhandil était parti de son royaume, pour aller faire le vide dans son esprit. Lorsqu'il était revenu, il avait tout reprit de zéro, tout. Avait fait le vide dans son esprit, essayant de réfléchir et de remedier à ses cauchemars qui le hantait depuis des nuits...
Sauf qu'une nuit, alors qu'il s'attendait à revivre une nouvelle fois son cauchemar, il fit au contraire un rêve....

Le même endroit, le même ciel qui se déchirait, mais à la place d'une infinie douleur, un infini bonheur.. Oui, un sage retournait sur le monde, un sage revenait guider les hommes.. un forme lumineuse quitta le ciel pour retourner sur terre...

Il se réveilla, en sueur, mais heureux. Le monde n'était plus livrer à lui-même, un sage revenait. Peut-être que ça serait Klaedr... Elhandil soupira, puis partit méditer, essayant de percer le mystère de ce rêve, et de découvrir peut-être des choses cachées... Quelle ne fut pas sa surprise que un de ses hommes vint le trouvé, et lui remettre une missive fort curieuse...

Citation :: Elhandil,
Tu n'est plus seul...

Les yeux du garde s'illuminèrent... Cette écriture. Elle appartenait à un homme, mais un homme mort ?!
Rapidement, Elhandil retourne à son royaume, et prit une plume et un pachemin...

Citation :: Sir,
Si mon esprit était infantile, et que ma raison me le permettrait, je sauterais de joie, car cette écriture, je l'ai déjà vu tant de fois.. cette écriture qui appartient à un ami, mentor et maître à la fois... Cette écriture qui m'asoulagée de mes problèmes, cette écriture qui m'apprenait, et qui me préparait. Mon esprit est-il devenu fou ? Je ne sais pas, certainement que oui, puisque c'est avec un plaisir que je vous salue, petit père.
Je ne sais comment, et cela ne m'intérresent pas pour le moment, mais vous êtes de nouveau là...
Cependant, mon coeur ne sera en liesse que si vous réponder à cette question, question qui auparavant vous posa tourments:
Petit Père, qui est-tu ?
Elhandil...

Un faucon, plus petit que précedemment, rentrant en vitesse, puis Elhandil roula son parchemin, et l'attacha sur une patte de l'oiseau.

Klaedr, il retrouvait son nom, à nouveau, il n'était pas de ceux que l'on enterre si facilement et même si à présent il n'espérait plus se créer une place dans ce monde il poursuivait toujours le même but : faire en sorte que ce monde triomphe de l'obscurité. Il attendait toujours assis au même endroit que le fils d'Asternel lui réponde. Un messager ailé arriva alors...

Citation :: Sir,
Si mon esprit était infantile, et que ma raison me le permettrait, je sauterais de joie, car cette écriture, je l'ai déjà vu tant de fois.. cette écriture qui appartient à un ami, mentor et maître à la fois... Cette écriture qui m'asoulagée de mes problèmes, cette écriture qui m'apprenait, et qui me préparait. Mon esprit est-il devenu fou ? Je ne sais pas, certainement que oui, puisque c'est avec un plaisir que je vous salue, petit père.
Je ne sais comment, et cela ne m'intérresent pas pour le moment, mais vous êtes de nouveau là...
Cependant, mon coeur ne sera en liesse que si vous réponder à cette question, question qui auparavant vous posa tourments:
Petit Père, qui est-tu ?
Elhandil...

Je devais lui répondre de suite afin qu'il comprenne réellement qui j'étais et pourquoi j'étais revenu...

Citation :: Elhandil,

A toi de donner un nom à celui que je suis. On m'a donné beaucoup de noms et aujourd'hui encore aucun ne me convient si ce n'est celui que me donnèrent mes disciples ou amis. Je suis l'esprit de celui qui autrefois fut ton guide et encore aujourd'hui je puis te guider car dans les cieux j'ai appris des montagnes de sciences. Vois tu la lune qui brille dans le ciel Elhandil ? Nous sommes cette lumière...

Sera tu à mes côtés ?

Étions nous cependant vraiment cette éclat de lumière à travers l'obscurité...

Le coeur d'Elhandil battait, son tourment peut-être enfin s'appaiserait. L'oiseau revint, avec à sa patte accroché, le mot du defunt.
Fantôme, esprit ou illusion ? Qu'était Klaedr en ce moment ? Survivant rescapé, ou tenace. Tant de questions en attente d'une réponse. D'une main tremblante Elhandil ôta la missive, mais d'un doigt ferme l'ouvrit.

Citation :: Elhandil,

A toi de donner un nom à celui que je suis. On m'a donné beaucoup de noms et aujourd'hui encore aucun ne me convient si ce n'est celui que me donnèrent mes disciples ou amis. Je suis l'esprit de celui qui autrefois fut ton guide et encore aujourd'hui je puis te guider car dans les cieux j'ai appris des montagnes de sciences. Vois tu la lune qui brille dans le ciel Elhandil ? Nous sommes cette lumière...

Sera tu à mes côtés ?

Oui, il était revenu. Qu'importe sous quel forme, Klaedr était de nouveau sur terre. Le fils d'Eques lut avec ravissement la métaphore de la lune... Poésie et verité entremelée... Le Sage Klaedr était de retour, pour aider son disciple et ami...
La lune, brillante et étincelante, dans l'obscurité totale, qui éclaire et qui guide. Oui, ils étaient la lune...
D'une plume et d'un parchemin le Fils d'Eques se munit, et écrit d'une écriture penchée:

Citation :: Petit Père,
je suis à tes cotés depuis le début, et ce jusqu'à la fin. Tu es celui qui était, tu es celui qui est. Je n'ose y croire, et pourtat mon coeur s'émouvoit. Pour tenter de t'aider dans ton dessein, je suis près à y aller. La lune brille, et l'obscurité, peu à peu, faiblit..

Il roula, puis attacha sa réponse à son defunt mentor, et fit envolée l'oiseau, porteur d'un espoir, pour cette terre... Prenez garde, ténêbres, la lune et ses enfants arrivent..

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