Voyage à Nephis

Griffon ne laissa pas la colère qui montait en lui éclater quand Say lui claqua la porte au nez. Il ravala sa salive et soupira. Puis Kash conseilla à Say de faire demi-tour. Il savait très bien que Say ne l'écouterais pas.

Le général Agueratonniens était fatigué de sa journée, ils n'allaient pas tarder à être présentés au peuple, il fallait donc aller se préparer. Griffon en avait mare de porter cette tenue de pingouin, il remettrait sa tenue de combat qu'il chérissait tant. Peu lui importait se qu'en penseraient les autres. Il n'allait pas se faire passer pour un homme qu'il n'était pas, il était général des terres d'Agueraton.

Il regarda Kash quelques seconde, la dernière phrase de celui-ci fit s'esquisser un léger sourire des lèvres de Griffon.

"J'aimerais aller me préparer et retrouver ma fiancée s'il vous plait, pour ce qui est de mon ami, il finira bien par se calmer, enfin je l'espère, vous savez, je crois qu'il est avec Malenie comme beaucoup d'hommes sont avec leurs sœur, seul lui à le droit de la détester."

Il se laissa conduire par Kash dans les appartements de Malenie. Il ne fit pas attention à l'aspect décoratif de ceux-ci, trop préoccupé par SaYoLe. Ils arrivèrent devant la porte de la chambre de Malenie. Kash s'apprêta à frapper, mais Griffon lui prit le bras.

"Merci, je devrais trouver le chemin à partir d'ici, à tout à l'heure surement Général."

Puis sans un mots, il frappa deux petit coups secs sur la porte et entra dans la chambre, Malenie était sur la balcon, appuyée contre la rambarde, elle regardait les plaines qui s'étendaient derrière Nephix. Il s'approcha d'elle, il enlaça Malenie dans son dos.

"Je suis désolé pour cette journée, tu ne préfères pas que nous soyons présentés demain?"

Il posa ses yeux dans le siens, comme il aimait tant le faire.

Malenie apprécia le contact de son fiancé. Et un sourire glissa de sa figure, pour le plaisir qu'elle avait de sentir à nouveau son fiancé.

"Ce soir c'est le mieux. Déjà parce que ça vous évitera peut- être de vous faire taquiner dans les rues...Encore que av..."

Elle ne finit pas sa phrase et renchaina avec une autre.

"Si tu le veux encore, tu me prendras pour femme, alors il faut mieux que Nephis sache que leur reine va se marier."

Elle se tut, le regarda dans les yeux et ajouta :"Je ne te l'ai jamais dit. Mais je te remercie de m'avoir accompagné jusqu'ici. Je sais que ça n'a pas du être facile pour toi. Alors je te dis merci !"

Elle le fixa dans les yeux, puis se détacha de lui pour aller se poser sur le lit, et tout en regardant le plafond elle continua à lui parler.

"Je n'ai aucune aversion pour ton ami, mais je ne peux pas lui permettre de faire ce qu'il veut. Je sais très bien qu'il n'est pas venu ici juste pour te protéger de moi. Ma tolérance a des limites."

Elle resta quelques secondes dans ses pensées, eut un sourire, et prononça :

"Ils vont faire une drôle de tête. Ils n'ont jamais cru que je pourrais aimer un jour. D'ailleurs c'est assez compréhensible."

Elle serra les dents puis se redressa sur son lit, et regarda Griffon dans les yeux :
"Tu sais, tu ne connais que la moitié de ma vie. Et c'est la partie glorieuse, si je puis dire. J'ai commis des actes, ou du moins a ordonné des actes bien pire que notre invasion sur Aguératon. Nous sommes tous formées à l'art de la guerre. Tu ne verras personne, ne pas avoir eu de bases sur la maniement des arts, etc. Certains savent les utiliser plus que d'autres... C'est pour cela que nous sommes si prospères, si je puis dire.
Mais revenons en à mon passé. Je suis reine de ce pays depuis pas mal de temps, et la crainte et le respect qu'on n'éprouve face à moi, n'est pas venu tout seul. Mes actes en sont pour quelques choses. Et beaucoup de terres à côté de Nephis ont subi mes ordres. Et des ordres pas toujours pacifiques."

Son regard avait dévié au delà des frontières du réel et quand elle revint à la réalité, elle continua à le regarder dans les yeux :
"J'ai fait ce que j'avais à faire pour le bien et la prospérité de Nephis, Griffon. J'ai toujours servi mon pays. C'est d'ailleurs aussi l'une des raisons du respect qu'on éprouve pour ma famille."

Elle ne savait pas pourquoi, elle lui avait dit tout ça, peut- être pour permettre à Griffon de partir. Elle avait peur de l'attache. Et ne souhaiter pas se faire avoir.

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Kash' eut un sourire quand Griffon l'arrêta. Mais ne dit rien et retourna voir la chambre de SaYoLe.

"Messire, vous êtes dans une chambre réservée à d'autres personnes. Si vous ne voulez pas mourir, sous les coups de batons ou autres, je vous conseille de sortir d'ici immédiatement."

A peine rentré dans sa chambre, il était allé ouvrir la fenêtre et s’était allumer une cigarette. Lorsque le général de Nephis frappa à la porte, le pirate n’y prêta pas attention, persuader d’être dans la bonne chambre et encore trop énervé par l’attitude de Griffon. AU bout de la 4e ou 5e fois, il ouvrit la porte se retrouvant nez à nez avec Kash. Il déposa un regard froid sur le Néphisien qui le dépassait de toute sa stature :

Quoi ?!

Il soupira doucement, laissant échapper un imposant nuage de fumé :

Bon Bon Bon… Alors emmenez moi vers la bonne chambre…

Griffon se sentait à nouveau bien en compagnie de Malenie. Il alla s'asseoir à coté d'elle dans le lit royal. Jamais Griffon n'était monté dans un lit aussi confortable. Griffon huma l'odeur de lilas et de groseille qui émanait de sa fiancée.

"Tu espères me faire fuir en me parlant de son passé? Je n'ai que faire des reliques. Celle que j'aime est devant moi, elle n'est pas dans le passé. Ce que tu as pu faire de mal avant, je ne veux pas le savoir! C'est ce que nous allons faire qui m'importe!"

Il la fit se blottir contre elle. Caressant ses longs cheveux foncés.

"Si il vaut mieux pour nous que nous soyons présentés ce soir à ta cours, soit j'abdiquerais, mais il faut que je me change, les beaux habits ne sont pas pour moi... Tu ne m'en voudra pas si je repasse mon pourpoint, mon gilet et mon pantalon en cuire?"

Sans attendre de réponse, il se leva, sa malle avait été amenée dans les appartements de Malenie. Il l'ouvrit, sortie sa tenue et alla derrière un paravent pour se changer.

"Tu es sûr qu'ils ne voudront pas ma mort tes nobles? J'ai quand même cassé le nez à un de leurs amis..."
Il lança un petit rire. Par dessus la paravent, il regardait Malenie qui avait fermée les yeux.

Le général regarda le sir daigner enfin sortir de sa soi disante chambre. Sans émettre une commentaire, il tourna les talons et ils traversèrent quelques portes. Jusque dans une pièce, ou plutot un jardin au milieu d'un batiment, où une immense volière trônait.

"Voici la chambre de votre oiseau. Soit vous le mettez dans la volière principale, soit dans une autre cage tout seule."

Cela avait été prononcé d'une voix séche. Ils pourraient y passer toute la nuit, SaYoLe ne ressortirait pas de cette pièce avant d'avoir lâché son oiseau.

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Malenie était allongée dans son lit, et elle fermait les yeux. Se détendant et se préparant moralement au repas de ce soir. Quand elle entendit les paroles de son fiancé, elle eut un petit rire.

"Ca serait plus facile, je crois si tu ne voulais pas de moi. La confiance est quelque chose que je n'ai jamais su donner."

Elle se tut, mit les mains sur son ventre et répondit à son autre interrogation.

"Je suis reine mais pas devin, Griffon. Mais je pense sincèrement qu'ils ne te feront rien. Quand tu parles, quand on te voit, tu reflètes la vérité, tu inspires confiance. C'est même cela qui m'a séduit chez toi."

Elle eut un petit rire : "Enfin ne t'inquiete pas, je te protégerais au cas où"

Elle se tut. Tant de questions se bousculaient dans sa tête. Tant d'incertitudes.
" Il faudrait aussi que je me change, d'ailleurs."

Elle ouvrit doucement les yeux et regarda la position du soleil.
"On a encore une heure, avant qu'ils arrivent."

Elle referma les yeux, profitant de ce moment pour se détendre.

Griffon avait commencé à se déshabiller, il posa sa longue veste verte du le paravent, il leur restait une heure avant l'arrivée des nobles. Soit, il sortit de derrière le paravent et alla s'allonger à coter de Malenie, la faisant se blottir contre lui, il l'embrassa fortement, rien de plus. Il en profiterait pendant la nuit. Ils restèrent donc presque une heure à se désirer l'un l'autre, puis ils s’habillèrent pour la soirée. Malenie n'ayant fait aucune objection, Griffon revêtit donc sa tenue de combat, il ne prit cette fois aussi qu'un seul glaive. Il échangea discrètement celui en argent contre son épée d'acier. Ensuite il alla s'adosser à la fenêtre pendant que Malenie était encore en train de se changer. Une fois qu'elle eut fini de se changer, elle prit la main de Griffon et ils sortirent de la pièce.

"Tu es ravissante..."

Le pirate soupira. De toute manière les messages arrivaient par d’autre Phoenix, celui-ci était son compagnon de route. Le seul souci, résidait dans le fait que l’animal aimait autant la liberté que SaYoLe. Il ne pouvait donc se résoudre à l’enfermer. Cela faisait quelque 312 ans que le volatile parcourait le monde sans chaine. Il avait d’ailleurs d’avantage adopté le Tavernier Ardent que l’inverse… Il jeta la fin de sa cigarette et tendit une main vers le général :

Donnez moi mon arme… On va résoudre le problème autrement…

D’abord hésitant, il lui présenta finalement. SaYoLe attrapa le pistolet, arma le percuteur avant de placer le canon sous le coup du Phoenix qui ne bougea pas. La détonation s’effectua dans une résonance presque parfaite et le corps inanimé du volatile s’affala sur son épaule. SaYoLe rendit l’arme au Général alors que le corps commençait à prendre feux sous les yeux du Néphisien. Au bout d’une 30e de seconde, des bouts de corps tombaient littéralement en cendre. Lorsque les flammes s’éteignirent, on vit émerger un bébé phoenix qui mesurait une 10e de centimètre. SaYoLe prit le chétif animal d’une main pendant qu’il balaya de l’autre les cendres restées sur son épaule. Le pirate posa son regard sur le général tout en caressant la tête de son phoenix.

Mourire pour renaitre… Le rêve de tout humain…
Et voilà général, il n’est plus apte a porter un quelconque message pendant une semaine environs le temps de grandir. Plus besoin de l’enfermer…

Le Général regardait Say, sans aucun sentiment. Il n'avait vraiment aucun amour, et il se demandait de quel droit il osait critiquer Mal, alors que lui, il ne valait pas mieux, voire largement moins.

Des gardes accoururent. Kash leur fit signe que tout allait bien, et deux restèrent néanmoins pour surveiller tout ça.

Le Général ne répondit rien à SaYoLe, et sans un mot il le conduisit à travers des couloirs - il faut dire que le palais ce n'est pas un petit palais - et des couloirs vers une chambre.

Il ouvrit la chambre, elle était assez vaste, et une petite fenêtre était posée dans le mur d'en face.

"La Voici. Ne fumez pas à l'intérieur s'il vous plait. Ma Reine passera dans une heure vous chercher, pour le repas."

Et sans lui laisser le temps de réagir, il partit laissant deux gardes vers la porte au cas où.

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Malenie après cette heure passée près de son fiancé, était plus calme, plus détendue et plus seraine.

Elle enleva ses habits et les troqua contre une robe noir, moulant son corps, avec une petite veste blanche. Elle aimait bien ce contraste noir/blanc, qui la reflétait bien.

Elle sortit de sa poche sa bague de fiancaille et la passa à son doigt. Puis elle prit la main de Griffon et lui sourit.

"Merci."

Elle le regarda avec des yeux d'une lueur étrange, avant de s'engager dans les couloirs. Quelques secondes après, ils arrivèrent devant une porte où Malenie toqua trois coups.

"Plait- il à sir SaYole de se joindre à nous ?"

Elle remarqua mentalement sa construction très élégante, puis regarda Griffon avec un sourire.

Une fois dans sa chambre, le pirate alla s’allonger dans un soupir de fatigue. Son phoenix changeait doucement, allongé sur le torse de SaYoLe. Contrairement aux indications il s’alluma une cigarette et s’endormit profondément.
Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’il entendit frapper à sa porte, suivit de la voie de la reine de Nephis. Dans un léger râle, il se leva de son lit et alla ouvrir la porte. Le Phoenix avait reprit sa couleur et son plumage originel. Seule sa taille était restée aussi petite. Il posa un regard neutre sur le couple :

Oui.. C’est que je commence à avoir faim…

Malenie regarda SaYoLe sortir avec son phoenix redevenu petit. Elle se détourna et se dirigea, entrainant dans son sillage Griffon et SaYoLe, dans d'autres couloirs. Ils descendirent les escaliers, et arrivèrent au premier étage. Ils obliquèrent à droite, et là une porte.

Elle s'arrêta et murmura :

"Désolée mais il va y avoir du monde! "

Elle regarda Griffon dans les yeux, et ouvrit la porte. Là, une longue table se présentait à leur yeux. Des bougies de partout illuminaient la pièce. Des murs peints de couleurs.

Enormément de personnes étaient là. Des gens du peuple mais aussi des nobles. Contrairement à Aguératon où les gens de basse hiérarchie n'étaient pas invité chez le Doux, ici tout le monde pouvait venir. C'est aussi ce qui avait créer la renommée de la reine.
Au même moment, où la porte s'ouvrit, les gens arrêtèrent de parler et tournèrent le dos ainsi que se baissèrent. Ils restèrent ainsi quelques secondes, en signe de respect pour leur reine.

"Relevez- vous"

Ils se relevèrent et se tournèrent, et là ils virent les deux étrangers. Mais ce qui les choqua le plus c'était que leur reine donnait la main à l'un d'entre eux. Mais personne osèrent émettre une remarque.

Malenie avança dans la salle, jusqu'à se mettre derriere sa chaise. Le Général, sa mère, elle, Griffon et SaYoLe. Les places avaient été réparties comme cela de gauche à droite.

Elle lacha la main de Griffon, et alla s'enquérir de la santé de sa mère. Son visage était fatigué, et triste. Elle serra la main de sa mère avant d'aller se mettre derrière sa chaise et de prendre la parole.

"Chers amis,

Comme vous avez pu le comprendre, aujourd'hui, vient de mourir mon père. Je vous passerais son éloge, car autrement vous ne mangerez pas.
Il m'a fait devenir ce que je suis, et il a été pour moi un modéle tout au long de ma vie et de mon règne.
Il a fait de Nephis un pays prospère, et respecté de nos ennemis. Il a fait de notre monde, un monde de paix, et un monde parfait. Il a consacrée toute sa vie à Nephis, quitte à sacrifier sa famille. Il a permi à Nephis d'être ce qu'il est aujourd'hui.

Ceux qui le raillaient l'ont aimé, ceux qui le critiquaient, l'ont adoré. C'était un être rempli de justice et de droiture.

Il a permi à notre pays de devenir aussi fort militairement qu'économiquement. Il a instauré des lois et des règles, que personne n'aurait jamais pensé possible. Mais il l'a fait, et regardons le résultat.
Souvenez- vous des guerres qu'il a mené, pour le bien de Nephis, en dépensant le moins d'argent possible.
Souvenez- vous de la nourriture qu'il distribuait à des personnes sans fortune.

Si notre pays en est là aujourd'hui, si j'en suis là aujourd'hui. C'est grâce à lui."

Malenie se tut et regarda toute l'assemblée.

"Demain, il sera enterré au milieu de tous ceux qu'il a aidé. Demain sera un jour de deuil pour Nephis en entier !"

Toutes les personnes de l'assemblée baissèrent la tête, et approuvèrent les paroles de la reine. Falta s'était remise à pleurer, et Kash essayait de la réconforter.

"Certains se demandent pourquoi je suis là. Où même pourquoi j'ai mis tant de temps à revenir.
Vous savez tous et toutes pourquoi je suis partie. Ma marque il y a quelques semaines, c'est mise à fonctionner. J'ai attendu qu'une chose se fasse, pour retourner à Nephis."

Elle se tut et personne n'osa lui poser de question.

"J'ai une autre chose aussi à vous annoncer. Certains diront que ce n'est pas le moment, mais après tout, le serait ce un jour ?

Vous vous êtes tous demandés, si je tomberais sous le charme d'un homme. Et combien d'entre vous, messieurs, ont déjà essayé ?

J'avais moi- même oublié cette idée depuis longtemps. Je pensais que l'amour était une chose incompatible avec ma responsabilité.

Mais tout change! Griffon et moi- même sommes fiancés. Pour eux c'est le dernier pas avant le mariage, pour nous c'est le premier. Je l'aime."

Des murmures se firent entendre.

"Je sais que les étrangers n'ont jamais été les bienvenus. Je sais aussi que Griffon a posé quelques problemes à Néphis.

Malgré tout le destin nous a réuni. Sachez que Nephis passe toujours avant tout, et il l'a bien compris. Sachez aussi, qu'il ne deviendra pas roi avant qu'il vous ait prouvé à tous qu'il pouvait l'être.

Je sais qu'il ne fera pas de mal à Nephis, autrement soyez en sûr que je ne l'aurais pas ramené ici."

Elle se tut et regarda griffon avant de reprendre.

"Je n'ai pas fait mon pas vers lui, et le moment est mal venu pour le faire."

Elle désigna de la main SaYoLe :

"Il s'appelle SaYoLe de Thanit, et est un ami de Griffon.

Si vous avez des objections, ou des questions à leur poser. Vous pouvez. Autrement je vous souhaite un bon appétit."

Pendant tout le temps du discours, le cuisinier avait traduit en aguératonnien les paroles de Malenie à SaY et Grif'.Elle s'assit à côté de Griffon.

Griffon regardait le peuple Nephissiens sans baisser les yeux, il affrontait tous les regards. Le cuisinier de Malenie traduisait simultanement les paroles de Malenie à Griffon et SaYole. Elle était vraiment une belle reine. Son éloquence était presque sans égale. Une fois qu'elle eut fini son discours, elle invita tout le monde a manger, Griffon ne voulant pas paraitre impolis, il attendit que tout le monde commence à manger pour piquer sa fourchette dans l'assiette. Mais un Nephissien se leva, le noble que Griffon avait frappé. Il regarda sa Reine comme pour lui demander si il avait le droit de parler, elle acquiesça, il commença son discours en regardant Griffon.

Lorsqu’ils pénétrèrent dans la salle, SaYoLe laissa son regard trainer dans la salle. Il ne cherchait ni à fuir leur regard, ni a le chercher. Lui voulait être discret. Un nouvel incident à la cour aurait compromit ses plans. Et puis, Griffon lui aurait encore posé des problèmes. C’est donc en silence qu’il s’installa autour de la table. Il écouta d’une oreille discrète la traduction mais grimaça lorsqu’il comprit que les nobles pouvaient leur poser des questions.
Il soupira doucement, et annonça a Malénie :

J’aimerai manger tranquillement. J’espère pour vous que personne ne souhaitera me poser de question, ma réponse risque de vous déplaire autant qu’à eux…

Puis il replongea son regard d’abord vers les nobles dont celui de ce matin qui venait vers eux avant de se reconcentrer sur son assiette. Il donna un petit morceau de viande à son Phoenix. Il agissait comme si il était seul à table.

Malenie observa avec un regard froid SaYoLe :

"Vous créez ne serait ce qu'une étincelle, que vous soyez amis ou pas de Griffon vous finissez en prison. Est ce clair ? Personne ne vous a obligé à venir ici, alors assumez vos choix.
Si quelqu'un vous pose une question, vous lui répondez aimablement, autrement vous risqueriez d'avoir quelques problèmes de chaleur."

Elle se tut. Elle allait manger quand elle reprit.

"Et oui c'est une menace !"

Le silence s'était fait, en entendant la reine parler. Elle n'avait pas augmenté la voix, mais celle ci raisonnait et était amplifiée, comme par magie.

Puis un noble demanda la parole, la reine acquiessa, et l'homme demanda au cuisinier de traduire les paroles :

"Griffon, je m'appelle Hangs Pystho.
On s'est déjà croisé si vous vous rappelez bien.
J'ai toujours apprécié Ma Reine pour ce qu'elle est, et pour le fait que rien ne puisse la faire fléchir. Elle est juste et droite. Son coeur n'est qu'un océan de sable et de pierre, que personne ni moi ou ni même le général Kash'Roth'Hul a reussi à embraser. Vous y avez réussi tant mieux.

Mais vous comprendrez aisément, que nous on ne vous connait pas. Vous arrivez d'un pays qu'on a failli envahir. Vous arrivez d'un pays qui nous haït. J'ai moi même participé à cette invasion. Et je dois dire que les personnes que j'ai rencontré me faisaient pitié.

Notre Reine a décidé d'arrêter l'amusement et l'entrainement, et nous a demandé de nous retirer. C'est ce que l'on a fait.

Vous avez l'air d'une personne combative, et cela n'est pas pour déplaire à ce pays. Nous avons été tous et toutes formés à cet art. Mais, vous allez devoir nous montrer bien plus de qualités pour que l'on accepte votre place auprès de Notre Reine.

Et des tests vous en aurez bien d'autres..."

Il se tut et regarda l'autre individu à côté de Griffon, il se disait s'appeler SaYoLe.

"Quant à vous, pouvons nous savoir pourquoi vous êtes là ?"

Le cuisinier hesita à traduire mais quand la reine fit un hochement de tête, le cuisinier le traduit.

La réaction de la reine laissa échapper un sourire au pirate, même si son regard restait figé vers son assiette ou son phoenix. Ce sourire qui à la base était un simple sourire d’amusement se transforma au fur et à mesure… La traduction du cuisinier était hésitante, et il était claire que ce n’était pas du fait d’un problème de vocabulaire mais d’une certaine réticence à traduire les mots dans leur tournure actuelle. Le ton et les mots avaient transformé le sourire du Tavernier en un sourire carnetier. Ceux qui le connaissaient savaient que cela signifiait… Ces mains se joignirent une première fois dans un bruit sonore. Puis une seconde… A l’étonnement général, il était entrain d’applaudir cette prise de parole tout en se levant. Il tourne son regard vers la reine quelques secondes, comme dans un petit défit, avant de se tourner vers le cuisinier :

Traduit bien mot pour mot..

Il se retourna enfin vers son interlocuteur, son sourire carnetier toujours sur son visage… Il se tenait droit, ses yeux pourtant glaciales pétillaient d’une petite étincelle d’amusement malsain.

Il est vrai que pour vous, les petits péteux de Nephis, voire un homme inférieur qui aurait du être votre esclave réussir là où vous avez tous échouer doit être assez rageant…
Vous vous targuez de votre invasion. Vous y avez participé ? En faisant quoi ? En bourrant les cochons ?... Mais je dois avouer que je vous félicite. Vous avez envahie une partie d’Aguératon… Mes félicitations, vos valeureux hommes sont venus à bout d’un village de paysan ! Il est vrai que des non combattant armés de piques et de pioches étaient de redoutables combattant, tout comme leurs femmes et leurs enfants…
Vous êtes tous de valeureux combattant ? Pourtant lors de notre précédente rencontre, ce sont vos petits gardes que vous avez envoyé contre nous non ? Et en sur nombre de surcroit… Tout ça pour deux petits esclaves ?
Si vous êtes un combattant. Venez donc, je suis sans armes et devant vous…

Il se tourna vers la reine et Griffon et demanda du regard pardon par avance à son ami avant de se retourner vers les nobles.

Vous voulez savoir se que je fais ici ?
La raison est simple… Je suis ici pour protéger mon ami… Je me fous de vos coutumes, de vos grades ou de vos manières. Je me fiche que cette femme soit votre reine…
Et pour votre gouverne, je n’attends qu’une chose, c’est que Griffon manque l’un de vos tests. Cela me rendra la vie que plus facile…

Griffon voulus faire taire son ami... Mais malgré les regards et les assauts mentaux qu'il faisait sur lui rien n y fit, il continua à parler... Le visage des Nephissiens prit une expression qui ne plaisait pas du tout à Griffon... Mais bon ce qui était fait était fait... Il ne savait pas si le cuisinier avait fidèlement traduit ses paroles, il espérait que non... Quand Sayole finit de parler, Griffon n'attendit pas la réaction des Nephissiens, il se leva pour répondre au noble.

"Messire Hangs Pystho, vous me connaissez sous le noms de Griffon d'Agueraton... Je vais commencer par me présenter un peu plus à vous pour les formalités administratives...
Je suis Griffon de Guardia, général de la capitale, Alérandir Dâah, fidèle serviteur du Doux. Anciens Gardien de la grande Aissegas, membre Obscur de la Guilde Avallon'Lümbe qui croit en Agueraton.
Ceci étant fait, je vais répondre à vos questions. En effet j'ai embrasé le cœur de votre Reine Malenie, vous allez devoir vous habituer à voir quelqu'un l'appeler autrement que Ma Reine, je l'appellerais juste Malenie, ou alors j'emploierais des thermes plus affectueux. J'ai en effet réussi ce à quoi bon nombre d'entre vous ont échoués... Je pourrais m'en venter, je n'en ferais rien. Vous me parlez de preuves à faire? Sachez que je n'ai de compte à rendre qu'au Doux, mais je passerais vos tests, sans flancher car j'aime Malenie!
Et je vous donne un conseil, ne parlez plus d'Agueraton comme vous venez de le faire devant moi! Je hais la noblesse, je ferais un effort à Nephis car je ne vous connais pas pour vous jugez, mais mesurez vos paroles."

Ses yeux de chats devinrent menaçants, il lança un regard noir à Sayole, se tut, laissant le temps au cuisinier de finir de traduire. Puis il se rassit.

Malenie n’était pas intervenue jusqu’à là. Elle avait un petit sourire que tous les Néphissiens craignaient. Car il pouvait dire tout et son contraire. Elle avait entendu la réaction de SaYoLe, et elle s’y attendait. D’ailleurs cela était exactement comme elle le prévoyait. Mais celle de Griffon l’avait surprise un peu plus. En effet, elle n’avait noté aucune méchanceté dans les paroles de Hangs. Il lui avait même fait des compliments, ce qui était rare pour un Nephissien.

Mais ce qui était dit, était dit. Et tout le monde attendait la réaction de la reine. Sa réaction était toute trouvée pour SaYoLe, et elle l’aurait fait directement s’il n’y avait pas eu Griffon. Parce qu’elle ce qu’elle lui dirait, ferait changer du tout au tout le comportement de Griffon. Elle en était consciente. Elle se remémora en quelques secondes les mois passées avec lui et se demanda depuis combien de temps ils étaient tombés amoureux l’un de l’autre. Trois – Quatre mois. Après tout c’était un record, et il fallait peut- être mieux qu’ils se séparent maintenant que lorsqu’ils se seraient mariés. Mariés…Ce mot lui revint à la tête. Oui, elle était venue ici pour concrétiser cette union, et au lieu de cela elle allait la rompre. Ou du moins elle allait être l’objet de la rupture.

Mais elle avait tout fait, elle avait même mis de côté ses appartenances à Néphis et avait appris en un temps record les coutumes, pour que Griffon n’éprouve aucune honte. Elle avait sacrifié son pays, son trône pour lui, bien qu’il ne lui avait jamais demandé.

Les Néphissiens ne parlaient pas, ils respectaient le silence qu’imposait leur reine. Malenie regarda Griffon dans les yeux, et elle laissa son âme à nue, espérant qu’il comprendrait son geste et ses paroles. Une lueur de tristesse et d’amour passa dans les yeux de la reine. Elle lui murmura un « Désolée » inaudible pour le reste de l’assistance, avant de se lever.

Sa veste on ne sait comment, s’était teintée de noir. Ses yeux ne reflétaient que le vide, le néant. Rien, plus aucun sentiment ne s’exprimait à travers ce corps de marbre – ou de basalte -.

Elle commença à émettre un son, ou plutôt un rire. Un rire étrange, un rire carnassier.

« Entendez- vous. Vous faites aussi pitié que ceux que vous blâmez.

Vous nous haïssez, parce que Néphis représente le monde que vous n’aurez jamais. Vous nous haïssez, car vous ne pouvez pas faire autrement. Vous me haïssez, car j’ai rendu Griffon heureux, alors que votre fiancée est partie sans rien vous dire, vous laissant seul et malheureux. Vous me haïssez car vous êtes un pauvre homme obligé d’emmerder ses amis pour vivre une aventure palpitante, et pour se sentir aimer. »

Sa voix s’était à nouveau amplifiée. Et pourtant, on eut dit qu’elle murmurait.

« Quand à votre vie dont vous parlez. Que dites- vous ? Vous n’en avez pas, vous êtes réduit à errer et à vivre à travers les aventures des autres. A se faire aimer à travers l’amour que je porte à Griffon. Vous n’avez pas compris, que vous n’êtes rien. Pas plus que moi, pas plus qu’Aguératon.

Point au milieu de l’océan, vous chavirez à chaque fois que se présente un nouvel obstacle, trop peureux pour essayer de surmonter cela, trop heureux de se faire plaindre que de savourer chaque instant. Vous êtes un trouillard, oui un trouillard. Et tout cela se reflète par vos mots creux, et votre air supérieur.

Vous vous croyez vivre, en évitant tout le monde, en détestant toutes les personnes qui se présentent à vous, en insultant tous ceux qui vous tendent la main.

Ne nous faites pas payer, l’abandon de votre fiancée ! »

On n’entendait à peine la traduction que s’efforçait de faire le cuisinier. Les paroles avaient pris une telle dimension que plus rien n’avait de sens. Elle regarda un dixième de seconde Griffon, et son visage devint encore plus dur. Une transformation s’effectuait.

« Autrement n’avez-vous pas appris, que quand on se sait pas on se tait. Les Aguératonniens seraient- ils encore de plus grosses brutes que les Néphissiens ? A vous entendre, cela est peu probable, pourtant à ce que je vois, vous faites un bien pâle reflet de votre monde. Ne leur en voulez pas, s’ils trouvent que votre terre est une terre de gens analphabètes et illettrés. Heureusement qu’il y a Griffon pour remonter le tout, autrement ça ferait peur à voir.

Revenons à notre sujet. Votre Doux, ne vous auraient ils pas mis au courant des pertes qu’a causé notre « pseudo- invasion » ? Ne vous aurait il pas délivré tous les chiffres ? Je n’arrive pas y croire ! Je n’ose imaginer que votre Doux soit un être irresponsable, incapable et absent. »

Elle eut un ricanement glacial.

« Par Néphis, que vous êtes bien pitoyable ! Enfin, je vous avais prévenu, et à défaut d’avoir envahi Aguératon, je me satisferai de vous voir en prison. En plus, quelle chance vous avez ! J’en ai fait construire une, juste pour vous. Un éclair de génie, que diraient mes collaborateurs. Moi, je dirais de la prévoyance.
Trêve de flatteries, vous verrez, je pense que vous n’allez pas tarder à l’adorer. Vous pourrez vous enflammer tant que vous voudrez, vous ne nous enflammerez pas ! »

Ses yeux étaient devenus plus sombre que sombre, un noir intense, un noir sans fond.

« Ah et n’essayez pas de le faire ici, vous risqueriez d’avoir du mal. »

Malenie, sans cérémonie tourna la tête vers un homme qui n’avait point parlé depuis le début de la soirée. Il était resté calme et silencieux. Quand Malenie tourna son regard, il acquiessa. Ce qui décrocha un sourire impenetrable à Malenie.

Laissant de côté SaYoLe, qui ne pouvait pas s’enfuir et qui devait ruminer toutes ses pensées, elle se tourna avec une extrême lenteur vers Griffon. Ses yeux n’avaient pas changé. En fait rien, elle était partie. La machine était en marche, et bien que les paroles pour Griffon serait plus douce, elle ne pouvait reprendre sa forme normale.

« N’arrives tu pas à comprendre, Griffon ? Que quand tu les insultes, tu m’insultes aussi ! N’arrives tu pas à avaler que si toi tu aimes Aguératon, j’aime autant voire même plus Nephis.

Je suis de ceux des nobles que tu hais, je suis de ces Nephissiens que tu hais, Griffon.

Je te croyais différent des autres, différent de tout le monde. Je pensais que j’avais enfin trouvé la perle rare, capable d’aimer une personne différente et étrangère. Je te pensais capable de m’aimer, moi, qui a envahi ton pays. De passer outre ta rancœur pour mon pays, et d’essayer de le voir d’un nouvel œil… Et tu verrais…

Et tu verrais, que les nobles que tu hais, sont largement moins haïssables que les tiens. Tu verrais que Nephis n’attend qu’une chose ou qu’une personne, et c’est toi. Tu verrais dans les paroles de Hangs point de méchanceté et point d’insultes. Il t’a ouvert les bras, et toi tu les as refermés.

Tu verrais qu’en parlant du nombre d’hommes qui ont tenté de me séduire, qu’il t’a félicité et qu’il a éprouvé du respect pour toi.

Tu verrais, qu’en disant « Ma Reine », il indique son respect pour ma personne et son dévouement, exactement pareil que lorsque l’on t’appelle mon Général.

J’ai voulu en t’amenant ici, que tu découvres pourquoi j’aime tant cette terre. Pourquoi je sacrifierais ma vie pour elle, et pourquoi est ce si important pour moi que tu l’acceptes. »

Au cours de son discours, Malenie s’était calmée, sa voix était peu à peu redevenue normale. Ses yeux étaient encore noirs, mais ils reflétaient plus cette couleur.

Le cuisinier avait traduit chaque mot aux Nephissiens, et chacun d’eux comprenaient plus leur reine. Malenie quant à elle, elle s’était tu. La suite restait à écrire.

Griffon fut plus qu'étonné de la réponse de Malenie, de sa réaction... Pour la première fois, il avait peur d'elle... Il regarda Sayole, l'interrogeant du regard... Il semblait perdu lui aussi, il semblait avoir peur... Mais qu'avait fait Griffon pour engendrer cela, il avait simplement conseillé à ce Nephissiens de ne pas mal parler d'Agueraton, comme lui ne dirait pas de mal de Nephis... Il avait dit qu'il haissait la noblesse en Agueraton, mais qu'il ne jugeait pas Nephis... Malenie venait de le décevoir. Décidément leur différences les empêcheraient de se comprendre... Il avait accepté de quitter Agueraton pour elle, de se rendre à Nephis, un pays qu'il haïssait de droit, mais non... Elle ne comprenait pas. Il se leva, il demanda à Sayole de faire de même.

"Je crois que finalement nous ne sommes pas fait pour être ensembles... Tu crois que j'aurais quitté Agueraton pour toi si je n'étais pas différent des autres?
Je ne comprend vraiment pas ta réaction!"

Il regarda Sayole, puis Malenie. Il se leva et se plaça aux cotés de Sayole.

"Touchez à Sayole, et vous comprendrez vraiment qui nous sommes! Nous quittons Nephis!"

Il demanda à Sayole de le suivre et se dirigea vers la sortie de la pièce lançant un ultime regarde à Malenie, un regard plein de chagrin, plein d'amour quand...

Malenie ne fit rien pour les retenir. Après tout, son père avait raison. Son statut lui amenait des responsabilités que personne ne pouvait comprendre, elle avait espéré que lui comprendrait, mais il était comme les autres.

Malenie l'affronta du regard. Elle ne pouvait pas changer aussi vite. Griffon lui avait appris à rire et à sourire, il ne pouvait pas tout lui apprendre. Cette dispute était nouvelle. Autrefois, ça se serait terminé plus vite.

Elle avait noté mentalement, néanmoins, qu'elle se maîtrisait parfaitement. Et pourtant elle aurait eu une raison de lui lancer une réplique sanglante à la figure. Il avait quitté Aguératon. Tu parles. Il ne se rendait pas compte de l'importance de ce voyage pour elle. Elle, elle avait quitté son pays. Lui, il comptait bien de toute façon y retourner. Un général, ça compte plus que la fonction de reine. Et puis de toute façon, c'est toujours les plus grands qui sont les méchants.

Son visage qui était redevenu à peu près normal s'était redurci aux paroles de Griffon. Et d'un ton glacial, elle répondit :

"Je ne te raccompagne pas tu connais le chemin !"

Et elle détourna la tête et alla s'assoir à la table, voulant reprendre son repas.

Griffon demanda à Sayole de le suivre et se dirigea vers la sortie de la pièce lançant un ultime regard à Malenie, un regard plein de chagrin, plein d'amour quand...
Quand Kash intervint.

Il ne lança aucun regard à Mal et prononça juste deux mots, qui fit hésiter Griffon.

"Restez- là !"

Ces deux mots n'avaient pas été prononcé fortement, ce n'était pas un ordre. Non. Quand il vit que Griffon s'arrêtait, il enchaina :

"Il est tard, dormez au palais, vous repartirez demain dans l'après midi. Ce n'est pas tous les jours, que notre reine nous fait le plaisir d'inviter des personnes extérieures."

Kash eut un vague sourire, et il sentit sur lui le regard tueur de la reine.

Décidément ce n'était pas un bon jour !

La prise de parole de Griffon fut loin de celle que SaYoLe attendait. Son sourire carnatier s’agrandissait au fur et à mesure. Malénie était prise au piège… Sa réponse allait être décryptée par toutes les personnes présentes. Elle allait devoir faire un choix : Perdre sa crédibilité envers les nobles, ou perdre l’Obscur… Elle commença enfin, un discours fleuve et glaciale… Le sourire du pirate ne disparu pas de son visage, mais lorsqu’elle fit allusion à Hanna, il dut faire preuve d’une grande maitrise de soie. Griffon en avait fait les frais à la Taverne il y avait quelques temps… Seuls les cheveux de SaYoLe avaient viré au rouge feu et une flamme presque imperceptible avait longée sa colonne vertébrale. Tout se passait comme prévu, sauf une petit détail et non de moindre… Il n’avait pas prévu que Malénie aurait pu faire construit en moins d’une journée une prison spécialement pour lui…

Il allait devoir accélérer ses plans ou improviser… Deux choses qu’il ne supportait pas. Les cartes avaient été jetées, il ne restait plus qu’a espéré que Griffon allait réagir comme prévu. Se qui ne tarda pas. Son ami vain se ranger à ses côtés, se qui ne fit qu’agrandir cet étrange sourire figé sur son visage. Il tourna son regard vers l’homme qui était sensé l’emmener en prison, puis sur Malénie et enfin vers les nobles avant d’emboiter le pas au général.
Une simple phrase, et tout deux marquèrent un arrêt. L’invitation était plus qu’étonnante. Mais maintenant c’était à SaYoLe de rendre une décision. S’en remettre à Griffon ou profiter de l’ambiance actuel pour repartir directement. Sans se retourner vers le général de Nephis, il souffla à Griffon :

Personnellement, je préfère les lits d’Agueraton…

Griffon ne savait vraiment plus comment réagir, il aimait Malenie et ne voulait pas la perdre maintenant. Il ne voulait pas vraiment partir mais il ne supportait pas son comportement devant sa cours, en même temps, cela pouvait se comprendre, elle était reine et se devait de paraitre un minimum insensible devant ses sujets, mais en même temps, Griffon ne s'était jamais retrouvé en compagnie d'une reine, tout cela était nouveau pour lui... Quand il allait sortir de la salle, Kash parla pour la première fois de la soirée, une phrase qui étonna Griffon, qui l'étonna encore plus que le comportement de Malenie. Il leur demandait de rester... Il devait être le premier à souhaiter leur depart et pourtant non.

Mais en voyant les yeux de cette femme au fond de la pièce, Griffon n'eût pas envie de rester, il fallait qu'il parte immédiatement s'il n'était pas trop tard. Il prit en compte la remarque de Sayole, mais si ils partaient maintenant, ils ne seraient pas de retour en Agueraton avant longtemps, encore faudrait-il qu'ils se souviennent du chemin... Il dévisagea Malenie puis regarda Kash. Il finta la colère... Il n'avait pas le choix.

"Je suis désolé Général, mais j'ai l'impression que votre reine se rend compte qu'elle a fait une erreur en invitant deux étranger à Nephix. Merci de votre accueil, j'ai vraiment apprécié notre rencontre, du moins elle s'est mieux passée que la dernière fois si vous voyez ce que je veux dire... A dieux."

Ses yeux s'embrumèrent et il sortit de la pièce en compagnie de SaYoLe. Mais à peine eut-il refermé la porte qu'il courait déjà dans le couloir en direction de la sortie, ne voulant pas que quelqu'un voit ses larmes, il courut aussi vite qu'il put, il ferma son esprit à toute intrusion et sema son ami. Quelques gardes tentèrent de l'arrêter, ne comprenant pas pourquoi il fuyait de la sorte, ils finirent leur course contre le mur.

En quelques secondes, Griffon se retrouva dans les rues de la capitale de Nephis, il continua à courir. Aussi vite qu'il put... En quelques minutes, il atteignit la sortie de la ville, les portes étaient en train de se refermer, surement pour le couvre feu... Il ne pourrait pas passer...

Enfin si...

Il grimpa l'escalier des remparts de la ville, bousculant quelques gardes sur son passage et sauta par dessus les remparts... Il chuta de haut... Il dessina dans les airs le signe Aard alors qu'il était à quelques mètres du sol, ce qui eut pour effet de ralentir considérablement sa chute. Puis il effectua une roulade avant pour amortir le choque... Des archers apparurent en haut des remparts, l'ayant pris pour un fuyard, ils commencèrent à décocher flèches sur flèches... Les premières passèrent à coté de lui, mais alors qu'il arrivait à la limite de la portée des arcs, une flèche se planta dans sa cuisse... Il tomba au sol, mit quelques secondes à reprendre ses esprits, puis guidé par la rage, il décapsula une des fioles qui pendait à sa ceinture et en avala le contenu. Il arracha la flèche de sa cuisse en serrant les dents. L'effet de l'élixir ne se fit pas attendre, toutes ses veines apparurent sur son corps, le poison circulait à grande vitesse dans celles-ci, si bien qu'elles apparaissaient noires... Sa blessure à la cuise se referma et il repartit en courant, s'enfonçant dans la forêt la plus proche...

Il n y avait rien à comprendre, seul elle savait pourquoi il avait réagit ainsi… Il l’avait reconnue dans la foule, assise au fond de la salle… Elle le narguait de ses yeux noirs, il l’avait bien vus deux où trois fois depuis son arrivée à Nephis, la première fois quand il avait prit le chemin de la chambre du père de Malenie, la deuxième fois dans les rues de Nephix… Mais sans être sur à cent pour cent qu’il s’agissait bien d’elle… Mais ce soir, il en était sur, ses habits, son regard, l’aura qui se dégageait d’elle. Et il ne voulait pas, non il ne voulait pas que ça arrive une troisième foi…

Malenie était effondrée. Pour la première fois de sa vie, elle sentait qu'elle avait fait une erreur... mais laquelle ? Elle ne pouvait changer du tout au tout. Décidément non.

Quand Griffon prononça ses paroles, elle se griffa pour ne pas intervenir, au point même où elle sentit du sang perler. Elle se mordait la langue et faisait tout son possible pour rester de marbre. Elle essayait de rassembler tout son apprentissage, tous les enseignements de son père. Elle avait été testé, mis dans des conditions où elle n'avait pas fléchi... mais là, elle sentait qu'à tout moment elle pouvait perdre la face.

Des murmures dans la pièce se fit entendre, n'osant pas trop reprendre la conversation là où ils l'avaient laissé. Kash qui avait vu la détresse de la reine, par un signe de tête ordonna à deux hommes de venir le voir. Il prononça :

"Suivez- les. Je veux savoir où ils vont. Et si jamais, vous voyez quoi que ce soit d'anormal, prévenez- moi"

Les hommes partirent immédiatement. Kash, lui ordonna qu'on reprenne le diner là où on l'avait laissé, et alla s'assoir près de Malenie.
Son état s'était empiré. Pour ne pas laisser cours à sa douleur, elle s'était terrée dans son inconscient. Ses yeux n'avaient plus de fond réelles, et elle semblait plus fermée.
Ses habits étaient devenus plus noir que noir, liant le réel et l'irréel.
Elle entendit Kash s'assoir auprès d'elle, mais ne dit rien. Quand il lui demanda comment elle allait, d'une voix froide et les s beaucoup plus roulés. On eut dit un serpent, elle répondit que ça allait bien.

Voyant qu'elle ne voulait pas parler. Kash mangea.

La soirée se découla comme cela. Des cris fusaient, ainsi que des rires. Des discussions animées se faisaient entendre. La reine, ne parlait guère et restait silencieuse. Parfois, elle s'exprimait, et tout le monde se taisait.

Au bout de quelques heures, elle décida de prendre congé.

"Mes chers amis, je vous remercie d'avoir assister à ce repas. Demain, sera enterré mon père, et cet enterrement sera suivi par un grand repas dans les rues de Nephix. C'est ouvert à tout le monde.

J'ai entendu que certains se demandaient si j'allais rester. Je suis là. C'est donc moi qui commande.

Vous pouvez rester tant que vous voulez, bonne soirée, et amusez vous bien."

Sa voix, son apparence était normale. Elle avait réussi à interioriser tous ses sentiments. Elle quitta la salle, et quand la porte de la grande salle, claqua, elle revint à la réalité.

Son esprit sombra, et elle courut en haut. Encore plus haut. Là où il n'y avait personne, un endroit que peu de personnes connaissaient. Une vue de Nephix imprenable, et le sentiment de dominer ce monde. C'était là où elle allait quand elle avait un problème, ou qu'elle voulait réfléchir en paix. Et Nephis sait, que ce soir elle en avait besoin.

Quant au général resté dans la salle, il reçut peu de temps après le départ de Malenie une missive.

"Général,

Un homme s'est enfui de Nephix pendant le couvre-feu. Une flèche l'a touché, mais quand on est allé voir, il n'y avait que du sang et la flèche. Vu les marques au sol, je ne pense pas que ce soit un Néphissien. Mais il n'y a qu'une trace, l'autre je ne sais pas où il est.

Pour Mal de Nephis

Vins"

Le général relut plusieurs fois la missive, et répondit au dos.

"Prends plus d'hommes, et cherche les moi. Ne les attaque pas si tu les trouves ! S'ils ont un problème, ou s'ils sont blessés aide- les.
Dès que tu les as trouvé, préviens moi.

Pour Mal de Néphis

KRH"

La réponse était celle attendu. Le sourire du Pirate atteignit son apogée alors qu’il adressa un dernier regard à Malénie avant de franchir le seuil de la porte. Mais ce sourire s’effaça aussi rapidement qu’il était venue lorsque Griffon partit en courant. SaYoLe esquissa quelques pas de course, mais il était clair qu’il ne pourrait le rattraper. Il essaya de le contacter ou de le localiser sans effet. Il jura silencieusement. Il était si prêt du but ! Ils n’avaient plus qu’a quitté Nephis…
Résigner à ne pas le retrouver ce soir, il déambula dans le château, bloquer par le couvre feu. Au bout d’une bonne heure, il retrouva le chemin de l’armurerie et récupéra tant bien que mal ses deux pistolets ainsi que son poignard. Visiblement, ils étaient tous au courant que les deux étrangers repartaient.
Il regagna alors le chemin de ronde, là où visiblement, Griffon s’était fait la male… Il soupira une nouvelle fois. Il ne pouvait pas faire grand-chose. Partir à sa recherche serai une perte de temps énorme. Il ne connaissait pas les lieux, et la barrière de la langue était énorme. Sous le regard assez étonné des gardes à proximité il monta sur le repart pour s’y allongé à quelques centimètres du vide. Avec dextérité, il se prépara une nouvelle cigarette et se mit à fumer son tabac calmement.
Au bout de quelques minutes, son Phoenix prit son envole… Il commença par décrire de grand cercle autour du domaine avant d’agrandir leur diamètre au fur et à mesure. Il était la seule chance de SaYoLe de retrouve son ami avant les Nephisiens.

Malenie était dans la tour la plus haute du Palais. Là où personne n'allait jamais, mais la tour aussi que personne ne connaissait. Seul son père. Oui son père s'en était servi d'un lieu de réfléxion et d'espionnage. De là on pouvait voir les remparts de Néphix et les villages d'à côté. Elle avait toujours adoré regarder le paysage s'étendre devant elle à l'infini.

Elle avait mis, petit à petit, une chaise puis une table, et un garde manger. Car elle pouvait y rester pendant des heures et des heures, et souvent la faim venait à se faire sentir.

Quand elle arriva en haut, elle soupira. L'air frais qui lui battait le visage la faisait revivre. Il fallait qu'elle fasse le point, car elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait pas aimer Griffon, et être reine de Néphis. Elle l'avait espéré, mais ça avait échoué. D'un autre côté, elle ne voulait pas trop s'attacher à Griffon. S'attacher, n'avait jamais été son point fort, et elle avait peur de se leurrer en croyant que lui l'aimait. C'était ça qu'elle ne pouvait supporter. Se faire tromper par la personne à qui elle donnait sa confiance.

Malenie ferma les yeux, et laissa le vent caresser sa peau.

Sans s'en rendre compte, elle se repassait tous les moments de la journée. Son arrivée à Nephis, la mort de son père, l'épisode dans les rues, l'après midi et le repas. Une si petite journée et tellement d'épisodes. Ils n'avaient savouré qu'une heure cette fraicheur retrouvée.

Après n'avoir pas pu se toucher, se frôler, après s'être désiré pendant des jours et des jours, ils s'étaient éloignés, maintenant, l'un de l'autre. Quel paradoxe !

Malenie observait les étoiles rouges orangés, illuminaient le ciel. La lune d'une couleur bleuâtre n'était pas très visible.

Elle avait un manque en elle. Un vide. Ce qui la dérangeait le plus, c'était que ça se termine comme ça, et à cause de ça. Elle avait vu beaucoup de couples se séparer, et parfois dans les pires conditions. Et maintenant c'était à elle. Après tout elle était qu'humaine, bien que parfois elle arrivait à l'oublier.
Ce qui le faisait enrager, c'était que SaYoLe soit arrivé à ses fins. Elle le haissait, mais ne comprenait pas vraiment pourquoi, lui la haïssait. Dès les premiers jours de sa venue, dès les premiers jours de sa rencontre avec Griffon, il l'avait haïe. Elle ne savait pas pourquoi, et elle avait mis cela sur son origine de Nephis. Mais parfois elle en doutait. Il avait peut- être besoin de haïr quelqu'un pour vivre. Ou il avait peut- être un trouble psychologique grave, entrainant des moments d'incohérence.

Elle allait se servir un verre d'eau, quand elle vit un oiseau tourner autour du Palais. Tourner et encore tourner. Elle le reconnut. Le phoenix !

Kash aurait du lui interdire, l'enfermer. Son calme passé, disparut, et elle descendit vite les marches avant que l'oiseau se fasse embrocher par les gardes. Mais avant de partir, elle s'arrêta dans la salle à manger où il ne restait plus beaucoup de personnes. Sans cérémonie, elle l'ouvrit et se dirigea vers l'homme qui avait hoché la tête peu auparavent.

"Vous l'avez ?
- Oui, ma Reine."

L'homme émit un sourire, et donna une fiole, et une boite à Malenie. La reine émit un sourire en guise de remerciement, et elle partit de la salle. Elle s'arrêta prendre ses armes, et sortit dehors.

Elle ne trouva sans aucun mal où était SaYoLe. Et dès qu'elle vit qu'on tirait sur l'oiseau, elle intima l'ordre d'arrêter. C'est ce qu'ils firent.

Elle s'avança vers SaYoLe, et tint :

"Pourriez vous avoir l'amabilité de faire redescendre cette oiseau ?"

Elle se tut et regarda aux alentours, et ne vit point Griffon. Elle lui demanda d'une voix neutre.

"Où est Griffon ?"

Elle commençait doucement à s'inquieter, mais rien ne trahissait cette émotion. Elle était de marbre, complètement.

La légère fumée du tabac brulé se combinait avec celle recraché par le pirate dans un nuage difforme. Sa respiration était calme et faible, ses yeux fermés. Il voyait et ressentait comme se que percevait son Phoenix. Son tour ultime pour espionner ou rechercher. Le volatile était à une altitude imposante, mais son regard plus perçant que n’importe quel être humain lui permettait de voire au sol avec une étrange facilité. SaYoLe perdait patience.. Il n’arrivait pas à retrouver son compagnon. Et chaque minute passée ici était une chance de plus de voire son plan échouer… Il sortit soudain de son état, rappeler à la réalité par la voix de la reine.
Le Tavernier se redressa doucement et posa son regard sur les gardes en premier. Il devait une fière chandelle à Malénie. Il n’avait pas vu que les gardes allaient essayer de descendre son Phoenix. Il ne soupçonnait pas qu’avec la nuit et l’altitude, ils puissent le repérer. Il porta alors son regard vers la fiancée de Griffon avant d’émettre un sifflement singulier. Le volatile fit une embardé et descendit en piquer avant de se poser avec douceur sur son épaule gauche. Il était encore très petit. Planant plus qu’il ne voulait, il était clairement visible qu’il ne pouvait rien porter d’autre que son poids.
Le pirate arbora alors un sourire singulier et répondit en levant ses mains paumes en l’aire, comme s’il était étonné :

Non contente de vouloir enfermer Griffon, tu veux aussi empêcher un pauvre Phoenix de jouir de sa liberté ?

Il n’alla pas plus loin. Même s’il était tout prêt de remplir ses objectifs, la situation n’était pas vraiment à son avantage… Puis vint la question fatidique sur la situation de Griffon. Lui mentir ne servait à rien, elle devait avoir été informée qu’il avait forcé le passage.

En ville, partit chercher des provisions pour le voyage retour…

Malenie émit un vague sourire à la réponse de SaYoLe. En ville à 1 heure du matin ! Ca c'était une réponse !

Alors elle répondit d'un ton moqueur :

"Et vous, je suppose que vous réfléchissez comment rentrer à Aguératon. Parce le chemin à l'aller, n'est pas forcément le même qu'au retour."

Ses yeux devinrent étincellants.

"Vous me ferez signe quand vous aurez décidé de me dire la vérité. Ou que vous aurez retrouver Griffon."

Alors qu'extérieurement elle avait un regard moqueur, intérieurement elle s'inquiétait pour Griffon. Partir seul la nuit, sans connaitre le pays, était un pur délire.
Elle tourna le dos à SaYoLe, fit quelques pas, s'arrêta et le regarda.

"Au fait, ce n'est pas Griffon que je veux enfermer mais vous. Autrement pour votre oiseau, dites lui de voler à des altitudes plus basses, et qu'il arrête de tourner en rond, comme s'il avait perdu quelques choses."

Elle se retourna et commença à se diriger vers le Palais. Il fallait à tout prix qu'elle le retrouve.

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